Une grève majeure, et des mineurs d'esprits

Tribune libre


Une grève Majeure, et des mineurs d’esprits
Taches aveugles béantes ou vision pleine de fientes ?
Comme quoi l’opposition est le meilleur moyen de se positionner ; même moi, gras fainéant, j’ai envie d’user mon verbe sur la gueule de nos rivaux tellement ils cultivent la connerie avec compétence. Un malin sentiment m’incline à prendre part à la vague actuelle, s’opposant à l’obstination de la bêtise.
Ainsi donc, je ne suis là, à gerber du pathos, que parce qu’une rhétorique nauséabonde et nocive s’est mise à inonder les esprits creux… c’est regrettable, mais surtout dangereux.
Pourquoi tant de gens corrompus par des croyances débiles ?

Contrairement à certains de mes comparses et copains, je ne courtise pas le prosélytisme. Les apôtres me rebutent.
Mais le bon sens se fait rare et j’en ai marre. Sans compter le trop grand nombre d’articles funestes et sans intérêts, qui atterrissent dans nos journaux, n’étant bons à lire que lors des moments où la grande besogne fait la princesse, et exige que nous restions posés sur le trône plus longtemps qu’à l’habitude. Toutefois, ne nous cassons pas le bocal contre cette jarre d’ignares, garants de l’abâtardissement de la conscience collective…
Entre temps…
Alors que la plupart des étudiants demandent tout simplement de s’exercer à l’éthique pour un moment, le droit et le pouvoir n’ont rien trouvé de mieux à faire que de laisser la connerie s’exercer et d’aller vendre le plan nord au Brésil… et revenir à la charge en jouant à '' je désire négocier... moi non plus ''.
Questions ? Réponse?
Comment peut-on prétendre défendre le droit individuel alors qu’on tente d’étouffer la grève étudiante? Comment peut-on ne pas voir la grossière contradiction dans laquelle nous nous embourbons lorsque nous nous employons à scander de telles sornettes?
Par Zeus, ces fervents défenseurs du droit individuel (celui des plus nantis), brillent d’une lâcheté exemplaire… En réalité, nos gentils petits étudiants, désirant transformer nos piquets de grèves en de grossiers gruyères, ne font que promouvoir la force avec laquelle ils ont été frappés d’une léthargie intellectuelle profonde. Ils sont comme de petites lanternes trop excitées qui menacent de prendre feu. Et nous savons que si jamais elles s’immolent, rien de bien grandiose et brillant n’en résultera.
Prenez de la graine. Écoutez le rustre lustre bêchant votre stupidité. Labourez votre matière grise avant de creuser la tombe de votre crédibilité.
N’attendez pas que l’injonction se transforme en injection ! Votre folie sera mise en relief à la fin de cette guerre.
Le je-me-moi n’a rien de politique et n’a, bien entendu, rien à voir avec le droit individuel. Les apôtres du je-me-moi qui exigent un retour en classe – car tout effort visant autre chose qu’eux-mêmes leur est inconcevable – transpirent le fond d’égout…
Ceux qui exigent que leur droit soit respecté alors qu’ils se torchent l’arrière-train avec le fait que plusieurs sont en train de perdre le leur, et qui se vendent comme étant politiquement conscients, font de remarquables charlatans.
Évidemment, une telle position apolitique aura des conséquences inévitablement politiques… et fondamentalement injustes. Mais pas de soucis. Il n’y a pas de quoi s’en faire. Notre système de justice nous accorde le droit de cultiver la vacuité et la traîtrise…
Que devons-nous faire, nous, scientifiques du social lorsque la justice se fait mécréante et fille de rien?
Car, si l’injustice menace. N’avons-nous pas le devoir de couper la mauvaise herbe qui lui sert d’étaye ? Et cette mauvaise herbe ; n’est-ce pas justement ces différentes et pitoyables rhétoriques que le vent du mauvais goût transporte comme de la poussière de venin ?
Entre les dents d’un requin sans faim, quelques crevettes
La grève étudiante est essentiellement vêtue d’un seul principe ; le droit individuel (de tous) à l’éducation. C’est pourtant clair. Non ?
Pourquoi certaines langues sales reviennent toujours à l’assaut en tentant de brouiller les pistes ? Créant de faux débats comme celui auquel nous assistons dernièrement ; opposant le droit individuel au droit individuel ! « Non-sens ! » ; Voilà ce que je réponds.
Ne nous enlisons pas dans l’absurde et la tautologie. Tentons plutôt de traduire.
L’opposition devant laquelle nous nous retrouvons véritablement, est la suivante ; le droit individuel (d’une poignée de gens) contre le droit individuel (de tous).
Cette poignée de gens, à l’esprit gras et peu entraîné, se trouve à être précisément ce qui fait front au droit individuel (ce qui le détruit).
Les étudiants qui se disent contre la grève parce que cette dernière violerait LEUR droit à l’éducation, ne revendiquent pas le droit à l’égalité d’accès de celle-ci. Ils revendiquent seulement le droit d’être le produit malsain d’une société se dirigeant sans vergogne vers l’inertie humaine. Putain, les gens ! C’est la merde !
Et certains de nos personnages publics ont le culot d’applaudir autant d’ignobles conduites ?
On veut retourner sur les bancs d’école, et cesser la grève ? Tout en sachant qu’y poser son cul asphyxiera certains de nos collègues ?
Orchestrer ce retour, sous prétexte que l’on a des droits alors que l’on piétine d’une semelle méprisante celui d’autrui, ne peut être propre qu’aux individus couronnés d’une extraordinaire fainéantise crânienne…
Mais, qu’ils ne s’inquiètent pas. Aucun souci à se faire. Notre société n’osera jamais percer l’hymen de leur conscience, encore inféconde. Non. Ce serait trop violent. Ce serait trop intimidant quoi! « Qu’ils restent vierges de toutes responsabilités collectives », veut-elle nous faire comprendre.

Comment peut-on ne pas saisir que sa petite liberté personnelle ne saurait être chose acquise, quand le même système qui en gave certains – comme des ogres – en étrangle d’autres?
La liberté de chacun dépend de la liberté de tous.
C’est-à-dire que jouir librement de son droit dépend de la possibilité de tous à pouvoir jouir du leur. L’égalité sociale substitue les glaives, les katanas et les revolvers ! Donc, ceux qui ne croient pas aux vertus de celle-ci, prenez les armes !
Les inégalités engendrent la haine. La haine engendre le sentiment de vengeance. Et bientôt… la vengeance nous fera glisser vers la saison des sacrifices.
Si la situation ne donne pas raison à la justice sociale, les fanatiques de tragédie seront prochainement servis. L’inégalité sociale est la promesse d’un sombre théâtre. Gratuit et sanglant. Ce sera le Vietnam. Nos rues seront de mauvaises soupes tonkinoises. Nos trottoirs seront recouverts de sriracha et de nouilles mortes. Dans nos gorges reposera le goût de savon du gingembre. Nous aurons enfin raison de s’indigner et d’agiter nos baguettes. Riz et bande de misérables ! Pendant qu’il est encore temps.
C’est pourtant simple. Le droit individuel de chacun appel au droit individuel de l’ensemble, sans exception. Voilà tout ce qu’il y a à saisir. Je me répète je le sais.
L’argument du droit individuel pour légitimer le forage légal des piquets de grève est une vulgaire contradiction. Un air faux. Une chanson bidon. Une mélodie oblique et incongrue.
Les piquets de grève existent justement parce que le droit individuel à l’éducation se fait bien maigre de nos jours. Et tranquillement, il se fait la malle. Et bientôt, il filera à l’anglaise.
C’est pour ces raisons qu’on fait la grève/boycotte le système.
Suicide du droit individuel
Certains étudiants pro-hausse exigent le respect du droit individuel, alors qu’ils lui demandent au même moment de se faire harakiri. À l’aide d’une vieille lame rouillée et mal polie (un peu comme leur formation académique apparemment). Cela n’a pas de sens. Comment certains peuvent-ils brandir leur droit individuel contre celui de leurs congénères, tout en se disant victime au milieu de ce marasme burlesque nous servant de scène politique ?
Si l’on interprète correctement ce que ces étudiants contre la grève récitent, voilà à quoi nous faisons face – une comptine désastreuse – :
Mon droit prime sur celui de mes semblables. Je ne me soucis que du mien. Je me torche avec le tien. Tralalilalère. Si je vis bien, vous pouvez crever dans votre misère. Et patati patata. Je ne pense qu’à moi.
Ce qui, en réalité, n’est plus droit. Mais dictature. Dictature du Moi.
L’inceste économique que nos élites tentent d’orchestrer présentement, secondée par nos forces de l’ordre qui continuent de talonner la liberté d’expression, mènera notre société vers une névrose collective certaine. Une paranoïa généralisée. Un Moi collectif éternellement froissé.
Nous. Les gens, avec un peu de trouble dans la cervelle. Qui avons la sagesse de nous épier de fond en combe, de temps à autres. De travestir le je en il, le temps d’un instant. Nous. Ces gens à la fois ingénieux et étranges. Nous faut-il exorciser tout ces gens bernés par le MOI et son empire ?
Le droit et la lâcheté
Les injonctions qui ont fait surface ces derniers temps sont une honte. Elles nous rappellent le funèbre théâtre de l’homme moderne. Et Pourtant, rien de nouveau. Depuis toujours, le droit pourchasse l’éthique. Il l'assaille. L’harcèle sans répit, avec l’espoir qu’un de ces quatre il aura la chance de l’éventrer et de jouir en ses entrailles pour la faire frémir de souffrance.
Vous voulez criez à l’intimidation les gens ? Alors attaquez-vous à celle qui menace de détruire le bon sens dans notre société. La justice. Nos dirigeants. Les médias. La forme que prend notre système d’éducation. Les institutions qui dictent le bon goût, par et pour eux-mêmes, nous plongeant dans la misère. Vous et vos préjugés à la con.
Éloquente ironie. Le droit a ceci d’extraordinaire ; il a réussit à faire de la lâcheté une vertu vénérée par plusieurs.
Les étudiants en grève demandent seulement de mettre les pendules en suspend. Avant qu’il ne fasse minuit, et qu’hier se cristallise en un passé qu’on ne pourra plus changer. Il s’agit de repositionner notre conception du bien et du mal, avant que notre société ne parte en couille. Visiblement, nos dirigeants ne semblent pas en capacité de le faire… et certains d’entre nous n’ont toujours pas cessé de prostituer leur liberté pour une existence de mort-vivant, qu’ils confondent avec une vie honorable.
Pour vous. Surtout. Cessez de vous faire bourrer le mou parce que vous êtes avares de votre hardiesse. Je ne vous demande pas d’arracher la voix à votre manque de jugement. Le silence ne sert à rien. Et vous y avez droit aussi. Je vous suggère seulement fortement, par soucis pour l’indépendance de votre esprit, de joindre à vos réflexions, de quelque manière que ce soit, un brin de jugement critique. Soyez autonome. Soyez indépendant.
La fin
À vous, personnages abjectes qui vous tapissez derrière le droit par paresse, ce texte vous est destiné avec tout le mépris qu’un être humain puisse déployer… ceci n’a rien de personnel, je ne vise que votre pseudo position, carrément apolitique, enfantée par la flemme de notre époque. Et j’applaudis, au passage, l’engourdissement cervical sévère sous lequel vous semblez mener vos vies.
Cette grève devient, petit à petit, une guerre contre la belligérance du risible.
Dans une situation semblable, il n’y a pas de contre-indications pour défendre le bon sens et l’égalité… seulement si on désire attirer la sympathie de la majorité.
Sachez que votre vacuité me donne envie de castrer l’humanité entière.
« Avez-vous de la marde din zyeux ? », suis-je en train de vous demander poliment… car clairement, lorsque vous prenez la parole, nous pouvons voir que vous avez de la marde dans bouche.


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