Près de 2,5 millions de Français vivent désormais à l’étranger, et l’exode se poursuit. Une commission d’enquête parlementaire, créée en avril, et dirigée par le secrétaire général du parti de l’opposition de l’UMP, Luc Chatel, devrait publier mardi un rapport concernant ce phénomène d’émigration. Cependant, la semaine dernière, il a lui-même publié un « contre-rapport », dans lequel il critique les conclusions non encore publiées du rapport officiel.
On constate une hausse constante du nombre de Français qui décident de partir, de 2 à 4% de plus chaque année. Ils se répartissent sur toutes les couches de la société, des jeunes aux chefs d’entreprise, en passant par les retraités. Selon un rapport publié par le ministère des Affaires Etrangères le mois dernier, les destinations préférées de ces expatriés sont le Royaume-Uni, la Suisse, les Etats-Unis, la Belgique et l’Allemagne. Le consulat français à Londres indique que près de 400 000 Français vivent dans la capitale britannique, l’équivalent en population de la 6ème ville de France derrière Paris, Marseille, Lyon, Toulouse et Nice.
Le même rapport indique que l’on recensait 1,6 millions de Français expatriés l’année dernière, mais ce chiffre n’inclut que les Français à l’étranger qui ont signalé leur présence auprès du consulat de leur pays d’accueil. « Le chiffre réel est donc deux fois plus élevé », affirme Hélène Charveriat, Délégué Général de l'Union des Français de l'Etranger (UFE), interrogée par le journal britannique The Independent.
Elle juge que le chiffre de 2,5 millions de Français à l’étranger n’est « pas énorme », mais s’inquiète de la progression régulière du nombre de départs. « Les jeunes gens se sentent coincés, et ils veulent des emplois intéressants. Les chefs d’entreprises se plaignent d’un code du travail complexe et qu’on les taxe avant même qu’ils n’aient commencé à travailler. Les retraités peuvent aussi payer moins d’impôts à l’étranger ».
D’après Luc Chatel, les Français qui partent choisissent de le faire en raison de l’environnement défavorable que la France offre à ses « forces vives », parce qu’ils ont l’impression qu’il leur sera « impossible d’y arriver en France ».
Au journal Le Figaro, il a décrit cet environnement : une « mentalité hostile au travail, une pression fiscale absurde, une absence de promotion, et le souci de la dette qui repose sur les générations futures ».
Un rapport du cabinet Deloitte montre que 80% des jeunes diplômés français qui se voient proposer une offre d’emploi en France et une autre à l’étranger choisissent celle de l’étranger, et que 40% de ceux qui émigrent affirment qu’ils n’envisagent pas de revenir. Ils citent comme raisons le fait que la réussite en fonction du mérite est plus évidente dans les autres pays, que l’innovation et l’entreprenariat sont plus valorisés, et que les rémunérations sont meilleures.
Le contre-rapport de Chatel met également en cause la pression fiscale en France, indiquant que le nombre de familles qui ont émigré et dont le revenu fiscal de référence dépasse les 300 000 euros a quasiment doublé entre 2011 et 2012.
Selon le rapporteur de la Commission d’enquête, le député socialiste Yann Galut, l’UMP manifeste du dépit parce que le parti n’a pas été capable de montrer qu’un « exode massif » avait débuté depuis l’élection du président François Hollande en 2012.
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