Un grand ménage à pousser jusqu'au bout

Même le ministère des Finances doit collaborer

Chronique de Pierre Gouin

L’ampleur de la corruption dévoilée jusqu’à maintenant est telle que celle-ci a pu contribuer significativement à la détérioration des finances publiques tant au niveau provincial que municipal. Jusqu’à maintenant les révélations ont porté principalement sur les administrations municipales mais il y a suffisamment de faits établis, notamment dans les rapports du Vérificateur général, pour conclure que la collusion entre des fonctionnaires provinciaux et des entreprises privées est assez courante.
Ce sont surtout les contrats liés aux infrastructures routières et aux systèmes informatiques qui ont été mis en cause mais il faut s’assurer que les pratiques frauduleuses, motivées par la recherche d’avantages personnels ou de financement politique, ne se sont pas répandues à tous les ministères et organismes. Par exemple, le ministère des Finances confie à des institutions financières des montants énormes en transactions à réaliser, ce qui entraîne des déboursés de plusieurs dizaines de millions de dollars par année en frais et commissions, sans compter les intérêts sur la dette.
Les milieux financiers sont des milieux fermés, à l’éthique élastique et où une rémunération n’est jamais considérée extravagante. Nos fonctionnaires du ministère impliqués dans les activités financières interagissent quotidiennement avec ce milieu, ils se considèrent comme en faisant partie et plusieurs ont du mal à accepter les normes de rémunération de la fonction publique. On ne peut pas présumer que l’occasion fait le larron et ce contexte ne serait pas suffisant pour cibler en priorité le ministère des Finances.
Ce qui fait que le ministère des Finances mérite une attention particulière c’est que la culture de confidentialité absolue qui s’y est installée met ce ministère à l’abri des procédures de contrôle normales. En ce qui concerne sa performance dans le financement et la gestion de la dette, incluant les frais financiers qu’il encourt, le ministère n’est soumis à aucune vérification externe spécialisée contrairement à toutes les institutions qui gèrent des portefeuilles d’actifs financiers. Au début des années deux milles, le ministère des Finances a même combattu avec succès une tentative du Vérificateur général de procéder à une vérification des processus du secteur concerné.
Que ce ministère ait le pouvoir de se soustraire ainsi à une demande du Vérificateur me semble inacceptable en temps normal, mais alors que la crédibilité de l’ensemble de l’administration publique est à refaire il serait essentielle que la première ministre ordonne la vérification la plus complète des activités financières du ministère. L’incident rapporté ici a eu lieu sous un gouvernement péquiste mais, à ma connaissance, le bureau du Vérificateur n’a pas eu davantage accès aux données pertinentes sous le régime libéral.


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