Washington et Ottawa s'entendent pour maintenir la frontière fermée

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Sauf pour les migrants illégaux !


La frontière entre le Canada et les États-Unis restera fermée encore au moins un mois, a confirmé Justin Trudeau mardi. Le premier ministre ne s’est pas aventuré à prédire si les déplacements entre les deux pays reprendront par la suite cet été.


La frontière canado-américaine est fermée à tout voyage non-essentiel depuis le 21 mars. Ce premier interdit avait été prolongé une première fois le 21 avril pour un mois, jusqu’au 21 mai. Ottawa et Washington viennent de convenir de le prolonger de 30 jours à nouveau.


Les provinces le réclamaient d’ailleurs à M. Trudeau. Et ce dernier a convenu mardi que l’arrivée de voyageurs depuis les États-Unis « c’est une vulnérabilité que nous ressentons tous, au niveau des cas de COVID qui pourraient arriver de l’extérieur ».


Il n’a cependant pas voulu prédire si la frontière restera fermée au-delà du 21 juin. « Ces décisions sont prises de semaine en semaine, pendant cette crise », a-t-il répondu, lors de son point de presse quotidien mardi. « Nous allons continuer de surveiller attentivement ce qui se passe ailleurs dans le monde et autour de nous au fur et à mesure que nous décidons de la suite des choses. […] On va prendre les décisions qui sont les bonnes et les décisions appropriées en temps et lieu », s’est-il contenté de commenter.


En attendant d’être prêts à rouvrir les frontières canadiennes, M. Trudeau a indiqué qu’il planche avec les provinces sur des mesures qui permettront un contrôle plus serré des Canadiens qui reviennent de l’étranger afin de s’assurer qu’ils se mettent bien en quarantaine et qu’ils ne deviennent pas de nouveaux vecteurs de la COVID-19 au pays.


Le prêt pour PME assoupli


M. Trudeau a également annoncé que les prêts offerts aux petites et moyennes entreprises seront élargis pour être versés à davantage d’entrepreneurs. Depuis la création du Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes, plus de 600 000 petites entreprises s’en sont prévalues.


« Mais on sait qu’il y a encore plus de gens qui ont besoin d’aide », a affirmé le premier ministre. « Donc si vous êtes l’unique propriétaire et employé d’une entreprise, si votre entreprise dépend de travailleurs sous contrat ou si vous avez une entreprise familiale et vous payez vos employés avec des dividendes, vous allez être admissibles. »


Le CUEC offrait jusqu’ici un prêt sans intérêt de 40 000 $ aux petites et moyennes entreprises ou aux organismes à but non lucratif avec une masse salariale de 20 000 $ à 1,5 million $. Le quart du prêt — jusqu’à concurrence de 10 000 $ — peut être épongé par le gouvernement s’il est remboursé dans sa totalité d’ici le 31 décembre 2022.


Nouvelle querelle parlementaire ?


Le premier ministre a par ailleurs indiqué qu’il n’était pas prêt à voir le Parlement reprendre tout de suite tous ses travaux en personne. En vertu de la dernière entente convenue aux Communes, la Chambre devrait reprendre lundi prochain. « Comme dans tout, nous devons être prudents et responsables dans notre manière de rouvrir et repartir tous les secteurs de l’économie canadienne », a cependant fait valoir M. Trudeau.


Or, le chef conservateur Andrew Scheer réclame justement que les élus convergent à nouveau vers Ottawa dans une semaine. « Comme tous les Canadiens, les députés travaillent principalement de la maison depuis deux mois et demi. Il fallait suspendre le Parlement pour protéger la santé de tous les Canadiens. Mais comme les provinces commencent à réduire les restrictions sanitaires et que les gens retournent travailler, nous devons faire la même chose », a argué M. Scheer mardi.


Tout indique que les partis se préparent une redite du retour de la Chambre qui avait été forcé par les conservateurs le mois dernier. Car les troupes d’Andrew Scheer avaient là encore exigé que les travaux parlementaires reprennent en personne le 20 avril, tel que prévu lorsque la Chambre a ajourné en raison de la pandémie à la mi-mars. Les élus avaient alors été contraints de revenir à Ottawa, le temps que les bloquistes, les néodémocrates et les libéraux adoptent ensemble une motion pour siéger en comité réduit les mercredis et de façon virtuelle les mardis et jeudis.


Cette motion prévoit une reprise des travaux le 25 mai. Et le chef conservateur Andrew Scheer exige que ce soit le cas. « La situation est différente aujourd’hui qu’elle ne l’était le 20 avril. De plus en plus [de secteurs] de notre économie sont en processus de rouvrir et il est clair que le Parlement est un service essentiel », a-t-il lancé en point de presse.


M. Scheer exige que le Parlement siège plus souvent en personne, notamment pour permettre aux partis d’opposition de présenter eux aussi des projets de loi et des motions. Il ne s’oppose pas à ce qu’il y ait également davantage de séances virtuelles, mais ces séances ne devraient pas servir à voter des projets de loi et encore moins un budget à son avis.


Mais le premier ministre rétorque que ces séances en personnes priveraient des élus de régions éloignées ou qui ont des proches plus vulnérables à la COVID-19 d’y participer. « Ma crainte c’est que, si nous reprenons avec un nombre réduit [de députés] sans des séances virtuelles, il y a beaucoup, beaucoup de députés de régions plus éloignées du pays qui ne pourront pas ou qui ne voudront pas venir à Ottawa pour protéger la sécurité de leur famille. Et que conséquemment certaines régions du pays ne seront pas représentées dans nos institutions démocratiques », a insisté M. Trudeau.


Son gouvernement poursuit les négociations avec les partis d’opposition afin d’essayer d’en venir à une entente d’ici lundi.


Le chef bloquiste Yves-François Blanchet s’est opposé depuis le début de la crise à ce que les parlementaires viennent siéger en personne à Ottawa, en raison des directives de la santé publique qui recommandent le contraire.


Le Nouveau Parti démocratique n’a pas précisé sa position mardi.


Avec Hélène Buzzetti



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