Les caricatures de Mahomet et la liberté d'expression

Une erreur sociétale de jugement

Respecter les croyances ou se soumettre à l'islam ?

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Tribune libre

En ce qui concerne les caricatures de Mahomet, je crois qu’il y a des limites à la liberté d’expression.


Un combat mal mené contre l’islamisme


Je dirai d’abord qu’on a le droit de décrire l’immigration massive et les arrivées massives de migrants en France comme une sorte d’invasion ou de colonisation de la France.  On a aussi le droit de décrire comme une partition du territoire français l’islamisation de villes de banlieues où la charia l’emporte maintenant sur les lois françaises.


Cependant, ça ne permet pas de ridiculiser les croyances religieuses des musulmans.


On a certes le droit de revendiquer au Québec et en France la laïcité.  Les Québécois et les Français ont décidé en toute démocratie d’avoir un État laïc.


Cependant, quand la foi chrétienne était forte ici et en France, tous les croyants ou tout le monde auraient été scandalisés que des gens caricaturent par exemple de façon indécente Jésus, la Vierge Marie ou Dieu.  C’est la même chose aujourd’hui pour les musulmans.


Ma prise de position ne justifie en rien les horribles assassinats commis en France par des terroristes musulmans, qui doivent payer pour ces crimes.


Les musulmans français et autres doivent procéder par des voies légales pour faire valoir leur droit au respect de leur religion même dans un État laïc.  Il faut participer à des débats pour faire avancer cette cause.  Il faut trouver et intensifier des moyens de pression pacifiques et démocratiques contre ce que l’on considère être une injustice, une oppression, une diffamation.  Les crimes ne sont pas une solution et ne le seront jamais dans un pays qui se veut civilisé.


Les Français doivent combattre « l’islamisme conquérant » sur leur sol.  Mais ils doivent aussi en même temps reconnaître que c’est une grave erreur de jugement sociétale que de croire que la laïcité permet de ridiculiser les croyances religieuses des gens.  Certaines balises doivent être données en ce sens à la liberté d’expression.


Ne pas reconnaître cette erreur de jugement est un cul-de-sac total.  Le combat contre l’islamisme doit se faire pour les bonnes raisons et par des moyens corrects, sinon on est perdant d’avance.


On a le droit et le devoir d’exiger l’expulsion ou l’emprisonnement de tous les imams qui osent dire que les musulmans ont le droit de tuer des chrétiens, des juifs ou des athées.


On a le droit et le devoir d’exiger l’interdiction totale des abattages halal pour cause de cruauté envers les animaux.


On a le droit au Québec d’interdire par le biais de la Loi sur la laïcité de l’État (ou loi 21) le port de signes religieux dans certaines catégories de la fonction publique.


Mais la laïcité ne donne à personne le droit d’insulter ou de ridiculiser des religions.


Caricatures ou dessins insultants?


Une caricature est censée mettre en évidence par l’amplification ou l’exagération un trait qui se veut par exemple une lacune, un défaut quelconque.  Mais nombre de « caricatures » de Charlie Hebdo ne sont en fait que des dessins ridiculisant gratuitement un personnage saint d’une religion, entre autres Mahomet.


Ainsi, quelle critique de l’islamisme digne de ce nom, quelle critique digne de la liberté d’expression trouve-t-on dans les dessins de Mahomet nu, par exemple: celui d’un homme nu couché sur le ventre et disant une réplique de Brigitte Bardot dans un de ses films:  « Et mes fesses, tu les aimes, mes fesses? »; ou encore celui d’un homme nu à quatre pattes avec une étoile couvrant le milieu de ses fesses et ayant pour titre:  « Mahomet:  une étoile est née! »


Ça ne fait que cracher gratuitement sur le plus grand prophète des musulmans, ça ne fait que ridiculiser leurs croyances religieuses, ça ne fait que rabaisser sans absolument aucune raison, aucun motif quelconque de réflexion ou de critique.


Les laïcs doivent respecter les croyants et les religions, tout comme les croyants doivent respecter les laïcs et la laïcité.


La liberté d’expression est en fait déjà balisée dans nos lois par des limites comme la diffamation, l’atteinte à la réputation, etc.


De tels dessins plaqués sur des personnages les plus importants des religions apparaissent aux croyants comme étant on ne peut plus vulgaires et dégradants.  Ils relèvent justement davantage d’une sorte de diffamation, d’atteinte à la réputation, que d’une saine liberté d’expression.  Ils dépassent nettement les limites d’une saine liberté d’expression.  Du point de vue de la religion musulmane, il s’agit de « blasphème ».


Il ne s’agit là en rien d’une soumission à l’islam que de raisonner ainsi.  C’est simplement essayer de réparer une erreur sociétale de jugement, ce qui pourrait du coup contribuer à sauver d’autres vies dans le futur.


Il faut certes combattre « l’islamisme conquérant » sur notre sol, son terrorisme meurtrier, etc., mais pas par des dessins niant gratuitement le droit sacré des croyants au respect de leur religion.


L’État doit mieux définir et baliser la liberté d’expression dans les cas qui touchent le droit des religions au respect de leurs croyances.


Un « politiquement correct »?


Beaucoup de gens disent ou se sentent obligés de dire que ces caricatures de Mahomet représentent la liberté d’expression.  Cela ressemble chez eux à une sorte de « politiquement correct ».


Ainsi, quand Justin Trudeau a tout récemment osé déclarer à propos de ces caricatures que la liberté d’expression a des limites, il a essuyé des critiques de tous côtés et a aussitôt dû se rétracter sans aucun débat.


Comme quoi la liberté d’expression n’a pas de limites pour ces caricatures, mais elle en a pour ceux qui les dénoncent…


Ce n’est cependant pas tout à fait correct de décrire la situation ainsi, car des pays comme les États-Unis et le Royaume-Uni ont bel et bien dénoncé dans le passé ce genre de caricatures, lesquelles ont été peu diffusées dans leurs médias.


 André Lafrenaie



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1 commentaire

  • André Lafrenaie Répondre

    21 novembre 2020

    Rectification


    Le deuxième paragraphe de mon texte aurait dû se lire ainsi:


    " Je dirai d'abord qu'Éric Zemmour a le droit de décrire l'immigration massive et les arrivées massives de migrants en France comme une sorte d'invasion ou de colonisation de la France.  Il a aussi le droit de décrire comme une partition du territoire français l'islamisation de villes de banlieues ou la charia l'emporte maintenant sur les lois françaises." 


    Zemmour a défriché ce terrain et j'aurais dû le citer.  Renaud Camus l'a aussi défriché à sa façon.


    André Lafrenaie