Universités - Gros salaires pour les anglophones

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McGill est l’université où travaille le cadre le mieux payé au Québec, Richard Levin. PHOTO D'ARCHIVES
Sébastien Ménard - Les patrons des universités anglophones du Québec et leurs adjoints sont beaucoup mieux payés que leurs vis-à-vis francophones, une situation qui incite la ministre de l'Éducation à se mettre le nez dans les «pratiques de rémunération» du réseau universitaire.
Des données compilées par Le Journal révèlent que six des dix cadres supérieurs qui ont reçu le salaire le plus élevé, en 2008-2009, travaillaient pour des universités anglophones.

Le doyen de la Faculté de médecine de l'Université McGill, Richard Levin, a reçu l'an dernier un «salaire de base» de 496 000$. En plus d'être le cadre le mieux payé de toutes les universités de la province, M. Levin recevait alors une rémunération presque trois fois supérieure à celle du recteur de l'UQAM, Claude Corbo. En 2007- 2008, celui-ci gagnait 176 000$.
C'est Luc Vinet, le recteur de l'Université de Montréal, qui était le plus haut salarié parmi les francophones.
Avec un salaire de 339 000$, qui a bondi de 30% depuis son arrivée en fonction, M. Vinet était tout de même devancé par deux hauts dirigeants de McGill, ainsi que par la rectrice de Concordia, Judith Woodsworth.
Autre fait surprenant: les recteurs de toutes les autres universités francophones sont moins bien payés que plusieurs employés de direction des universités McGill ou Concordia.
Concurrence mondiale
Les universités anglophones font valoir qu'elles n'ont pas le choix d'offrir des rémunérations aussi élevées, puisqu'elles doivent rivaliser avec les conditions offertes ailleurs, en particulier aux États-Unis. «Nous sommes en concurrence avec les meilleures institutions du monde pour attirer ces dirigeants chez nous. La rémunération que nous leur offrons doit être concurrentielle», a déjà plaidé le porte-parole de McGill, Doug Sweet, pour expliquer le salaire astronomique du doyen de la faculté de médecine.
Or, des institutions francophones, comme l'Université de Montréal et l'Université Laval, jugent également qu'elles sont «de classe mondiale», sans pour autant verser à leurs cadres supérieurs des salaires comparables avec ce qui est offert à McGill ou à Concordia.
La ministre s'en mêle
Le traitement salarial des hauts dirigeants des universités anglophones s'ajoute aux autres révélations du Journal au sujet des conditions de travail consenties aux patrons du réseau universitaire, depuis quelques semaines.
Alors que le déficit des universités atteint 455 M$, la ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, promet de s'attaquer à la situation. «En ce moment, ce sont les universités qui déterminent les salaires par leurs chartes et statuts. Mais le projet de loi 38 que Mme Courchesne a déposé cet automne viendrait pallier ça», indique son attachée de presse, Tamara Davis.
«Un comité des ressources humaines serait mis sur pied et serait consulté sur les rémunérations des recteurs. La ministre veut qu'il y ait des standards», dit-elle.
CE QU'A DÉJÀ RÉVÉLÉ LE JOURNAL
# Plusieurs universités de la province ont versé à leurs cadres supérieurs de généreuses indemnités de départ l'an dernier, alors que, dans les faits, certains de ces individus continuaient d'être à leur emploi par la suite. C'est le professeur Martin Singer, de l'Université Concordia, qui a le plus bénéficié de ce système de primes. En quittant son poste de vice-recteur, il a eu droit à un «congé administratif» de 14 mois au cours duquel il a reçu une indemnité de 364 000$.
# Le Journal a également révélé que la rectrice de l'Université McGill, Heather Munroe-Blum, a reçu pas moins de 229 000$ en primes de toutes sortes, l'an dernier. Dans les faits, sa rémunération a donc totalisé 587 000 $, au moment même où elle invitait ses collègues à se serrer la ceinture et à accepter des baisses de salaire de 3%.


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