Un parti dans la lune

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La Presse poursuit son matraquage contre Couillard

De plus en plus bizarre... Samedi dernier, le chef libéral Philippe Couillard était tranquillement assis chez lui, à Saint-Félicien, alors que se réunissait, à la permanence montréalaise du parti, le comité censé définir la position finale qui allait être soumise deux jours plus tard à l'ensemble des députés.

Ce détail, révélé par le collègue Denis Lessard, en dit long sur l'étonnant style de leadership de M. Couillard... et explique en partie la dégringolade libérale qu'annoncent les sondages CROP et Léger.
Que penser d'un leader reclus à 470 km de Montréal au moment où se décide la politique du parti sur le sujet le plus controversé de l'heure? Une controverse, rappelons-le, qui fait rage depuis plus de six mois, et sur laquelle le PLQ n'avait jamais été fichu de se brancher définitivement?
Bien sûr, il y a le téléphone, le courriel, les textos... Mais alors, tant qu'à y être, les partis politiques pourraient tout aussi bien être dirigés à partir d'une piscine à Miami, ou même à partir de la Lune, un astre dans lequel M. Couillard semble se complaire particulièrement, à en juger par sa propension à s'abstraire de la scène publique.
Ainsi donc, après moult tergiversations, le PLQ accouche très tardivement d'une position officielle plus ou moins calquée sur celle du Barreau et de la Commission des droits.
Pas d'interdiction «mur à mur» des signes religieux, exception faite de la burqa, du niqab et... du tchador. Les deux premiers vêtements cachent le visage et c'est bien le moins qu'on les interdise chez les employés de la fonction publique!
La référence au tchador (qui ne cache pas le visage) est parfaitement incongrue. Pourquoi le tchador et pas le hidjab? Mais le PLQ n'en est pas à une contradiction près: il prône «la neutralité de l'État», mais garde le crucifix dans l'enceinte législative!
Après tous ces virages qui ont illustré le malaise grandissant d'un parti déboussolé, le PLQ revient à la position initiale de son chef, avec des ajouts qui la rendront plus confuse et plus difficile à expliquer.
On misera sur des accommodements et sur le «cas par cas» pour accepter certains signes... et l'on introduit un nouveau concept: le demandeur devra prouver qu'il a fait «une démarche d'intégration» ! C'est illogique et inapplicable, et ça sent à plein nez à la démagogie.
À ces positions alambiquées, le PLQ amalgamera - c'est le legs de Fatima Houda-Pepin - un projet contre l'intégrisme, avec des mesures qui ne sont pas mauvaises en soi, mais qui n'ont rien à voir avec la Charte de la laïcité, et qui, par association, ne feront qu'accroître les préjugés envers les musulmans pratiquants, comme si leur seule présence portait le germe des pires dérives.
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Le sondage de Léger montre que le projet de charte, dans ce qu'il a de plus répressif, plaît à 69% des francophones... et à 40% des électeurs libéraux! On devine l'affolement des députés libéraux des régions. Ce n'est pas sans raison que le caucus de lundi a duré plus de quatre heures...
Le PLQ, même avec un chef combattif et une position claire, n'aurait pas pu renverser la tendance, tant il est vrai, comme on l'a constaté maintes fois dans l'histoire, que la voix de la raison ne peut pas toujours l'emporter contre le populisme.
Mais en participant au débat avec assiduité, intelligence et passion, l'opposition officielle aurait au moins pu s'attirer de l'estime et du respect. Ce ne fut pas le cas, et cela va longtemps peser sur la crédibilité du chef libéral.


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