Belgique: la RTBF soumise à enquête après un canular sur la sécession flamande

17. Actualité archives 2007



La RTBF, la chaîne de télévision publique belge de langue française, se retrouvait dans la tempête jeudi après la diffusion la veille au soir, à l'heure de grande écoute, d'un canular annonçant la sécession de la partie flamande de la Belgique.
En telle séparation aurait provoqué de facto la mort du royaume avec l'instauration de frontières entre la Wallonie et la Flandre.
Ce canular est venu souligner le fossé qui continue de se creuser entre les deux communautés après un calme relatif de 20 ans sur le front des querelles linguistiques.
"Une mauvaise plaisanterie de mauvais goût", a souligné Didier Seeuws, le porte-parole du Premier ministre Guy Verhofstadt, peu après la diffusion de cette émission. Il a fait valoir que "la mission du service public est d'informer correctement le public, et non pas de semer la confusion".
Mercredi soir, la RTBF a interrompu ses programmes pour annoncer que "le Parlement flamand a déclaré unilatéralement l'indépendance de la Flandre" et que le roi Albert et la reine Paola avaient fui le pays dans un avion de l'aviation belge.
Apparaissaient ensuite des images floues de personnes avançant vers un avion dans l'obscurité sur un aérodrome militaire près de Bruxelles ainsi qu'un petit groupe de manifestants monarchistes devant le palais royal agitant le drapeau belge.
Yves Thiran, le directeur de l'information de la RTBF, a défendu cette émission, estimant qu'elle montrait "l'importance d'un débat politique de la plus haute importante, le débat sur l'avenir de la Belgique".
Le gouvernement régional francophone, en charge de la moitié méridionale de la Belgique, a exigé l'ouverture d'une enquête sur cette annonce qui a interrompu l'émission initialement prévue à 20h22 (19h22 GMT). Fadila Lanaan, le ministre francophone pour les médias, a annoncé qu'elle allait convoquer la direction de la chaîne publique pour ce qu'elle a qualifié de programme "scandaleux". "Je les interrogerai également sur l'éthique des journalistes qui ont travaillé sur cette émission", a-t-elle dit.
Elio di Rupo, le chef du parti socialiste francophone, a réagi en jugeant que ce "coup d'Etat" soulevait le problème de l'avenir de la monarchie belge, considérée comme le ciment de l'unité de ce pays qui compte six millions de Flamands et 4,5 millions de Wallons.
Le thème de l'indépendance n'est pas considéré comme crucial pour la majorité des Flamands. Mais cette question est devenue le fonds de commerce du parti de l'Intérêt Flamand, une formation d'extrême droite opposée au multiculturalisme et qui considère la Wallonie comme un parasite profitant du système.
"La Flandre a un PNB près de 25% supérieur à celui de la Wallonie. Les Flamands veulent combattre les abus et la fraude à l'assurance sociale, mais les Wallons refusent d'en faire autant", accuse Frank Vanhecke, le leader de l'Intérêt Flamand, sur le site Internet de l'organisation sécessionniste République Flamande.
AP


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