Beauchamp et Tomassi sous la loupe de la Commission

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Le cauchemar du PLQ ne fait que commencer

Deux anciens ministres libéraux, Line Beauchamp et Tony Tomassi, se retrouvent sous la loupe de la commission Charbonneau. Les deux ont participé à des rencontres dans un club privé de Montréal avec des représentants de firmes de génie et des entrepreneurs en construction, a appris La Presse mardi soir, au terme d'une journée marquée par des échanges acrimonieux entre l'avocat du Parti libéral du Québec et la commissaire France Charbonneau.
La Commission s'est récemment intéressée au club privé 357c, où des entrepreneurs, ingénieurs, élus et fonctionnaires municipaux ont tenu depuis 2005 de nombreuses rencontres à l'abri des regards. Le 26 octobre dernier, cinq enquêteurs ont inspecté le chic établissement du Vieux-Montréal et mis la main sur la liste des visiteurs.
Hier, la Commission a commencé à énumérer les noms de ceux qui ont participé à ces rencontres, sans dévoiler la nature des discussions qui y ont été tenues. Seule la première des 10 pages de la liste des rencontres a été dévoilée, toutefois, afin de permettre au Parti libéral du Québec d'informer deux de ses membres dont les noms allaient être mentionnés à la Commission.
L'avocat du PLQ, Michel Décary, avait auparavant demandé que les noms des deux personnes liées au parti soit frappés d'un interdit de publication - une position qui avait fait sortir de ses gonds la commissaire Charbonneau. Les parties ont convenu que les noms des protagonistes pourraient être révélés à compter d'aujourd'hui.
En début de témoignage, le procureur en chef adjoint, Me Denis Gallant, a précisé que les activités au 357c touchaient le financement des partis politiques. «Vous avez entendu depuis le début de l'automne des témoins parler des liens entre entrepreneurs en construction, firmes de génie-conseil et financement des partis politiques, et c'est en lien.»
Nos sources indiquent que les deux libéraux visés sont Line Beauchamp et Tony Tomassi, qui ont participé à des rencontres séparées. Mme Beauchamp, qui a été tour à tour ministre de la Culture, de l'Environnement puis de l'Éducation, était notamment accompagnée de Pierre Bibeau, important organisateur libéral à l'époque.
L'ex-ministre, qui a quitté la politique en mai dernier, se joindra à l'organisation du 375e anniversaire de la métropole, en 2017, a par ailleurs appris La Presse. L'ancienne ministre agira à titre de consultante pour la Ville dans ce projet.
Également invité au 357c, Tony Tomassi a pour sa part été ministre de la Famille de décembre 2008 à mai 2010. Il a perdu son ministère après des révélations concernant son utilisation d'une carte de crédit offerte par la firme de sécurité BCIA. Il a d'ailleurs été accusé en octobre 2011 de fraude dans cette affaire. Il a finalement démissionné de son poste de député en mai dernier.
Les acteurs du Faubourg Contrecoeur
La liste des visiteurs du 357c permet également de constater que les principaux acteurs du scandale du Faubourg Contrecoeur ont tenu plusieurs rencontres privées tout juste avant l'attribution du controversé contrat, en 2007.
Des terrains appartenant à la Ville de Montréal, d'une superficie comparable à celle du parc La Fontaine, avaient été vendus à Construction F. Catania aux fins de construction résidentielle. Une fois les coûts de décontamination déduits, l'entreprise a versé 4,3 millions pour obtenir les terrains du Faubourg Contrecoeur, dont la valeur avait été estimée entre 23,5 et 25 millions.
Les rencontres énumérées par l'enquêteur Érick Roy hier après-midi démontrent les liens entre plusieurs hauts responsables à la Ville et Paolo Catania, l'entrepreneur qui a acheté les terrains pour une fraction de leur valeur.
En fait, selon cette liste, sept des neuf personnes arrêtées en mai par l'escouade Marteau relativement au scandale du Faubourg Contrecoeur se sont rendues au club privé de la rue de la Commune.
L'ancien président du comité exécutif de Montréal Frank Zampino a ainsi été invité au 357c à deux reprises par Paolo Catania, en mai et en octobre 2006. Ces deux rencontres coïncident avec d'importantes décisions prises par l'administration Tremblay dans la planification du projet du Faubourg Contrecoeur.
À la fin du mois d'avril 2006, le comité exécutif a confié à une firme d'urbanistes-conseils le mandat de préparer le projet. Puis, en octobre 2006, les élus montréalais ont autorisé la Société d'habitation et de développement de Montréal (SHDM) à procéder à un appel d'offres pour sélectionner le promoteur du projet - démarche remportée par Construction F. Catania.
Une autre rencontre s'est déroulée pendant une phase critique de l'attribution du contrat du Faubourg Contrecoeur. Le 24 novembre 2006, Paolo Catania a invité au 357c Daniel Gauthier, alors membre du comité de sélection pour le projet. Le responsable du financement d'Union Montréal, Bernard Trépanier, ainsi que deux autres personnes de Construction F. Catania, André Fortin et Pasquale Fedele, étaient également présents.
Le mois suivant cette rencontre, le comité de sélection du projet a remis son rapport d'analyse sur l'appel d'offres. Le choix du promoteur Paolo Catania a été confirmé le 21 mars suivant par la SHDM.
Lui aussi arrêté par l'escouade Marteau dans le cadre de son enquête sur le Faubourg Contrecoeur, l'ancien directeur général de la SHDM, Martial Fillion, a été invité au 357c en avril 2005 par l'ingénieur Bernard Poulin, du Groupe SM. Avant d'être nommé en octobre 2002 à la barre du bras immobilier de Montréal, Fillion a été le tout premier chef de cabinet de l'ancien maire Gérald Tremblay.
Aussi vus au 357c
Les invités du 357c ne se limitaient pas aux acteurs du contrat du Faubourg Contrecoeur. Au moins un autre élu montréalais a été invité au 357c par Paolo Catania: l'ancien maire de l'arrondissement d'Outremont Stéphane Harbour s'y est rendu en novembre 2006. Celui-ci a démissionné en 2008 à la suite d'irrégularités dans son administration.
Deux fonctionnaires montréalais ont aussi été invités au club privé, soit l'ancien directeur des travaux publics Robert Marcil et l'ingénieur à la retraite Luc Leclerc.


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