Un nouveau lycée parisien occupé par des migrants

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Prélude à l'effondrement de la France

Le lycée Jean-Jaurès, situé dans le XIXe arrondissement, est occupé par quelque 150 migrants de toutes nationalités, aidés par un collectif de militants. Tandis que la région Île-de-France, gestionnaire de cet établissement en réhabilitation, demande son évacuation, la vie à l'intérieur s'organise.


«Seules les personnes enregistrées peuvent entrer.» La phrase est écrite en anglais et en arabe, sur l'une des portes du lycée Jean-Jaurès, dans le XIXe arrondissement de Paris. À l'intérieur de cet établissement inoccupé depuis plusieurs mois, quelque 150 migrants, venus essentiellement du squat de Stalingrad, installé sous le métro aérien. Érythréens, Soudanais, Somaliens, Afghans, Yéménites, mais aussi Marocains, Tunisiens… Des hommes, des adolescents, des femmes avec enfants. «Il y a même un bébé de 4  mois», raconte un militant du collectif La Chapelle debout, qui a programmé l'opération d'occupation, entamée dans la nuit du 21 au 22 avril. Migrants et militants sont d'abord passés par les grilles écartées de l'entrée principale, rue Clavel.

Désormais, les allées et venues se font par la sortie de parking, avenue Bolivar. Et sont contrôlées de près par le collectif. Les journalistes ne sont pas admis. «Pour le moment, explique Clémentine, l'une de ses membres. Ce sont les réfugiés qui l'ont décidé.» Lancé en juin 2011 après l'évacuation du camp du métro La Chapelle, également à l'œuvre lors de l'occupation, entre juillet et octobre 2015, du lycée Jean-Quarré, situé aussi dans le XIXe arrondissement, ce collectif revendique d'autres moyens d'action que les associations humanitaires traditionnelles. Dans son sillage gravitent de nouveaux venus sur la scène associative, le Baam (bureau d'aide et d'accompagnement aux migrants) ou encore Kâlî, qui accompagne les femmes. Sans oublier «les copains de Nuit debout».

Dès le 22 avril, la région Île-de-France, gestionnaire du lycée Jean-Jaurès, a saisi le préfet de police. Elle dénonce une «occupation illégale» et demande l'évacuation de l'établissement, qui, «après une phase de réfection», doit accueillir des élèves venus du XVe arrondissement, explique-t-elle. Le même jour, le préfet de région, Jean-François Carenco, a également dénoncé cette «occupation sauvage». Il explique «refuser la manipulation des migrants par des collectifs qui ne cherchent qu'à aggraver la situation des personnes en situation irrégulière, dont l'État s'occupe».

Ce dimanche, à 13 heures, quelques personnes franchissent les portes du lycée avec de la nourriture et du lait. Devant la porte, un jeune homme vient proposer des ateliers d'initiation à la gravure. À l'intérieur, la vie s'organise. On prévoit des cours de français, une aide juridique. Une charte de bonne conduite est en cours de réalisation. Et déjà, quelques règles sont affichées dans l'entrée: pas d'alcool, pas de drogue, pas de racisme, de sexisme et de violence. Les habitants du quartier s'approchent, pour tenter de voir ce qu'il se passe dans cet espace de 4000 m2.

«C'est pas l'idéal, mais c'est mieux qu'à Stalingrad ou au lycée Jean-Quarré», explique Houssam, 31 ans, l'un des porte-parole du collectif La Chapelle debout. Le lycée Jean-Quarré, proche de la place des Fêtes, a été occupé pendant plusieurs mois, dans des conditions qui sont vite devenues insalubres. La population de migrants y est passée de 150 personnes en juillet à 1300 en octobre, au moment de l'évacuation. Cette fois, le collectif entend ne pas se laisser déborder. Mais comment? «Ce sont les réfugiés qui décident. Certains veulent laisser entrer tout le monde, d'autres préféreraient fixer un seuil», explique Houssam à un jeune homme tunisien qui cherche à entrer depuis le matin et commence à s'impatienter. «Je suis en France depuis onze ans. Je veux qu'on m'aide à obtenir des papiers», explique-t-il. «Tu sais bien que nous ne faisons pas de différences entre les nationalités», tente de le calmer Houssam.

«L'occupation, c'est un geste politique, explique ce militant de 31 ans, passé par la Sorbonne. Tant qu'il y aura des gens à la rue, nous réquisitionnerons des bâtiments libres. Nous voulons des papiers pour tous, sans distinction entre les demandeurs d'asile et les sans-papiers, poursuit-il, avant de rappeler l'ordonnance de 1945 concernant la réquisition par l'État de locaux à usage d'habitation vacants. «Nous ouvrons des bâtiments vides comme les exilés passent les frontières», explique le collectif dans un communiqué. Il parle de 10 % de bâtiments vides en région parisienne. «Nous ouvrons parce que ça pue en France en ce moment, que ce pays crève de son racisme, de son sexisme, de son richisme, de son jeunisme, de son arrogance qui exclut», conclut le texte.

Citoyen «lambda», Nikita est venu aider les membres du collectif. Il suit de près la question des migrants. Il dénonce «un gouvernement accro à son calendrier politique qui ne se donne pas les moyens de faire les choses correctement». «Il se contente de tenter de faire rentrer le dentifrice dans le tube! Mais va-t-il prendre en compte cette nouvelle situation migratoire?, interroge Nikita. Les gens arrivent de toute l'Afrique, de l'Asie, du Proche-Orient. Les riches en avion, les pauvres à pied. Quelles vont être les conséquences sociales de tout cela?»


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