Je reviens d’un voyage de repos au cours duquel j’avais glissé dans mes bagages l’entretien accordé par le pape François à Antonio Spadaro, s,j., publié chez Flammarion en 2013 sous le titre « L’Église que j’espère ».
À maintes occasions au cours de cet entretien, le pape François réfère au « peuple de Dieu » comme étant le centre d’attraction vers lequel doit tendre toute l’action œcuménique de l’Église.
À titre d’exemple, au chapitre 2 « Sentir avec l’Église », le pape s’exprime en ces termes : « L’appartenance à un peuple a une forte valeur théologique : Dieu dans l’histoire du salut a sauvé un peuple. Il n’y a pas d’identité pleine et entière sans appartenance à un peuple. Personne ne se sauve tout seul, en individu isolé, mais Dieu nous attire en considérant la trame complexe des relations interpersonnelles qui se réalisent dans la communauté humaine ».
Sans entrer des les bondieuseries faciles, personne ne pourra nier que, depuis le début de son pontificat, François a pris résolument la décision de remettre l’Église aux mains de son peuple en se mettant résolument à l’écoute de ses besoins et de ses aspirations, et, en ce sens, l’analogie avec un État centré sur les besoins et aspirations du peuple qui le compose prend toute sa signification.
Un analogie que le pape François reprend à son compte avec davantage d’acuité dans ces paroles fort révélatrices de la conscience moderne de Jorge Mario Bergoglio :
« …être citoyen veut dire être convoqué par un choix, être appelé à une lutte, à la lutte pour appartenir à une société et à un peuple…La laïcité de l’État, l’autonomie réciproque de l’Église et de l’État, leurs relations horizontales et paritaires garantissent la citoyenneté comme une œuvre collective en construction constante… »
Enfin, dans un chapitre intitulé « François ou le génie de la magnanimité », Antonio Spadaro touche du doigt ce qui, à mon sens, définit clairement le discours du pape François : « À mesure que j’avançais dans l’entretien avec le pape François s’ancrait dans mon esprit la conviction que nous allions enfin sortir de la stupide et assommante querelle herméneutique que se livrent les tenants de la continuité et ceux de la rupture…Enfin un regard pour envisager l’avenir autrement qu’à travers la lamentation! Enfin une parole de joyeuse espérance…ne nous obligerait plus à choisir entre l’optimisme des imbéciles et le pessimisme des déprimés! »
Cette Église sclérosée que décrie François depuis le début de son pontificat, déconnectée de ses fidèles, présente, à mon sens, des similitudes avec cet État du Québec, laissé à lui-même depuis des décennies par des dirigeants isolés dans des tours d’ivoire. En somme, de l’Église qu’espère le pape François à l’État que souhaite les Québécois, existe une analogie révélatrice qui devrait guider nos dirigeants vers la voie des aspirations légitimes de leurs commettants, à savoir qu’ « il n’y a pas d’identité pleine et entière sans appartenance à un peuple ».
Henri Marineau
Le pape François proche du peuple
Un exemple pour le Québec
Pour des dirigeants moins isolés
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
26 février 2014...État du Québec, laissé à lui-même depuis des décennies par des dirigeants isolés dans des tours d’ivoire...
Très bien dit. Avec des technocrates qui pensent savoir ce qui est bon pour les gens et qui veulent créer un homme nouveau mais qui mène à un cul de sac. En se servant d'idéologies néfastes. Comme la culture de la mort. Il faut promouvoir une culture de la vie dans un Québec généreux. Donnons nous une chance au Québec. Le Pape François est du côté des plus faibles.