La question nationale n'est toujours pas réglée
30 avril 2008
Monsieur Frappier,
C’est vrai que voilà un beau discours! Et il n’a pas pris de vieux depuis sa conception en 2002. Sauf, peut-être, pour ce qui est de la notion de TEMPS…
Comme un cours magistral, la théorie s’emboîte en toute logique, d’un chapître à l’autre, dans un puissant crescendo de discours politique où les partisans doivent éclater en applaudissements au moment du climax final. C’est ce qui fait que cette rhétorique est structurée en faisant abstraction de la plate politique quotidienne : les manœuvres de canadianisation accélérées qui ont cours actuellement au Québec : Le vocabulaire radiocanadien : province, francoquébécois, équipes sportives canadiennes, faire la job c’est benl’fun! Langue française sous scolarisée, archaïsée et surtout envahie par l’anglais dans le commerce, les communications officielles et enfin, noyée dans l’allophonie sous des apparences de projets timides de francisation plus que sournois…
Je tique fort sur la phrase : « Plutôt que tenter de relancer la mobilisation autour d’une crise de la langue, en promettant une nouvelle loi 101, le parti de Pauline Marois serait bien avisé de reconsidérer sa décision de repousser aux calendes grecques le règlement de la question nationale. » …heu…ça, c’est pas le bout le plus honnête, à mon avis… Que vous soyez d’opinion qu’elle a repoussé aux calendes grecques (à jamais) le référendum, c’est discutable mais la question nationale, nous pourrions lui accorder de vouloir chercher des éléments de solution par ses projets de loi sur l’Identité, la Constitution et la résurrection de la loi 101. De plus, vous écartez bien vite la question de la langue… Car la canadianisation en marche vise justement ça, l’abolition du français au Québec. Leur rêve : One country, one language! Et ça peut aller vite! Ils travaillent fort! C’est la Louisianisation : Culture sans la langue. Ceux qui se sont amusés à chercher des francophones dans les diverses paroisses de Louisiane, savent que ça fait pitché…
Voilà pourquoi j’insiste sur le TEMPS, que vous dites jouer en faveur du nouveau parti mal parti. Aura-t-il vraiment le temps de démocratiser ses structures comme vous le souhaitez? Le temps de recruter des acteurs aguerris? Le temps de se présenter au grand public et de le convaincre de l’urgence du pays? Un peuple plutôt indolent, ces années-ci… Par ailleurs, pour la dernière chance que vous consentiriez au PQ, auront-ils le temps d’édifier autour de la chef une brigade de techniciens résolus, au charisme efficace à persuader le peuple de la nécessité de l’action (pas seulement les militants) vers ce projet de mobilisation clair et net que l’élection référendaire?
Or, vu l’URGENCE, qu’est-ce qui peut à coup sûr mobiliser la nation québécoise? Aiguillonner le plus sûrement les descendants de Nouvelle-France?
C’est de les mettre en face de la réelle menace qui fond sur la langue française au Québec! Révéler sans fard l’image de la situation et leur offrir la possibilité de défendre collectivement leurs droits fondamentaux en affrontant les attaques qui viendront immanquablement des unilingues anglos de Montréal (c’est déjà commencé) quand une Première Ministre indépendantiste(ne vous en déplaise : l’appétit vient en mangeant) proclamera nos normes restaurées d’application du français chez NOUS. Qui sait, cette nouvelle énergie pourrait même insuffler au peuple le goût de gagner MASSIVEMENT un référendum sur l’INDÉPENDANCE DU QUÉBEC, sans astuce? Et ainsi, battre Stéphane Dion sur son propre terrain…