Amir Khadir et Gandhi
On a beaucoup écrit sur les prises de position d’Amir Khadir concernant ses références à Gandhi et Luther King. On n’a pas manqué, du côté des libéraux et des grands réseaux d’information de lui faire dire ce qu’il n’avait jamais dit.
Il faut être ou mal renseigné, ou démagogue, ou ennemi politique de M. Kadhir, ou devoir répondre à tout reste à une ligne éditoriale, ou être carrément sourd, aveugle et illettré pour prétendre qu’il s’est comparé à ces grands héros de la libération des peuples ou qu’il se soit mis sur le même pied que ces derniers.
En réalité, il a, comme tous ceux qui ont bien lu ou écouté ses propos, simplement suivi leur exemple et payé de sa personne comme nous sommes en droit de nous y attendre de la part de tout individu qui prétend parler au nom du peuple et de la nation qu’il représente.
À preuve, je vous offre ce court florilège de pensées tirées des écrits et réflexions du Mahatma Gandhi; personnage dont j’ai étudié la vie et l’œuvre très en profondeur et pour lequel j’ai une admiration toute particulière.
Dans ses écrits politiques sur l’éthique de la non-violence, il nous donne ces précieux enseignements; enseignements qui n’ont jamais été aussi actuels et qui s’appliquent de façon étonnamment adéquate aux manifestations estudiantines des derniers mois tout autant qu’aux gestes de M. Kadhir ou de tous ceux qui sont descendus dans la rue et qui continueront de le faire, et que notre premier ministre tente jour après jour de disqualifier sur un ton méprisant en y associant la cheffe de l’opposition lorsqu’il affirme : “ Madame Marois, c’est la rue ”:
* La non-coopération fait partie de ma doctrine de non-violence. Mais, pour moi, elle est un prélude à la coopération. Ma non-coopération se définit par rapport aux systèmes et aux méthodes; certainement pas par rapport aux hommes.
* Derrière la non-coopération, entendue à ma façon, il y a toujours le désir de coopérer à la moindre occasion, y compris avec les pires adversaires.
* La désobéissance civile est un droit inaliénable du citoyen. Il ne saurait y renoncer sans être atteint dans la dignité d’homme.
* Contrairement à la désobéissance criminelle, que l’État se doit de réprimer par la force à moins de périr, la désobéissance civile ne mène jamais à l’anarchie. Réprimer celle-ci, c’est vouloir emprisonner la conscience.
* Un militant de la résistance civile se met délibérément hors la loi en affirmant qu’il ne respectera plus aucune loi immorale promulguée par l’État. Il ignore l’autorité de l’État en refusant, par exemple, de payer l’impôt; ou en enfreignant les lois qui régissent la liberté de circulation dans les espaces publics – pour parler aux soldats (policiers?) dans une caserne (un c.e.g.e.p.- une université…?) – ou privé – pour installer un piquet de grève. Mais dans tous ces actes, il n’emploie jamais la force et ne résiste jamais à la force employée contre lui.
* La désobéissance civile est la forme la plus pure d’agitation constitutionnelle. Il va sans dire qu’elle devient dégradante et méprisable si son caractère civil, c’est-à-dire non-violent, se révèle être un simple camouflage, plutôt qu’une position de principe.
* Pour être authentiquement civile, la désobéissance doit être sincère et respectueuse. Elle ne doit pas être arrogante et doit se maîtriser sur la base d’un principe bien compris. Elle ne doit pas être capricieuse et, surtout, ne doit cacher ni rancune ni haine.
* La résistance civile est la forme de résistance qui exige le moins grand nombre de soldats. Car un seul résistant, à condition d’être parfaitement civil, suffit à gagner la bataille du bien contre le mal.
L’actuel gouvernement à perdu sa légitimité et rien ne le sauvera de ses turpitudes. Il s’est pendu avec sa propre corde et devra céder sa place à plus compétent.
Nous, les gens du peuple, les représentants de divers partis politiques, de diverses institutions civiles, artistiques et juridiques qui formons la nation avons assisté à l’impeccable tenue des représentants des associations étudiantes tout au long de leurs négociations avec les représentants du gouvernement de M. Charest et pouvons être fiers, solidaires et supporteurs de leurs justes revendications.
Qu’il s’agisse de M. Kadhir, des représentants étudiants ou de tous ceux et celles qui ont fait et qui continueront de faire front commun face au mensonge, à la manipulation et aux tentatives de diversions des ennemis de la justice, du respect des principes de base de la démocratie et du droit à la contestation, nous pouvons d’ore et déjà affirmer qu’ils oeuvrent pour l’avenir de notre nation. Leur espérance inébranlable constitue leur force et jamais ne sera-t-elle mêlée de doute, ce qui serait lâcheté, ni de crainte, ce qui serait faiblesse.
Voilà comment nous sommes à faire le pays.
Claude G. Thompson