Une «mise à jour» très politique

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Et une dinde pour tous à Noël ?





Après deux ans d’austérité budgétaire, le gouvernement Couillard troque son costume de Séraphin pour une baguette de magicien. Et voilà! Comme par magie, la mise à jour économique présentée hier par le ministre des Finances brandit un surplus de 2,2 milliards de dollars en réinvestissements divers.


Or, personne n’est dupe. À 23 mois de la prochaine élection, la manœuvre est parfaitement cynique. Après avoir saigné les services publics à blanc, Carlos Leitao se contente d’une mini-transfusion pour leur éviter le coma.


À compter de 2017-2018, en santé et services sociaux, ce sera 300 millions par année, dont seulement 100 millions cette année. En éducation, on parle d’un 110 millions annuel, dont 35 millions à peine cette année. Et, comme par hasard, dès le 1er janvier, soit en début d’année préélectorale, la «taxe santé» sera abolie.


Goutte dans l’océan


Bref, ce nouveau «surplus» n’ajoute aux services publics qu’une grosse goutte dans l’océan d’un budget annuel dépassant les 100 milliards. Le gouvernement «réinvestit» minimalement, mais la vérité est qu’il a «désinvesti» encore bien plus.


C’est comme si, pour se dégager une «marge de manœuvre», un parent privait ses enfants de déjeuner pendant deux ans pour se féliciter ensuite d’avoir «bien géré» le budget familial. Du moins, juste assez pour leur offrir quelques bonbons en échange.


«La maison est en ordre», jure toutefois Carlos Leitao. Selon Philippe Couillard, le Québec retrouverait même «la liberté de ses choix». La belle affaire.


Même un clone d’Houdini ne réussirait pourtant pas à faire disparaître l’impact délétère des lourdes ponctions budgétaires prélevées à même les services directs à la population.


Car de fait, derrière sa chasse dogmatique et rapide au déficit zéro, se cache le choix politique délibéré d’une réduction réelle du rôle de l’État québécois.


Dommages collatéraux


Des ponctions telles qu’encore récemment, un rapport cinglant de la Protectrice du citoyen dénonçait le «déni de services» imposé jusqu’aux plus vulnérables des citoyens pendant que la bureaucratie, elle, s’en sort indemne.


Bref, le dommage est fait. Colmater ici et là quelques fissures de la «maison» ne suffira pas au redressement d’une fondation aussi amochée.


Pour que la baguette magique de ce mini-budget réussisse néanmoins à faire illusion, l’acte de foi exigé des électeurs sera majeur. D’autant plus qu’en y ajoutant même une pincée de Messmer, impossible de ne pas y voir un gouvernement cherchant surtout à s’acheter des indulgences préélectorales.


Son image qu’il veut dorénavant plus «empathique» vise aussi à priver les partis d’opposition de leurs propres arguments anti-austérité.


Pour le gouvernement Couillard, toute la question est là. Hormis pour sa propre base électorale d’une fidélité inconditionnelle, combien de citoyens n’y verront malgré tout que du feu?




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