Un Soros du populisme ? Steve Bannon, l'homme qui voulait mener la révolte de droite en Europe

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« Vous allez avoir des États-nations individuels avec leurs propres identités, leurs propres frontières »

L'ex-stratège de Donald Trump Steve Bannon va créer une fondation en Europe avec pour ambition d'unir et galvaniser les mouvements populistes de droite du continent. Il les pense capables de prendre un tiers des sièges du Parlement européen dès 2019.


«Je préfère régner en enfer que servir au paradis» : avec un brin de provocation, Steve Bannon, le sulfureux ancien conseiller de Donald Trump, a dévoilé le 20 juillet au média américain Daily Beast son plan pour faire triompher une révolte populiste de droite sur le continent européen. Pour concrétiser cette ambition, il compte créer une fondation baptisée «Le Mouvement» et établir son quartier général au cœur du pouvoir européen, à Bruxelles, avec en ligne de mire les élections européennes de 2019.


Conçue pour être le pendant des ONG du controversé milliardaire américano-hongrois George Soros – qu'il confie considérer comme «malfaisant» tout en reconnaissant qu'il est «brillant» – son organisation pourra fournir des sondages, du conseil et de la réflexion à des personnalités situées à la droite de l'échiquier politique qui ne disposent pas forcément de structures politiques professionnelles ou de budgets significatifs. Une fondation qui sera composée dans un premier temps de dix employés, dont notamment un expert en opinion, avant de se développer en cas de succès. A titre de comparaison, l'organisation de George Soros, Open Society Foundations, a financé à hauteur de 32 milliards de dollars diverses causes, du soutien à la dissidence à la lutte contre le Brexit en passant par un soutien aux démocrates américains, depuis sa création en 1984. 



L'ancien patron du site d'information Breitbart espère que ces efforts contribueront à voir émerger un «supergroupe» au Parlement européen, qui comprendrait pas moins d'un tiers des députés. Un bloc populiste conséquent qui aurait le pouvoir de sérieusement perturber les procédures parlementaires, et le placerait au centre du jeu. «Tout le monde est d'accord pour dire que les élections de mai sont extrêmement importantes, qu'il s'agit du premier face à face à l'échelle du continent entre le populisme et le parti de Davos», soutient-il pour présenter sa première bataille.


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Convaincu par son tour d'Europe des partis nationalistes


Depuis un an, Steve Bannon a rencontré de nombreuses personnalités de droite sur le Vieux continent, de Nigel Farage, l'ancien dirigeant de l'UKIP et fer de lance de la campagne pour le Brexit, au Premier ministre hongrois Viktor Orban dont les positions anti-immigration en font un opposant de premier ordre à George Soros, en passant par la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen.


C'est d'ailleurs à l'occasion de son invitation par cette dernière à Lille au congrès du Front national – depuis renommé RN – que la vision de Steve Bannon a définitivement pris corps. «Je n'avais pas compris jusqu'à ce que Marine Le Pen m'invite à parler à Lille», explique-t-il ainsi, précisant qu'il avait demandé à la présidente du RN ce qu'elle voulait qu'il dise. «Tout ce que vous avez à dire, c'est : "Nous ne sommes pas seuls"», lui avait-elle alors répondu. Une révélation pour Steve Bannon, qui a compris que les mouvements nationalistes en Europe n'avaient pas suffisamment de liens entre eux et ne partageaient ni leurs idées ni leurs compétences.


Fort de la récente victoire du Brexit ou encore du succès électoral de Matteo Salvini en Italie, acquis avec un budget relativement modeste, Steve Bannon estime qu'il existe une vraie opportunité de dynamiser les partis nationalistes qui sont pour l'heure  disparates, grâce à une structure centralisée bien financée, qui permettra de mettre en lumière les opposants de chaque pays.


Selon son analyse, les mouvements populaires existent déjà et si quelqu'un parvient à maximiser leur potentiel, le basculement vers un populisme nationaliste de droite sera «instantané» sur le continent. Et l'architecte de la victoire de Donald Trump de prédire : «Vous allez avoir des Etats-nations individuels avec leurs propres identités, leurs propres frontières.»