Pourquoi le Parti québécois n'a pas à présenter d'excuses
21 décembre 2016
A mon avis, le côté juridique est totalement accessoire, voire insignifiant dans ce débat. Même si elle s’est transformée (à tort) en instance judiciaire, l’Assemblée nationale est une instance essentiellement politique, et c’est l’ensemble de l’œuvre de Michaud que Bouchard et Charest condamnaient, la déclaration devant la commission Larose, à l’évidence, est un prétexte.
C’est le monde à l’envers! Au Parti québécois, ce sont les instances et surtout les congrès qui engagent le parti, l’exécutif s’arrange pour les réaliser. L’aile parlementaire agit ou devrait agir selon les résolutions du Parti et son programme. Elle peut bien entendu agir d’autorité, mais elle ne peut alors engager le parti. Dans le cas Michaud, Lucien Bouchard et l'aile parlementaire ont posé une action qui a été condamnée par le Conseil national du Parti québécois par un vote de 400 à 2, en février 2001, deux mois après la résolution du 14 décembre 2000.
Dans une dictature à parti unique, c’est le chef, le guide, le conducteur (c’est le sens de Fuhrer en français) qui dit aux membres quoi faire et qui s’occupe des dissidents. Ce n’est pas comme ça que ça marche dans une institution démocratique. A moins de fonctionner comme le parti nazi ou comme le parti communiste de Staline. Ce n'est pas ainsi que fonctionne le Parti québécois qui est une institution démocratique.
Le fait que les droits de Michaud aient été violés n’implique pas d’obligations de nature juridique au Parti Québécois ni à son chef actuel, pas plus qu’au Parti libéral d'ailleurs.
On peut se demander pourquoi on a ramené ce débat sur la scène. C'est sans aucun doute pour aider Lisée à vaincre les libéraux… Comme quoi des études en droit et la pratique du droit peuvent conduire à voir du juridique là où il y surtout du politique. Déformation professionnelle pourrait-on dire avec un peu d'ironie. Quand on veut imposer des obligations à un chef de Parti, on fait de la politique pas du juridique et on ne fixe pas des buts impossibles à atteindre étant donné la mauvaise foi partisane des libéraux qui ont le pouvoir.
Je répète le jugement de Gilbert Lavoie qui est tellement juste:
« Michaud a perdu sa bataille devant les tribunaux et n’a pas eu gain de cause à l’Assemblée nationale mais il a gagné la guerre aux yeux de l’histoire. »
Luc Drapeau, 22 décembre 2016