Quand s’installe le mépris…
17 mars 2008
Vos propos sont très intéressants et fort justes.
Concernant ce que vous dites d'Amherst, j'aimerais y apporter les précisions suivantes: À l'époque, Pontiac, ce grand chef Outaouais, qui avait été l'allié des français, son nom lui ayant d'ailleurs été donné par un officier français, et qui était très critique face aux nouvelles façons de faire des Anglais, qui avaient remplacé les Français dans la vallé de la rivière Ohio, manières à lesquelles ils ne pouvaient s'accommoder, avait réussi, entre 1761 et 1763, à rassembler une troupe de 56,000 guerriers parmis les diverses nations indiennes et de quelques français de la région (la plupart de ceux-ci ayant en effet refusé son invitation à combattre à ses côtés les Anglais). Au printemps de l'année 1763, en quelques semaines, les prenant par surprise, il réussit à s'emparer de 8 ou 9 forts anglais et à encercler et à maintenir dans un blocus deux autres forts, savoir les fort Détroit et Pitt(l'ancien fort Duquesne, que les Français, à l'époque, en 1758, avaient incendié avant de l'abandonner, faute de vivres et de munitions, et que les Anglais allaient renommer ainsi en l'honneur de William Pitt, ministre britannique de la guerre, qui était responsable de leurs succès militaires sur les Français en Amérique du Nord conséquemment aux mesures vigoureuses qu'il avait prises à ce propos à compter de 1757). Complètement estomaqués et abasourdis par ces attaques surprises et leur ampleur et celle des troupes indiennes les soutenant, les Anglais et leurs chefs militaires furent pris de panique et c'est dans ce contexte qu'Amherst tint les propos que vous avez rapportés dans un échange de lettres en juillet 1763 avec ce mercenaire suisse à sa solde, le commandant Henri Bouquet. Il semblerait que dans une lettre au capitaine Siméon Ecuyer, en charge du fort Pitt, un autre mercenaire suisse à sa solde, qui était d'ailleurs sous le commandement de son bon ami Henri bouquet, Amherst aurait tenu une incitation semblable (cf: Atlas de l'Indien Nord-Américain de Karl Wadman, N.Y. 1985, page 108:" (traduction)..le capitaine Simeon Ecuyer avait acheté du temps en faisant transmettre des couvertures et des mouchoirs infestés de la variole aux indiens qui encerclaient le fort. Amherst lui-même avait encouragé cette tactique dans une lettre à Ecuyer." Il faut préciser ici que peu avant l'attaque, l'encerclement et le blocus du fort Pitt par les indiens au printemps 1763, ceux-ci y avaient envoyé deux des leurs comme émissaires pour y négocier la remise sans combat de celui-ci par les Anglais aux Indiens, ce que refusa le capitaine Simeon Ecuyer ,lequel pris néammoins le soin de leur faire remettre, à leur départ, à titre de présents, deux couvertures et un mouchoir qu'ils avaient préalablement soutirés de l'hôpital de fortune qu'ils avaient érigés dans le fort pour y soigner les victimes de la petite vérole qui y sévissait alors. C'éait le 24 mai 1763 et les deux émissaires indiens étaient deux chefs indiens, l'un grand guerrier du nom de "Coeur de tortue" et l'autre du nom de "Mamaltee", deux indiens de la nation Delaware, qu'on désignait aussi parfois sous le nom de "Lenni Lenape" comme ils aimaient eu-mêmes à se désigner et qui voulaient dire peuple original, premier peuple ( les Delaware étaient aussi diviser en 3 clans : les loups, les dindes et les tortues et selon l'appartenance à leur clan, ils pouvaient aussi être désignés comme étant soit "les Loups","les Dindes" ou encore "les Tortues") (Ils avaient une vénération pour la tortue, car ils croyaient que le monde était né sur le dos d'une tortue).
Ce récit des couverures et du mouchoir infestés par la petite vérole remis par Simeon Ecuyer aux émissaires indiens avant l'attaque du fort Pitt a été fait dans le journal de William Trent rédigé lors du siège de ce fort par les indiens de Pontiac en 1763, lequel a été publié ultérieurement. Ce William Trent s'était vu confier la tâche d'organiser et de diriger en milice les habitants de Pittsburg, lesquels s'étaient tous réfugiés dans le fort à l'approche des indiens."
Il faut aussi dire qu'en juin, le capitaine Simeon Ecuyer, dans une lettre à son commandant et ami Henri Bouquet, l'avait avisé qu'une épidémie de petite vérole s'était déclarée à Fort Pitt.
En terminant, je me permets de signaler plus amplement l'échange de lettres intervenues entre Amherst et Henri Bouquet dans la foulée de la rébellion indienne et des attaques surprises multiples et massives qu'elle déclencha au printemps de 1763 dans la vallée de la rivière Ohio, lettres de juillet 1763, qui sont ainsi résumées sur le site inernet du Collège Marianopolis:-"Ne pourrions-nous pas tenter de répandre la petite vérole parmis les tribus indiennes qui sont rebelles? Il faut en cette occasion user de tous les moyens pour les réduire(Amherst)" -" Je vais essayer, répond le Colonel, de la répandre, grâce à des couvertures, que nous trouverons moyen de leur faire parvenir.(Bouquet)" -"Vous feriez bien de la répandre ainsi, dit le général. et d'user de tous les autres procédés capables d'exterminer cette race abominable.(Amherst)"