Un proche de Vaillancourt impliqué dans de nébuleuses transactions offshore

Il a permis à une obscure compagnie des Panama Papers de faire l’acquisition de terrains

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Les ressorts de la fiscalité au service des ripoux





Un coaccusé allégué de l’ex-maire de Laval Gilles Vaillancourt a fait transiter des centaines de milliers de dollars vers la Suisse en transigeant avec une mystérieuse compagnie des Panama Papers.


Selon des documents obtenus par notre Bureau d’enquête, l’avocat de Laval Pierre Lambert a orchestré une série de transactions à la fin des années 1980 et durant les années 1990 qui ont ultimement permis à une obscure compagnie des Panama Papers de devenir propriétaire de terrains à Mercier et à Saint-Constant, sur la Rive-Sud.


Pierre Lambert a été arrêté en même temps que l’ex-maire Vaillancourt dans l’opération Honorer en 2013. C’est lui qui a déjà admis avoir gardé environ deux millions de dollars en argent comptant dans un coffre-fort pour le parti PRO des Lavallois.


Pour les terrains de Mercier et de Saint-Constant, la structure mise sur pied permettait d’envoyer, à partir du Québec, des paiements à une compagnie reliée à la Suisse. Celle-ci prêtait l’argent pour financer ces terrains.


Lorsque les paiements cessaient, que la compagnie québécoise se retrouvait en défaut de paiement, l’obscure compagnie reliée à la Suisse devenait propriétaire des terrains.


Laval, Suisse, Panama et Mercier


Cette compagnie s’appelle Immobiliare Di Venezia. Elle apparaît dans les Panama Papers dévoilés en mai, une fuite qui a permis à des médias du monde entier de lever le voile sur de nombreuses entreprises qui cachent de l’argent dans ce paradis fiscal.


C’est une entreprise d’ici du nom d’Établissements Les Rocades qui avait contracté les prêts auprès d’Immobiliare Di Venezia.


Pierre Lambert a agi comme secrétaire de cette entreprise. Elle est établie dans ses bureaux mêmes, à Laval. C’est sa propre secrétaire, Sylvianne Larouche, qui en a été la présidente officielle.


Celle-ci a signé de Laval des documents avec un représentant de la société panaméenne basé à Genève, en Suisse.


Simple coïncidence ?


Le premier paiement des intérêts sur un prêt coïncide à quelques semaines près avec la première élection de Gilles Vaillancourt, en 1989.


Les documents révèlent d’ailleurs que le prêt devait être remboursé en quatre ans, durée du premier mandat de Vaillancourt.


Pierre Lambert n’a pas répondu à nos nombreuses tentatives de le contacter, non plus qu’à une lettre déposée dans sa boîte aux lettres.


La semaine dernière, l’actuel maire de Laval, Marc Demers, a dit que les 8,9 millions de dollars que s’est engagés à rembourser l’ex-maire Vaillancourt provenaient en grande partie de «la Suisse et de l’Amérique centrale».


«Je ne voulais pas courir après ces actifs-là», a-t-il déclaré.


Rien ne permet cependant de conclure que les transactions impliquant Pierre Lambert ont un quelconque lien avec les transferts d’argent reprochés à l’ex-maire Vaillancourt.




Un partenaire d’affaires coupable d’esclavagisme


Selon les documents consultés, l’entreprise du Panama est liée à un homme d’affaires controversé du nom de Gérard Blohorn.


Sa fortune provient du commerce de l’huile de palme en Côte-d’Ivoire.


Blohorn a été condamné en 2004 à quatre mois de prison en France pour travail dissimulé. Il a employé au noir un domestique africain dans une situation proche de l’esclavage, selon un jugement.


Gérard Blohorn a aussi été président du conseil d’administration d’une société suisse du nom d’Orblon SA, spécialisée dans les prises de participations financières. Elle a été radiée en 2011.


Un des trois administrateurs de cette entreprise est l’avocat genevois Luc Argand, qui gère notamment la fortune de Bernie Ecclestone, président de la Formule 1.




Des terrains pris en paiement deux fois


Les sommes prêtées par Immobiliare Di Venezia à l’entreprise de Lambert ont cessé d’être remboursées au début des années 1990. Elles ont toutefois permis à la société du Panama de mettre la main (en vertu d’une prise en paiement) sur des terrains sur la Rive-Sud de Montréal pour du développement immobilier.


Une partie de ces terrains a été revendue à la Ville de Mercier pour 135 000 $ en 2005. Une autre partie à Saint-Constant a été vendue 818 860 $ en 2005. Le reste est aujourd’hui évalué à plus de 2 millions $.


Tout comme Di Venezia en 1995, un cabinet d’avocats a pu devenir propriétaire des terrains en 2013 à la suite d’une créance impayée de Di Venezia.


Le terrain pris en paiement en 2013 a ensuite été rapidement revendu beaucoup plus cher à des promoteurs immobiliers.


Contrairement à une vente en bonne et due forme, une prise en paiement ne déclenche aucun gain en capital. Elle s’avère donc fiscalement très avantageuse.




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