Martin Lemay (Photo Robert Skinner, La Presse)

Presse Canadienne - Le Québec pourrait éviter la crise des accommodements raisonnables s'il était un état souverain, estime le Parti québécois.

«Si le Québec était un pays, il enverrait clairement le message aux immigrants qu'il est un état francophone, dont l'espace public est laïc et qui prône l'égalité entre les hommes et les femmes», assure le député péquiste Martin Lemay.
En entrevue à La Presse Canadienne, le porte-parole péquiste en matière d'immigration a soutenu mercredi que l'actuelle double structure provinciale et fédérale envoie des signaux contradictoires qui ouvrent la porte aux accommodements «déraisonnables» tant décriés ces derniers mois.
«Quand vous êtes dans un état dont le fondement est le multiculturalisme, qui exacerbe les différences, dont les différences religieuses, ce n'est pas étonnant qu'il y ait autant de demandes d'accommodements», a déclaré le député de Sainte-Marie-Saint-Jacques.
M. Lemay croit que les nouveaux arrivants reçoivent un message ambigu qui ne sert personne, alors que la souveraineté du Québec, selon lui, clarifierait la situation.
«Ils arrivent dans une société francophone qui veut intégrer davantage sa population immigrante, mais de l'autre côté, le Canada prône le multiculturalisme», dit-il, ajoutant que les nombreuses demandes d'accommodements «placent la société québécoise sur la défensive».
Le député indique que le Parti québécois devra faire connaître davantage sa position à ce sujet et démontrer à la population que la souveraineté permettrait d'intégrer les nouveaux arrivants de façon plus harmonieuse.
«Il y a un choc culturel autant pour les gens qui immigrent que pour la société qui les accueille et on ne dit pas que tout ça va être effacé (dans un Québec souverain). Mais le message aux nouveaux arrivants va être beaucoup plus clair et ils sauront beaucoup plus à quoi s'attendre», dit-il.
M. Lemay conclut que le Québec ne peut tout simplement plus se permettre d'accueillir les immigrants dans le contexte du multiculturalisme et du bilinguisme canadien.
En marge de la réunion des députés péquistes mercredi à Saint-Jean-sur-Richelieu, le député Bernard Drainville a appuyé les propos de son collègue.
«Le meilleur encadrement qu'on peut donner aux accommodements raisonnables c'est de faire l'indépendance. Ça mettrait fin à beaucoup d'ambiguïté», a plaidé le député de Marie-Victorin.
«Ce ne serait plus le multiculturalisme qui serait la doctrine officielle, ce serait la culture québécoise qu'il faut construire ensemble.»
Le PQ précise sa position dans ce dossier alors que se poursuivent les audiences de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables. Ces audiences prendront fin à Montréal, du 26 au 30 novembre.
La commission coprésidée par Gérard Bouchard et Charles Taylor remettra son rapport au gouvernement Charest le 31 mars prochain.