Sans pour autant être définitivement éliminée, l’option d’une intervention militaire préconisée par John Bolton, le conseiller pour la sécurité nationale des États-Unis, n’est pas encore la solution retenue par Donald Trump pour écarter Nicolás Maduro du pouvoir. D’abord et avant tout, le président américain est conscient de la complexité de la mise en œuvre d’une opération militaire efficace, compte tenu de la géographie du pays, du poids de l’armée, de la présence de forces supplétives type colectivos, de la présence sur place d’une logistique étrangère importante, sans oublier le risque d’un éventuel fiasco qui pourrait être ravageur à quatorze mois de l’élection présidentielle américaine !
En signant, lundi, le décret qui bloque tous les avoirs du gouvernement de Maduro aux États-Unis, en interdisant qu’ils puissent « être cédés, payés, exportés, retirés ou négociés », Donald Trump vise à l’étranglement économique, commercial et financier de Caracas. D’autant plus que ce décret a un volet international puisqu’il spécifie que « toute transaction avec le gouvernement vénézuélien est interdite », ce qui signifie que toutes les entreprises, quelle que soit leur nationalité, seront sanctionnées si elles passent outre pour commercer ou effectuer des transferts financiers avec le gouvernement vénézuélien.
Une décision qui s’adresse directement aux soutiens étrangers actifs de Caracas – Cuba, Chine, Iran, Russie – mais aussi à tous ceux qui commercent avec Caracas, comme par exemple l’Inde, qui s’approvisionne encore aujourd’hui en pétrole vénézuélien.
Précisons que ces mesures drastiques d’un blocus qui ne veut pas dire son nom prévoient des exceptions, en particulier l’importation des denrées alimentaires et des médicaments à des fins humanitaires, même si l’expérience dit qu’en réalité, ces exceptions sont toujours difficiles à mettre en place. De même pour les entreprises également du secteur privé qui ne font pas « des affaires avec la dictature ». Mais il convient de ne pas se leurrer, cette décision va déclencher une frilosité des institutions financières américaines pour soutenir des transactions avec des sociétés privées vénézuéliennes, dans la crainte d’être par la suite sanctionnées…
Ces nouvelles mesures, dans le droit fil des sanctions progressives initiées depuis 2014 par Barack Obama, peuvent-elles être décisives pour provoquer le départ de Maduro ?
Elles vont dans un premier temps, sans aucun doute, aggraver le chaos actuel et restreindre encore plus les possibilités d’approvisionnement en produits basiques alimentaires et non alimentaires d’une population déjà en grande difficulté (rappelons que le salaire minimum mensuel est, à l’heure actuelle, de l’ordre de 8 dollars, soit l’équivalent de 7 euros).
« Un chantage à la faim », en quelque sorte, dans l’espoir de voir la population totalement se désolidariser du pouvoir (mais c’est déjà le cas), mais surtout d’enfin provoquer un retournement des hauts gradés de l’armée vénézuélienne (un traitement de faveur est prévu dans le décret pour tous ceux qui abandonneraient leur soutien à Maduro) avec pour objectif, selon les mots de John Bolton, de le voir « partir dans un avion pour s’exiler » !