Tsipras : Vous vouliez un plan crédible ? Le voici. Maintenant parlons dette

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«Les notions étriquées Gauche-Droite n’auront plus vraiment cours»

Alors, comme ça, Tsipras aurait organisé un référendum en Grèce juste pour avoir l’occasion de le renier et permettre à ses adversaires de crier à la trahison, alors qu’il aurait pu se coucher tout de suite ? En plus d’être un parfait Machiavel, limite tordu, Tsipras serait un sacré masochiste.


Qu’a fait Tsipras ? Il vient d’avancer un pion dans un jeu complexe dont nous avons tendance à oublier les origines. Que demande la Grèce ? Arrêter les dégâts de la politique d’austérité qui lui a été imposée à cause de sa dette et repartir d’un bon pied. Le gouvernement grec actuel a été élu dans ce but. Or, si la dette grecque n’est pas réaménagée, il n’y a aucune chance pour que le pays sorte de l’impasse.


Qu’est-ce qui empêchait l’Eurogroupe d’entamer les discussions sur l’allègement ou la restructuration de la dette grecque après l’élection de Syriza ? Rien. Le FMI reconnait aujourd’hui que c’est la voie à suivre. A tout moment, et jusqu’à l’annonce de la tenue du référendum, ils avaient la possibilité de l’envisager. Il n’en a rien été. Au contraire, ils ont accentué la pression, jusqu’à poser un ultimatum à la Grèce. Si rien ne les empêchait de suivre la voie de la raison, ils avaient, en revanche, de bonnes raisons pour ne pas le faire. On pourra spéculer sur ces raisons, mais il reste que l’objectif premier de l’Eurogroupe a été de pousser la Grèce à l’extrême limite du bord du précipice et a tout fait pour l’y maintenir, la retenant par des bouts de ficelles qu’il menaçait de rompre à tout moment. C’est ce que nous avons constaté jusqu’au jour de l’ultimatum. L’attitude postérieure du FMI montre que la menace de rompre les ficelles n’était que du bluff car, en réalité, il n’était pas dans leur intention de faire tomber la Grèce dans le précipice.


Avec le référendum, Tsipras n’a fait que perturber le déroulement du jeu, mais il continue. Le meneur de jeu, lui, a compris très tôt que le fil du scénario initial est rompu et qu’il fallait changer de stratégie, mais il est difficile de stopper net un bateau en pleine course. Ainsi, dès le lendemain du référendum, Hollande et Merkel envoient une sorte de sommation à Tsipras. Celui-ci devra présenter une proposition crédible (sous-entendu acceptable pour l’Eurogroupe), sinon… Sinon rien, car la proposition crédible, rédigée avec l’aide de la France, a été faite par le gouvernement grec qui a évité de toucher à tout ce qui était intouchable pour préserver l’esprit du non du référendum.


La proposition du gouvernement grec semble revenir au point de départ, mais il n’en est rien, car il y a une différence de taille. Avant le référendum, une telle proposition aurait tout juste permis à la Grèce de s’éloigner du bord du précipice et de souffler un peu. L’Eurogroupe aurait lâché du lest en lui accordant un peu de répit, pour mieux revenir à la charge, mais ne se serait jamais engagé dans de vraies négociations. Aujourd’hui, la situation n’est plus la même. En lui fournissant ce qu’il avait explicitement demandé, le gouvernement grec met l’Eurogroupe au pied du mur, tout en sachant parfaitement qu’aucun des points sur lequel il a « cédé » n’aurait sauvé la Grèce s’’il l’avait sauvegardé. Ce faisant, Tsipras prend de gros risques politiques chez lui, surtout avec cette impression persistante de trahison véhiculée par les médias, mais les évènements vont tellement vite qu’il sera difficile de les évaluer.


Et maintenant ? Les discussions au sein de l’Eurogroupe vont être âpres, car il y a des pots cassés à payer. Comme d’habitude, le meneur de jeu a fait en sorte que ce soit à l’Europe de le faire, l’Allemagne en particulier. Quelle que soit la décision de l’Eurogroupe, elle sera lourde de conséquences. D’autres pays comme l’Espagne ou le Portugal attendent, en embuscade. Nous n’en sommes donc qu’au début de cette guerre qui promet d’être dévastatrice. Il faudra garder à l’esprit que les combats à venir dépasseront largement le cadre du bras de fer actuel entre la Grèce et l’Eurogroupe. Les notions étriquées Gauche-Droite n’auront plus vraiment cours. On ne fait pas la guerre avec la seule bannière Gauche ou Droite. Et Alexis Tsipras, bien que de Gauche, utilisera toutes les armes dont il dispose pour mener le combat.


Quant aux médias, ils regardent les évènements comme des spectateurs d’un match de tennis, croyant que chaque coup décisif est le coup de la victoire, alors que nous n’en sommes peut-être qu’au premier jeu. La balle est maintenant dans le camp d’Angela Merkel. Ce sera dur pour la patronne de l’Union Européenne de courber l’échine, encore une fois, mais il y a de fortes chances pour qu’elle le fasse, la NSA y veillera. Dans un cas comme dans l’autre, ce ne sera pas bon ni pour l’Euro, ni pour l’Europe.


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