Arthur Porter invite Stephen Harper à lui rendre visite en prison au Panama

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Arthur Porter préfère la prison au Panama plutôt qu'un procès à Montréal

Durant son séjour au Panama pour le Sommet des Amériques, vendredi et samedi, le premier ministre Stephen Harper se rapprochera d’un homme qu’il aimerait bien oublier : Arthur Porter, qui est emprisonné dans ce pays depuis deux ans à la suite d’accusations de fraude.

En entrevue avec La Presse canadienne, M. Porter a même invité le premier ministre à lui rendre visite dans sa cellule de la prison Latoya.

Celui qui avait été nommé membre du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité par M. Harper a indiqué que le premier ministre serait le bienvenu dans sa cellule pour qu’il soit témoin de ses conditions de détention.

M. Porter dit affronter chaque jour plusieurs épreuves, dont la difficulté de trouver de la nourriture et de l’eau, a-t-il affirmé pendant la conversation téléphonique, qui était entrecoupée par les cris des autres détenus.

L’ancien directeur du Centre universitaire de santé McGill est emprisonné depuis mai 2013 dans ce pays d’Amérique centrale alors qu’il conteste un avis d’extradition au Canada, où il ferait face à des accusations de fraude concernant la construction du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

Une chute abrupte pour celui qui avait gagné la confiance de nombreux politiciens, dont Stephen Harper.

Le premier ministre canadien a d’ailleurs été critiqué pour cette nomination, tout comme celles des sénateurs maintenant suspendus, Mike Duffy, Patrick Brazeau et Pamela Wallin.

M. Harper avait nommé M. Porter au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité en 2008, qui supervise les opérations du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS). En tant que membre du CSARS, M. Porter a aussi été assermenté au Conseil privé de la reine, dont il fait toujours partie.

Deux ans plus tard, le médecin avait été promu au poste de président du CSARS. Il avait été forcé de quitter son poste en décembre 2011 lorsque des médias avaient révélé que son entreprise avait des liens présumés avec un trafiquant d’armes.

Après avoir déménagé aux Bahamas, il avait finalement été arrêté avec sa femme Pamela lors d’une escale au Panama. Cette dernière a finalement été extradée au Canada.

Toujours au Panama

Depuis son arrestation, M. Porter martèle qu’il n’a eu aucun contact avec les autorités canadiennes et qu’il n’a pas comparu en cour au Panama.

M. Porter préfère toutefois rester dans ce pays au lieu de retourner au Canada, où il ne fait plus confiance aux autorités. « Je ne suis pas dans une situation équitable au Canada et je ne souhaite pas être puni [alors que] je ne suis pas coupable », a-t-il indiqué.

Avant son arrestation, M. Porter disait être atteint d’un cancer du poumon en phase terminale, lui laissant trois mois à vivre. Aujourd’hui, il affirme avoir réussi à entrer en rémission à l’aide de traitements. Mais son ami le médecin Karol Sikora l’aurait informé que la maladie serait revenue et qu’il lui resterait de six semaines à six mois à vivre.

« Je suis encore un grand optimiste […] Évidemment, étant oncologiste, je connais mes chances », a-t-il ajouté.

Le docteur Sikora, qui avait fondé une clinique de cancer avec M. Porter aux Bahamas, dit avoir posé son diagnostic à partir de courriels du principal intéressé. Il ne l’a pas examiné en personne.

Message à Harper

Le médecin d’origine britannique a d’ailleurs fait parvenir un message au premier ministre Harper pour l’inciter à communiquer avec les autorités panaméennes.

« C’est incroyable que ce genre de violation des droits de la personne — pour tous les prisonniers, pas seulement Arthur [Porter] — puisse survenir aujourd’hui dans un pays civilisé », avait-il écrit dans un courriel, qu’il a envoyé aussi à La Presse canadienne.

Le docteur Sikora a aussi transmis au premier ministre le dossier médical de M. Porter, qui aurait grand besoin de traitements, selon lui.

M. Porter croit que sa cause pourrait être aidée par un récent rapport du commissaire spécial des Nations unies sur la torture, qui conclut que les droits du médecin pourraient avoir été violés par son emprisonnement dans des conditions « dégradantes ».

« Je suis ici à la demande du Canada, pas à celle du Panama », a lancé M. Porter.

Un porte-parole du ministère des Affaires étrangères a assuré que M. Porter avait reçu des services consulaires et que le gouvernement pourrait lui fournir de l’aide supplémentaire si nécessaire.


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