...au fil du temps...

Tribune libre

Quand j'embarque dans mon canot et qu'à travers les bois, je le fais glisser doucement sur l'eau, mon regard se confond avec celui de mes ancêtres. Quand, dans la brise fraîche du matin, je porte au loin mes yeux, ce sont les mêmes trembles et bouleaux qui se dressent, presqu'immortels, comme des statues à la la fois immobiles et vivantes puisque vibrantes par leurs bras aux milles feuilles ballotantes au rythme du vent changeant, bien ceinturés par ces milliers d'épinettes et ces quelques sapins qui défilent en dégradé le long des montagnes, les mêmes qui, jadis, s'offraient à la vue de mon père, du père de mon père, ...et ainsi de suite jusqu'à l'ancêtre qui, le premier de notre lignée, a foulé le sol du pays.
Quand j'embarque dans mon canot, mon âme rejoint celle de mon père et celle du père de mon père, ...et ainsi de suite jusqu'à l'ancêtre qui, le premier de notre lignée, a foulé le sol du pays. À l'effort, mon coeur a les mêmes battements, mon corps les mêmes douleurs que les leurs. À la vue qui s'offre à moi, je ressens le même émerveillement, ...le même apaisement que le leur. Quand je respire, c'est la même haleine des bois, que j'avale et qui prend alors possession de tout mon être.
Quand j'embarque dans mon canot, je redeviens mon père, le père de mon père, ...et ainsi de suite jusqu'à l'ancêtre qui, le premier de notre lignée, a foulé le sol du pays.
Quand donc notre peuple consentira-t-il à embarquer dans le canot de nos pères?!
Quand donc redeviendrons nous nous-mêmes?!


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4 commentaires

  • Marie-Hélène Morot-Sir Répondre

    14 septembre 2009

    Merveilleux texte, Monsieur Boivin, d'une poésie tellement émouvante.. Nous avons envie de vous voir tous, vous les Québécois, repartir sur vos canots remettant vos pas dans ceux de vos pères, ceux-là même qui sont arrivés les premiers sur ce sol de votre magnifique pays..Monsieur Haché a écrit: " ils étaient le pays, maintenant le pays c'est nous"
    Oui, c'est VOUS maintenant, et tout repose sur vos épaules !

  • Claude G. Thompson Répondre

    14 septembre 2009

    Mes ancêtres irlandais (Johnson), écossais (Thompson) se sont installés dans la Province de Québec et se sont faits canadiens-français « avec enthousiasme », comme mon père l’a toujours affirmé. Gens de grande culture, ils ont intégré la culture d’ici sans pour autant renier la leur. Indépendantiste de la première heure, mon père, d’ancien Canadien français, s’est senti devenir Québécois.
    Mes ancêtres normands (Godin, Levasseur, Aubri…) ont habité ce pays de longue date et y ont laissé leur marque. Ma mère, francophone de souche, femme de grande culture, a travaillé la plus grande partie de sa vie en anglais sans jamais pour autant se sentir menacée dans sa langue parce que n’ayant jamais perdu conscience de ses racines.
    Quat à moi, n’ayant jamais connu d’autre engagement politique que celui qui nous conduira à la naissance du pays, je serai fidèle à mes ancêtres et rendrai témoignage de ce que mon père m’a légué en me faisant comprendre et sentir que seul l’indépendance du Québec, pays francophone, peut assurer la survie de ce pourquoi nous nous y établîmes il y a presque deux siècles.
    Claude G. Thompson

  • Marcel Haché Répondre

    14 septembre 2009

    Mon grand père paternel a fait sa vie sur une petite terre du nord du Nouveau Brunswick. Subsistance la plus simple.
    Survivance.
    Mon grand père maternel a fait partie du presque million de canadien-français exilés en Nouvelle- Angleterre. Il en est revenu sans son besson.
    Survivance.
    C’est par fidélité que je suis devenu séparatiste.
    Mes deux grands pères n’ont jamais été séparatistes. Mais je n’ai aucun doute qu’ils furent fidèles à leurs grands pères respectifs, et ainsi de suite jusqu’aux premiers arrivés au pays. Ils étaient le pays.
    Le pays, c’est Nous.
    C’est pour cette raison que le temps presse.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2009

    Quand le PATRIOTISME et la DIGNITÉ vaincront le RÉDUCTIONNIME dans lequel est soumise la NATION CANADIENNE-FRANÇAISE, un RÉDUCTIONNISME qui, en raison de la dynamique perverse qu'enferme cette dissolution sociale provoquée par l’action du phénomène ethnopolitique exogène, fera que cette NATION se trouvera dans quelques années APATRIDE dans son propre territoire, comme tant d’autres dans le monde.
    JLP