Au sujet de l'année de départ du mandat du "comité des sages"

Une décision qui sent la partisanerie

Tribune libre

Au même moment où Pauline Marois décidait de retirer la permanence à André Boisclair à titre de sous-ministre adjoint aux affaires internationales, évoquant cette fois-ci pour expliquer son recul, son écoute efficace du bon public, la première ministre annonçait la création du « comité des sages » ayant comme mandat de se pencher «sur les conditions d'emploi des titulaires en provenance de l'extérieur de la fonction publique».
Or, durant ses neuf années de pouvoir, Jean Charest fut un fervent utilisateur des nominations partisanes, Mme Marois n’y échappant pas dès le début de son mandat par la nomination de Nicolas Girard à la tête de l’Agence métropolitaine de transport et, plus récemment, d’André Boisclair à titre de délégué général du Québec à New York.
Personne ne va mettre en doute l’utilité de la création d’un tel
« comité des sages »… Par ailleurs, là où le bât risque de blesser, c’est que la première ministre a indiqué que le comité ne remontera pas plus loin dans le temps que 2003, année où, comme « par hasard », le Parti libéral du Québec a pris le pouvoir, alléguant que
« dix ans, ça lui apparaissait raisonnable pour voir ce qui s'était passé.»
En conséquence, le comité chargé d'examiner les critères pour recruter de hauts dirigeants «en provenance de l'extérieur de la fonction publique» ne se penchera pas sur les nominations partisanes faites sous le gouvernement péquiste de Bernard Landry.
À titre d’argument, la première ministre a soutenu qu'elle n'est «pas intéressée par le passé». Par ailleurs, il semble que le « passé » s’arrête à 2003 puisque Mme Marois a martelé, sur un ton accusateur, que ses conseillers ont répertorié «une cinquantaine de cas de membres du personnel politique du Parti libéral du Québec nommés avec garantie d'emploi à vie».
Or, le PLQ n’a pas tardé à dresser sa propre liste de péquistes qui ont accédé à un tel statut, citant entre autres, le cas de Nicole Stafford qui dirige en ce moment le cabinet de Pauline Marois, Bernard Landry l'ayant nommée, en 2001, déléguée du Québec à Bruxelles.
En point de presse, la première ministre a soutenu que ce n'est pas pour éviter d'être embarrassée par son prédécesseur au Parti québécois, en l’occurrence Bernard Landry, que le mandat du comité s'arrête à 2003. «Je peux vous dire que notre feuille de route au Parti québécois est pas mal exemplaire», a-t-elle lancé.
«Nous ne voulons pas lancer une chasse aux sorcières, a commenté Mme Marois. [...] Nous voulons mettre en lumière qu'il y a des règles à respecter. Quelles sont les exigences pour les gens, qui sont dans la haute fonction publique ou qui veulent y entrer, pour aspirer à des fonctions de haut niveau?»
À mon sens, les arguments fournis par Pauline Marois pour limiter à 2003 le mandat du comité souffre dangereusement du syndrome d’une « partisanerie voilée » par un délai aux « apparences raisonnables » mais qui risque de remettre en question la légitimité des travaux d’un tel comité considérant qu’il porte flanc à une critique facile de l’opposition. Conséquemment, je crois qu’il serait opportun, voire même nécessaire, pour ajouter davantage de crédibilité à ce comité, de remonter de quelques années l’étendue de son mandat.
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Grarlam Répondre

    11 décembre 2012

    M Rancourt, que pensez-vous de la nomination de M Claude Blanchet comme président de la SGF par M Landry.
    Qui croyez -vous pouvait faire les meilleures recommendations en faveur de sa nomination?
    Il ne faut pas se mettre la tête dans le sable.
    Qui a débauché le directur général de la ville de Québec , a recommandé une prime de séparation et l'a envoyé à Bruxelles, pour le re-engager à la ville à son retur jusqu'à sa pension?
    Je me souviens!

  • Yves Rancourt Répondre

    11 décembre 2012

    Monsieur Marineau,
    Quelle déception j'ai éprouvée en lisant votre texte! Je ne sais si c'est une habitude chez vous mais je note que vous reprenez presque textuellement dans votre texte d'aujourd'hui le contenu de celui publié ce matin dans Le Soleil sous la plume de Michel Corbeil, un bon journaliste employé de Paul Desmarais qui s'est donné pour mission de combattre le projet d'indépendance du Québec. Au cas où vous l'ignoriez, le Comité de sages que veut créer madame Marois n'a pas pour mandat de dresser la liste des bons et mauvais coups passés, tant du côté des libéraux que des péquistes, mais de définir des règles et critères pour mieux encadrer le processus de nominations aux postes supérieurs de la haute fonction publique. Il n'y a pas de partisanerie associée à ce mandat-là, il ne consiste qu'à revoir les règles actuelles pour éviter à l'avenir la répétition de cas comme celui d'André Boisclair. Le motif est noble, pourquoi chercher à y voir de la partisanerie?
    Je lis régulièrement vos textes, monsieur Marineau. Ils sont bien écrits et généralement constructifs. Mais celui d'aujourd'hui illustre bien un commentaire que je faisais hier sur Vigile. J'y déplorais en effet que certaines personnes, qui se disent par ailleurs de bons patriotes et souverainistes, fassent le jeu de notre adversaire politique en reprenant, souvent mot pour mot et sans exercer leur sens critique, les interprétations trop souvent abusives et tordues que fait la presse fédéraliste des moindres gestes posés par ce gouvernement, dans le but évident de le faire mal paraître.
    Je crois comprendre que vous êtes maintenant membre d'Option nationale; ce n'est pas un reproche, c'est un parti que je respecte. Il est toutefois à espérer que ce n'est pas une certaine partisanerie, celle-là même que vous dénoncez, qui vous pousse à vous en prendre à tout propos au gouvernement du Parti québécois. Il n'y aura pas de pays du Québec, monsieur Marineau, si on n'arrive pas d'abord individuellement à se libérer du contrôle que veut exercer sur nos façons de penser cette presse hostile.
    Mes salutations.