Diane Dufresne au palmarès du Panthéon de la musique canadienne

Une écriture dite féministe qui dessert les femmes

Tribune libre

     Cette phrase tirée de l’article récent d'un journaliste semble à première vue féministe : « Diane Dufresne deviendra officiellement jeudi prochain [le 18 mai] la première artiste chantant en français à figurer au palmarès du [Panthéon de la musique canadienne] chapeauté par l’Académie canadienne des arts et des sciences de l’enregistrement, l’organisme qui s’occupe aussi des prix Juno. »


     Or cette formulation peut laisser entendre qu’un Canadien de sexe masculin chantant en français figure déjà au palmarès (ce que j’ai d’ailleurs pensé en lisant l’article), alors que ce n’est pas le cas. Au vrai, cette tournure fait perdre du lustre à l’intronisation de Mme Dufresne, car celle-ci est non seulement « la première artiste chantant en français à figurer au palmarès », mais « le premier artiste » tout court, ce qui englobe les artistes de sexes féminin et masculin.


     En conclusion, pour la cause des femmes, il aurait été préférable de lire : « Diane Dufresne deviendra officiellement jeudi prochain le premier artiste chantant en français à figurer au palmarès… »


 


Pour finir, un extrait du récit de l’écrivaine états-unienne Joyce Carol Oates, Paysage perdu, Éditions Philippe Rey, Paris, 2017, p. 131 :


     « Étant une femme qui s’exprime principalement par le langage, je m’interroge depuis longtemps sur les sources du masochisme féminin. Ou sur ce que, faute de termes plus subtils et moins réducteurs, nous pouvons appeler la prédilection des femmes pour l’autopunition, l’effacement, l’oubli de soi. Cette prédilection est sans doute apprise – « acquise » –, « culturellement déterminée »… – mais elle doit sûrement naître de racines biologiques, d’états neurophysiologiques. Ce genre de prédilection est antérieur à la culture. En fait, il la modèle. (…)


     Et cependant : quel pourrait bien être l’avantage de l’autopunition en termes d’évolution ? De l’abnégation face à la brutalité, à la cruauté d’autrui ? De l’acquiescement à la volonté (perverse, insane) d’autrui ? Ce secret terrifiant dont les femmes ne souhaitent pas parler ni même, dans certains milieux (religieux, fondamentalistes), reconnaître l’existence. »




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