Nous avons écrit en octobre 2015 un assez long texte sur le Rôle du Bloc québécois. Il avait été soumis sans succès à Vigile. Nous avions dans ce texte apporté quelques suggestions pour le mouvement souverainiste québécois, dont l’une mérite à notre sens d’être aujourd’hui remise sur la table compte tenu des événements qui se produisent en Catalogne. Nous avions au reste aussi soumis cette suggestion comme proposition à une assemblée annuelle de section de la S.S.J.B.M. en janvier 2015, dont nous étions alors membre. Elle n’avait pas recueilli la majorité des votes (8 contre 12), faute peut-être que nous ne l’ayons pas présentée correctement. Quoi qu’il en soit, si quelque chose avait été fait depuis ce temps dans le sens de cette proposition ou suggestion, la situation de nos frères catalans serait peut-être moins difficile aujourd’hui.
Nous considérons absolument nécessaire, vital, que les mouvements souverainistes du monde entier se regroupent au sein d’un organisme qui équivaudrait à une sorte d’O.N.U. des peuples en lutte pour leur indépendance. Ainsi, aucun de ces peuples ne serait seul dans son combat, car cette O.N.U. appuierait tous ses membres. Le combat de chacun deviendrait le combat de tous.
Ce serait alors tout un changement à côté de ce que l’on voit se passer aujourd’hui en Espagne, où les souverainistes catalans se font matraquer et emprisonner par une sorte de dictature occidentale moderne, sans que les autres mouvements souverainistes du monde ne puissent vraiment les aider de quelque manière parce qu’ils sont tous l’un et l’autre isolés.
Cette incapacité d’agir des mouvements souverainistes face aux difficultés immédiates d’un peuple frère se retournera malheureusement contre eux. En laissant sans pouvoir réagir l’Espagne écraser odieusement comme elle le fait les Catalans, il est fort possible, par exemple, qu’au Canada même les descendants francophones de Lord Durham que sont les Trudeau, Chrétien, Couillard, etc. fassent un jour, si un nouveau référendum sur l’indépendance du Québec revient dans l’air, exactement comme l’Espagne en modifiant la constitution canadienne pour interdire tout référendum sur l’indépendance d’une province canadienne! On comprend ainsi que les souverainistes québécois et autres doivent dans toute la mesure de leurs possibilités défendre le mouvement souverainiste catalan.
Une O.N.U. des peuples en lutte pour leur indépendance aurait pu harceler l’autre O.N.U. pour qu’elle prenne ses responsabilités en matière de démocratie, sous peine qu’elle soit continuellement taxée d’être totalitaire comme l’Espagne. Compte tenu qu’elle a déjà reconnu le droit des peuples à leur auto-détermination, elle doit en toute honnêteté et toute démocratie reconnaître à ces mêmes peuples le droit d’organiser un référendum sur cette question, et que les résultats de ce référendum soient respectés s’il s’est déroulé selon toutes les règles nécessaires. Elle devrait même déclarer officiellement la constitution de l’Espagne illégale, non démocratique et même totalitaire, et exiger que ce pays la modifie.
Une O.N.U. des peuples en lutte pour leur indépendance aurait pu demander à tous ses membres d’organiser dans leur pays respectif des manifestations devant l’ambassade d’Espagne pour dénoncer Madrid. Elle aurait pu demander à tous ses membres et même à tous les citoyens du monde respectueux de la démocratie de boycotter tout produit espagnol. Elle aurait pu lancer sur internet une pétition à l’international pour exiger que le gouvernement espagnol respecte la démocratie et non le totalitarisme.
Ces initiatives et bien d’autres pourraient et devraient quand même être prises en compte dès maintenant par le mouvement souverainiste québécois et les autres peuples en lutte pour leur indépendance, même si on ne s’est pas encore doté de notre propre O.N.U. Il faut absolument comprendre que tous les efforts pour aider le peuple catalan sont en même temps des efforts pour notre propre libération.
Une O.N.U. des peuples en lutte pour leur indépendance est certes quelque chose de très complexe, difficile à organiser et à gérer, tellement il peut y avoir des circonstances particulières, spécifiques à chaque peuple. Par exemple, le mouvement souverainiste québécois devra ou doit absolument commencer tout de suite à essayer de s’accorder avec les mouvements souverainistes autochtones du Québec. Mais cette O.N.U. est à notre avis des plus nécessaires et même primordiale non seulement pour les peuples en lutte pour leur indépendance, mais aussi pour la survie même du sens du mot « démocratie » et pour le combat contre le totalitarisme moderne.
André Lafrenaie
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