Voici une occasion en or de voir de quel bois se chauffent les chefs de parti politique. En plein cœur d'une campagne électorale somme toute peu enlevante, l'histoire d'une famille menacée d'expulsion par le Canada offre l'occasion idéale de confronter les beaux discours à la réalité. David, Sophie, Lara et Rachel Barlagne doivent-ils être interdits à tout jamais de séjour au Canada parce que la petite dernière, atteinte d'une forme légère de paralysie cérébrale, constitue selon la loi un «fardeau excessif» pour le pays?
Chefs de parti, vous qui prônez sur toutes les tribunes les mérites d'un Canada accessible et réceptif, alliez le geste à la parole et prononcez-vous! Intervenez! Dites-nous: l'actuelle Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, dont l'article 38(1) permet d'associer la petite Rachel de 8 ans à un «fardeau excessif pour les services sociaux», ne nous renvoie-t-elle pas à une vision dépassée et une époque révolue, où les handicapés luttaient ferme pour une place dans la société?
À votre humble avis, qu'est-ce qui est le plus «excessif»? Le fait qu'une petite fille coûte en éducation spécialisée 5259 $ de plus que les 4806 $ qu'un Canadien moyen requiert en services sociaux? Ou qu'un pays refuse la résidence permanente à une famille établie et intégrée ici depuis 2005 au seul prétexte que leur enfant correspond à une «charge pénible à supporter» — la définition de «fardeau», à laquelle renvoyait hier avec émotion Sophie Barlagne, la maman de Rachel?
Mouillez-vous: dites-nous ce que vous feriez en lieu et place du ministre de l'Immigration, Jason Kenney, qui a le pouvoir d'accepter la demande humanitaire formulée hier par la famille à titre d'ultime recours. Sans son intervention, ils feront tous face à une interdiction de territoire en juillet prochain. Le médecin de la petite, Pierre Marois, s'indigne de cette décision arbitraire. Le pédiatre social Gilles Julien s'inquiète des conséquences d'un déracinement pour les deux soeurettes. Ces avis nous semblent peser lourd dans la balance. Ils n'ont pourtant pas encore ébranlé le gouvernement sortant, qui s'en tient à une ligne bureaucratique dénuée de toute compassion. Qu'en est-il de vous?
Que feriez-vous? Un pays comme le Canada, que la France regarde avec consternation pour ce manque flagrant d'humanisme envers ses propres ressortissants, pratique-t-il la discrimination envers les handicapés, en toute violation des conventions auxquelles il a lui-même adhéré? Cette fermeture ne constitue-t-elle pas, comme l'écrivait en nos pages le Dr Marois, une véritable «honte pour le Canada»?
Au-delà des promesses et des joutes verbales entre aspirants-chefs, nous espérons que, comme Thomas Mulcair qui hier soutenait cette famille, vous saurez dénoncer haut et fort tout l'odieux qui transpire de ce malheur familial devant lequel le gouvernement actuel est resté de marbre.
Famille menacée d'expulsion
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