Brexit, les Britanniques sortiront-ils de l'UE?

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Respecter le choix démocratique du peuple semble difficile, même au Royaume-Uni

«Brexit, ça veut dire Brexit», déclarait Theresa May lors de son arrivée au pouvoir à Londres. Il fallait respecter le vote des Britanniques pour une sortie de l’Union européenne. Mais quelle sortie?


Les deux dernières années se sont résumées à ce débat et la situation reste instable à quelques mois de la sortie officielle.


Au-delà des débats idéologiques, plusieurs économistes se sont questionnés sur les retombées économiques possibles du Brexit.


Les professeurs Iain Begg et Fabian Mushövel de la London School of Economics ont tenté de répondre aux diverses questions sur l’impact d’une sortie de l’UE.



  • Pour le PIB, les analyses vont d’une perte de 10% à un gain de 4%, en fonction des projections. Ces calculs concernent le PIB britannique de 2030 relativement aux prévisions sans Brexit.

  • À court terme, il peut y avoir un impact négatif sur les marchés financiers et la volatilité de la monnaie britannique.

  • Sur le plan de l’emploi, des pertes peuvent avoir lieu dans les secteurs fortement liés à l’Union européenne, mais d’autres secteurs pourraient profiter du Brexit et accroître leurs besoins de main-d’œuvre.

  • Les deux économistes affirment également que l’immigration européenne a eu des avantages, notamment sur les finances publiques. Mais il existerait aussi des inconvénients sur l’économie britannique, comme une pression sur les services publics et le logement.

  • Selon Begg et Mushövel, les véritables retombées du Brexit dépendront du modèle économique qui viendra remplacer les réglementations européennes.


La sortie effective devrait avoir lieu le 29 mars 2019. Entre-temps, des pourparlers ont lieu pour en déterminer les modalités.


Les négociations se sont concentrées sur plusieurs sujets: les droits des citoyens européens et britanniques, la frontière irlandaise, le coût de sortie et sur une période de transition qui irait jusqu’en mars 2020.


Après avoir adopté les grandes lignes de leurs discussions, les responsables britanniques et européens se sont attelés aux spécificités.


C’est là que la discorde a eu lieu.


Le 9 juillet, deux ministres phares pro-Brexit, Boris Johnson et David Davis, ont démissionné, accusant une position trop laxiste de Theresa May dans les négociations.


M. Johnson, l’ancien ministre des Affaires étrangères a même déclaré que le rêve du Brexit était «en train de mourir»


Ces démissions illustrent les divisions au sein même du gouvernement britannique et laissent peser la menace d’un «no-deal» Brexit, soit une rupture totale sans accord bien établi.


Theresa May, face aux dissensions, a déploré qu’en cas de désaccord, le Royaume-Uni risque de se retrouver «sans Brexit du tout».


UN NOUVEAU REFERENDUM?



AFP


Au milieu du tumulte et de l’incertitude, certains opportunistes, notamment l’ancien premier ministre Tony Blair, ont soumis l’idée d’un second référendum qui pourrait tout remettre en question.


Les pro-Brexit invoquent la démocratie et la volonté populaire qui seraient bafouées si la sortie de l’UE n’avait pas lieu.


«Tant que ce n’est pas, ce n’est pas fait», leur répond M. Blair.


De grands hommes d’affaires, comme le parton de Virgin Richard Branson, penchent dans le même sens, prêchant la restauration du Royaume-Uni en Europe.


Bien que Theresa May ait toujours exclu un retour aux urnes, la pression politique et économique, y compris dans son propre camp, pourrait l’y pousser.


Pourtant, le Brexit a ses raisons que les réseaux ignorent. Il semble peu probable qu’il soit annulé.


Au contraire, l’euroscepticisme est plus que jamais présent partout en Europe.


Les institutions de l’Union européenne, sa vision économique et les mesures qu’elle engendre sont de plus en plus contestées.


L’Italie est une illustration édifiante de ce phénomène. Pays fondateur de l’UE, elle a élu une alliance gouvernementale eurosceptique qui remet en question de nombreuses mesures de l’UE.


À commencer par le CETA, le traité de libre-échange avec le Canada.


POUR OU CONTRE LE BREXIT?


Les adeptes d’une sortie de l’Union européenne se basent sur les éléments suivants :


Récupération de la contribution du Royaume-Uni au budget européen, qui s’élève à 17,21 milliards de dollars US. 



  • Contrôle des frontières et diminution de l’immigration provenant de l’Union européenne afin de réserver les emplois aux Britanniques et de diminuer la pression sur les services publics.

  • Les relations économiques avec l’UE peuvent être préservées grâce à des traités de libre-échange et des accords bilatéraux.

  • Le Brexit permettrait aux Britanniques de s’orienter vers d’autres marchés émergents pour des partenariats commerciaux.

  • Retour à un Royaume-Uni souverain qui puisse décider pour lui-même de ses politiques intérieures.


Les européistes voient les choses autrement:


Pour eux, l’immigration européenne rapporte plus en impôts qu’elle ne coûte.



  • L’Union européenne étant le premier partenaire commercial du Royaume-Uni, le Brexit contribuerait à une baisse de croissance et des investissements directs étrangers provenant de l’UE.

  • Sortir de l’UE isolerait le Royaume-Uni et lui ferait perdre son influence à l’international.

  • Les Britanniques perdraient certains acquis en matière d’emploi puisque les lois sociales de l’UE ne s’appliqueraient plus.