Compteurs d'eau

Un gros gaspillage

Réplique - Des insinuations gratuites

Scandales à Montréal - les compteurs d'eau

Le maire Gérald Tremblay a finalement cédé sous la pression et suspendu temporairement le contrat d'installation des compteurs d'eau à Montréal. Première question: pour quelle raison Montréal dépensera-t-il 355 millions pour des compteurs d'eau? Deuxième question: pourquoi avoir cédé la gestion de l'eau à des sociétés privées dont plusieurs sont en conflits d'intérêts?
Au milieu des années 1990, un débat avait opposé les défenseurs de la privatisation de l'eau aux tenants d'une gestion publique de la ressource. En principe, les seconds avaient remporté la victoire quand Québec avait décrété que la gestion de l'eau resterait sous la responsabilité du public. Dans les faits, force est d'admettre que Montréal a choisi la formule de l'impartition.
Peu de temps après son arrivée au pouvoir, l'administration Tremblay-Zampino créait un fonds pour l'eau alimenté à même une nouvelle taxe. Parmi les premières mesures, on décidait d'installer des compteurs d'eau dans les commerces et les industries pour réduire leur consommation. L'idée avait du sens. Le problème, c'est qu'aucune étude de rentabilité n'a été effectuée pour savoir si le jeu en valait la chandelle. En décembre 2007, Sammy Forcillo confirmait à notre collègue Kathleen Lévesque que la Ville ne savait pas combien des compteurs dont le coût d'installation était évalué à 355 millions allaient permettre d'économiser.
Autre problème. Dès le départ, l'administration Tremblay-Zampino a choisi de confier la presque totalité de l'opération au secteur privé, notamment à la firme de génie BPR. Si bien qu'à l'automne 2007, le directeur de la gestion de l'eau à la Ville, Yves Provost, prenait sa retraite et joignait aussitôt les rangs de BPR.
Or, cette société BPR, chargée de conseiller la Ville, de superviser l'opération d'installation des compteurs et de gérer la consommation pendant les dix prochaines années au nom de la Ville, a souvent été partenaire d'une autre firme de génie, Dessau, celle-là même qui a hérité du contrat d'installation des compteurs en consortium avec Simard-Beaudry, propriété de Tony Accurso.
Il arrive de plus en plus souvent que des sociétés de génie-conseil concurrentes s'associent ainsi pour la durée d'un projet. En principe, cette façon de faire entre professionnels du même métier ne devrait pas poser plus de problèmes que deux médecins qui collaborent pour soigner un patient. Dans la réalité, les choses sont bien différentes. Individuellement, chaque ingénieur est soumis à la déontologie de son ordre professionnel. C'est au niveau de la firme que la course aux profits conduit aux conflits d'intérêts.
Dans le cas des compteurs d'eau, comment peut-on avoir confiance dans le travail de supervision, d'évaluation et de choix d'équipement effectué par BPR quand on sait que cette firme est partenaire de Dessau dans d'autres projets?
Dans la même veine, c'est au cabinet d'avocats Dunton Rainville, et non au Service du contentieux de la Ville, que l'administration Tremblay a confié la tâche de valider le processus légal de réalisation du contrat de 355 millions. Or, ce cabinet d'avocats partage une loge au Centre Bell avec la même société Dessau qui a obtenu le contrat.
En retirant l'opération de gestion de la consommation d'eau des mains des fonctionnaires pour la confier au privé, l'administration Tremblay-Zampino a laissé entrer le loup dans la bergerie. Aujourd'hui, Montréal a perdu plusieurs de ses experts au profit de ces consultants privés qui lui tournent autour, et a perdu le contrôle sur les projets eux-mêmes.
Quelqu'un osera-t-il prétendre que les Montréalais y gagnent au change?
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j-rsansfacon@ledevoir.ca
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Des insinuations gratuites
Pierre Lavallée, Ph. D. (Eau), Président et chef de la direction, BPR, Le 13 avril 2009
Le Devoir mardi 14 avril 2009

À Jean-Robert Sansfaçon,
Vendredi dernier, vous mettiez ouvertement en cause l'intégrité de BPR dans l'attribution du contrat des compteurs d'eau par la Ville de Montréal. L'expertise de BPR en matière d'infrastructures touchant l'eau est indéniablement reconnue au Québec, avec des réalisations aux quatre coins de la province, de même que des ouvrages en France et aux États-Unis. Vous demandiez pourtant à vos lecteurs «comment peut-on avoir confiance dans le travail de supervision, d'évaluation et de choix d'équipement effectué par BPR?».
Bien plus que BPR, c'est toute la profession d'ingénieurs que vous attaquez ainsi avec vos insinuations, qui démontrent une ignorance flagrante des pratiques professionnelles de notre milieu. Un consortium n'est pas un club d'amis. C'est la mise en commun des ressources nécessaires pour réaliser des contrats de grande envergure, devenus de plus en plus complexes. Il en est ainsi à travers le monde. D'ailleurs, les firmes qui étaient en lice pour l'obtention du contrat des compteurs d'eau étaient toutes des compositions de consortiums. Elles travaillaient déjà ensemble sur des contrats ou se regroupaient en vue d'en réaliser d'autres. Sont-elles pour autant coupables de collusion à vos yeux? Nous avons obtenu en 2005, dans le cadre d'un appel d'offres en bonne et due forme, le mandat d'accompagner la Ville de Montréal pendant et après son choix de fournisseur pour réaliser le contrat d'installation des compteurs d'eau. Notre mandat est exécuté dans les règles de l'art. Notre compétence s'arrête là. Quant à la vôtre, vous devriez laisser le soin au vérificateur général de la ville de Montréal de procéder aux vérifications requises, avant d'improviser dans votre journal l'inquisition des firmes d'ingénierie du Québec.


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