Affaire Snowden - Le Guardian s’explique sur la destruction de documents secrets

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Derrière la décision britannique, la main lourde des États-Unis

Le quotidien The Guardian a détruit des informations fournies par l’ancien consultant de la NSA Edward Snowden pour protéger ce dernier et continuer à publier des articles sur les programmes de surveillance ultrasecrets américains.

C’est l’explication qu’a donnée le rédacteur en chef du journal, Alan Rusbridger, dans une vidéo mise en ligne mardi, au lendemain de la publication d’un éditorial dévoilant que le gouvernement britannique lui avait fait cette demande.

Le quotidien était menacé de poursuites en justice s’il ne coopérait pas avec les services secrets, a expliqué M. Rusbridger. « Je ne voulais pas être dans cette position. Une fois qu’il fut évident qu’ils utiliseraient la loi, j’ai préféré détruire notre copie du document plutôt que de la leur donner ou de permettre à la justice d’empêcher la publication de nos reportages », a-t-il dit.

Ces informations auraient pu être utilisées contre Edward Snowden devant un juge, indique aussi le rédacteur en chef.

Cette destruction d’informations n’a toutefois pas atteint sa cible. Le rédacteur en chef avait avisé les représentants du gouvernement que son quotidien détenait des copies de ces informations ailleurs dans le monde. Malgré son avertissement, les services secrets britanniques ont insisté pour que le matériel leur soit rendu ou détruit. Dans les circonstances, la meilleure solution était de détruire les documents à Londres et de poursuivre le travail à partir du Brésil ou des États-Unis, a précisé Alan Rusbridger.

Pour lui, la destruction forcée de ces données montre « le peu de compréhension du gouvernement de l’ère numérique ».

M. Rusbridger a aussi donné plus de détails sur les moyens pris pour faire disparaître les informations secrètes. Le 20 juillet, un cadre et un expert en informatique du Guardian ont utilisé une petite scie circulaire (meuleuse angulaire) et d’autres outils pour détruire les disques durs et les puces électroniques sur lesquelles était stockée l’information.

L’opération était supervisée par des techniciens du service de renseignements du gouvernement britannique, qui prenaient des notes et des photos. Malgré cette intervention, le quotidien dévoilait de nouvelles informations exclusives sur l’agence américaine de sécurité (NSA) douze jours plus tard.

Poursuite contre le gouvernement britannique

Il n’y a pas que le quotidien The Guardian qui fasse l’objet de pressions. Le compagnon d’un journaliste à l’origine de la publication de documents secrets obtenus par Edward Snowden a engagé mardi une action en justice contre sa détention par la police britannique, qui lui a confisqué, selon ses avocats, du « matériel journalistique sensible ».

Le gouvernement britannique a de son côté admis avoir été tenu informé de l’arrestation de David Miranda dimanche à l’aéroport londonien d’Heathrow, mais a démenti toute intervention politique.

David Miranda, compagnon et assistant du journaliste Glenn Greenwald, a été retenu pendant neuf heures en vertu de la législation antiterroriste britannique. Cette loi datant de 2000 permet aux forces de l’ordre agissant dans les ports, les aéroports et les gares internationaux de détenir un suspect pour l’interroger et procéder à des fouilles, afin de déterminer s’il est lié à des « actes de terrorisme ».

Le Brésilien âgé de 28 ans a affirmé que la police avait saisi son ordinateur, ses cartes mémoire et ses jeux vidéo. « David Miranda engage des poursuites civiles au sujet du matériel » qui lui a été confisqué au moment de son interrogatoire et « au sujet de la façon dont il a été traité », a déclaré à la BBC le rédacteur en chef Alan Rusbridger. « Il veut récupérer ce matériel et il ne veut pas qu’il soit copié », a-t-il ajouté.

C’est au lendemain de l’arrestation de David Miranda que The Guardian a dévoilé avoir été forcé de détruire des documents sur l’affaire Snowden.

Lundi, la Maison-Blanche avait reconnu avoir été mise au courant de l’intention des Britanniques d’interroger David Miranda, tout en niant avoir demandé cette détention.

Le jeune homme, qui n’est pas un journaliste du Guardian, mais assiste son compagnon dans son travail, a été arrêté pendant qu’il était en transit entre Berlin et Rio, où il habite. Il venait de passer une semaine en Allemagne, où il était logé chez la documentariste américaine Laura Poitras, qu’Edward Snowden avait choisie, avec Glenn Greenwald, pour faire ses révélations.

Inculpé d’espionnage par les États-Unis, l’Américain Edward Snowden s’est réfugié en Russie, où le gouvernement lui a octroyé un asile provisoire.


Avec l’Agence France-Presse et l’Associated Press


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