Qualité du français écrit

C’est en écrivant qu’on apprend à écrire

Tribune libre

 


En 2019, 42 % des élèves de cinquième secondaire n’ont pas obtenu la note de passage à l’examen final de français écrit du ministère de l’Éducation. L’épreuve ministérielle d’écriture comprend cinq critères. Pour réussir au critère «orthographe d’usage et orthographe grammaticale», l’élève doit faire moins de 15 fautes dans un texte de 500 mots. Pendant l’examen, l’élève peut consulter un dictionnaire, une grammaire, un recueil de conjugaison et une feuille de notes personnelles.

Pléiade de nouveaux programmes

Vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de « nouveaux programmes » auxquels j’ai dû être confronté au cours de ma carrière de 32 ans dans l’enseignement du français au secondaire. Et, à chaque occasion, on changeait la désignation des termes linguistiques pour finalement ne rien changer au point de vue de la structure de la phrase. À titre d’exemple, la fonction « sujet » est devenue « groupe nominal » et le « complément », « groupe verbal », des modifications complètement insignifiantes [qui ne signifient rien]. En revanche, ces « nouveaux programmes » ne faisaient nullement mention des méthodes d’apprentissage de l’écriture, à savoir l’orthographe grammaticale et lexicale, comme si le gargarisme de mots allait pallier la carence des élèves en écriture.

Mon expérience personnelle

Lorsque j’étais enseignant au secondaire et que je rencontrais les parents de mes élèves à chaque début d’année, je leur disais que leurs enfants allaient revenir à la bonne vieille dictée traditionnelle au cours de l’année scolaire… Et vous auriez dû voir le sourire de satisfaction sur les visages des parents.

En ce qui a trait aux nouveaux programmes, je dois vous avouer que j’étais un professeur plutôt délinquant. J’ai toujours continué à enseigner le français selon les bonnes vieilles méthodes. À mes yeux, l’élève apprend à écrire en écrivant, c’est une vérité de La Palice. De ce fait, je n’hésitais pas à soumettre mes élèves à la dictée hebdomadaire qu’ils devaient corriger eux-mêmes à l’aide d’un dictionnaire et d’une grammaire. Parmi les méthodes d’apprentissage de l’écriture, se trouve la lecture. En effet, c’est en visualisant l’orthographe d’un mot qu’ils en viennent à le reproduire correctement quand vient le temps de le transposer sur papier. Aussi, les élèves devaient lire quatre romans au cours de l’année scolaire, lesquels devaient être résumés et remis au professeur. 

Assises régionales sur l’enseignement du français écrit au Québec  

Je suis convaincu que de nombreuses approches pédagogiques valables et pertinentes circulent dans les notes de cours de plusieurs enseignants de français au secondaire au Québec. Pour une raison ou pour une autre, ces petits « trésors » pédagogiques demeurent lettres mortes sur les bureaux des enseignants.

À mon avis, des assises régionales regroupant des enseignants de français d’une région devraient être convoquées dans le but d’échanger sur les différentes méthodes pédagogiques utilisées par les professeurs pour contribuer à améliorer la qualité du français écrit de leurs élèves. Enfin, des assises provinciales regrouperaient un représentant par région pour en arriver à une synthèse des démarches pédagogiques les plus pertinentes.

Qualité de l’écriture et culture québécoise

Un projet de réforme de la loi 101 est actuellement à l’étude en commissions parlementaires dans le but de protéger davantage notre langue contre les dangers de l’anglicisation galopante, notamment dans la grande région de Montréal.

Notre langue fait partie intégrante de la culture québécoise. En tant que société responsable, nous nous devons de susciter la qualité du français écrit auprès de nos jeunes. En cette période où les médias sociaux triturent l’orthographe des mots jusqu’à ne plus s’y retrouver, il est plus que temps de redonner à notre langue ses lettres de noblesse.


Henri Marineau, ex-enseignant de français au secondaire, Québec

 


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Henri Marineau2016 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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