Spectacle Québec-Haïti

Trop de chansons anglaises

Tribune libre

Ce matin en parcourant la presse et en écoutant les commentaires radio-télé, j'en suis venu à me demander si je n'étais pas un anachronisme vivant. Comme des millions de Québécois, j'ai écouté et regardé hier soir le super spectacle bénéfice mis sur pied par les artistes francophones du Québec pour lever des fonds en faveur des sinistrés d'Haïti.
Je l'ai regardé du début à la fin ce spectacle dont lles premières notes furent marquées par l'exceptionnelle et bouleversante prestation de la cantatrice Marie-Josée Lord. Puis ce furent les Ferland, Dufresne, Hervieux et autres grands noms de notre chanson ayant répondu à l'appel du solidaire Luck Merville.
J'étais ému et ébloui par le talent et la générosité de ces artistes qui, en moins de quatre ou cinq jours, avaient réussi ce tour de force qui a été retransmis par toutes les chaînes francophones du Québec.
Puis, tout s'est gâté (à moins que ce ne soit moi qui sois devenu gâteux avec ma détermination inébranlable de faire du Québec une république indépendante, francophone et laïque.
Tout a basculé quand "nos" artistes québécois de langue française se sont mis tout à coup à chanter à qui mieux mieux dans la langue d'Hemingway. Et pas seulement à peu près: J'ai calculé que sur 23 chansons, 9 avaient été interprétées uniquement en anglais...pour un auditoire à 100% francophone ! Comme si le riche et vaste répertoire musical de la francophonie ne suffisait pas à meubler ce temps d'antenne historique.
À la même heure, les réseaux anglophones, du Canada et des États-Unis, présentaient un spectacle similaire dans le but de recueillir des millions de dollars pour cette vaste opération humanitaire. On y chantait évidemment en anglais, ce qui est tout à fait normal au Canada et aux États.
Mais ici, à la télé québécoise francophone, je n'arrive pas à m'expliquer pourquoi nos chanteurs ont consacré plus du tiers de leur répertoire à l'anglais. Et ne me dites pas que je suis anglophobe. Je me débrouille fort bien en anglais et je me fais un plaisir de parler cette langue quand je suis à l'extérieur du Québec.
À moins que quelqu'un m'explique ce qui m'est incompréhensible, je crois que nos jeunes artistes ne réalisent tout simplement pas qu'ils sont colonisés jusque dans la substantifique moelle de leurs os. Qu'ils ne réalisent pas qu'en agissant comme ils l'ont fait, ils n'ont démontré aucune fierté de ce que nous sommes vraiment. Ça me peine énormément, ça me trouble et ça attise ma colère d'indépendantiste qui croyait encore que nos artistes pouvaient être des phares dans notre combat pour reprendre ce pays qui est le nôtre.
Dites-moi, je vous en prie. Suis-je un anachronisme ?


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    30 janvier 2010

    Il faut comprendre que le showbiz québécois est contrôlé, ainsi que le cinéma, par les adversaires de l'indépendance, tout comme radio-cadenas et autres médias. Je suis moi-même comédien et chanteur qui ne chante qu'en français, et surtout des chansons nationalistes, tel Félix Leclerc, et je suis boycoté, sans soutien, même par les mouvements supposés souverainistes comme, entre autres, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal.
    Y a des manipulateurs infiltrés partout.
    On va bientôt écrire Québec (QC) Kébeq (KQ)
    Yvon Sylva

  • Archives de Vigile Répondre

    23 janvier 2010

    Pendant ce temps, personne ne pose la question ; où va tout cet argent ?
    Avant la catastrophe, personne ne donnait un sous pour qu'un Haitiens puisse avoir le capital nécessaire pour développer une entreprise et développer l'économie haïtienne par les Haitiens.
    Est-ce que tout cet argent servira à payer des produits américains ou Québécois ?
    Certainement pas des produits haïtiens !

  • Pierre Schneider Répondre

    23 janvier 2010

    @ Nosco: Il n'y a pas de mauvais moment pour se tenir debout et être fiers de notre langue, surtout pas dans un spectacle pour les téléspectateurs francophones. Autant j'ai du respect pour la solidarité de ces artistes, autant ceux qui renient le français m'enragent.

  • Archives de Vigile Répondre

    23 janvier 2010

    J'aimerais que monsieur NOSCO m'explique pourquoi on serait xénophobe et restreint d'esprit lorsqu'un spectacle de solidarité Québec-Haïti se déroule uniquement dans la langue officielle de ces deux nations, la nation québécoise et la nation haïtienne?
    Pourquoi est-il normal qu'à Toronto et à New-York le même spectacle ne suscite pas vos mêmes craintes lorsque les artistes de ces villes respectives choisissent uniquement la langue anglaise pour se solidariser avec le peuple haïtien?
    C'est cette rhétorique culpabilisante de votre part qui est insupportable!

  • Archives de Vigile Répondre

    23 janvier 2010

    Je suis outré et révolté!
    Que la solidarité de deux pays membres à part entière de la francophonie, Haïti et Québec, se traduise dans une autre langue est scandaleux!
    Quel message venons nous d'envoyer? Que la compassion et l'entraide pour être prises au sérieux doivent s'exprimer dans une autre langue que la langue officielle du Québec et d'Haïti?
    Les gens qui défendent la place du français au Québec et qui en ont fait le combat de leur vie n'ont pas de leçon de compassion à recevoir. J'ai moi-même fait un généreux don à Haïti et ai parfaitement le droit de dénoncer ce spectacle désolant qui nous démontre à quel point nous sommes profondément colonisés et à genoux devant l'anglophilie triomphante.
    Bravo à Daniel Boucher qui est de toutes les causes sociales et qui s'est tenu debout par son silence!

  • Claude Richard Répondre

    23 janvier 2010

    Tout à fait d'accord avec vous, monsieur Schneider.
    Il y a une mode qui devient agaçante chez les artistes québécois, c'est d'émailler leurs spectacles de chansons anglaises. Cette tendance est encouragée par des réseaux comme celui de Radio-Canada qui ne mettent plus aucune barrière aux chansons en langue anglaises alors qu'autrefois il n'y en avait pas sur le réseau français. Ce qui était logique et sain.
    On semble s'inspirer de ce qui se fait en France où la prostitution linguistique est de mise et progresse. Prostitution ou masochisme, cela revient au même.
    C'est drôle comme cette supposée ouverture au monde ne se retrouve pas dans les pays anglo-saxons, où on s'accommode très bien de l'unique idiome local.
    Cette supposée ouverture n'est qu'un conformisme qui cache une soumission à l'impérialisme anglo-américain. Et un Grégory Charles et un Luck Merville, soi-disant nationalistes, patriotes et anti-impérialistes, qui se soumettent allègrement à ce nouveau dogme! Bravo à Daniel Boucher que j'ai vu lèvres closes pendant la "magnifique" clôture collective tout en anglais!

  • Nosco Répondre

    23 janvier 2010

    M. Schneider votre commentaire est juste, mais il arrive à un bien mauvais moment. Après une si belle démonstration de solidarité et de la détermination du peuple québécois à remonter le moral de la diaspora Haitienne du Québec, il n’est pas vraiment le temps de calculer des ratios de chanson anglophone et francophone. Quand j’ai découvert, en ce lendemain de veille, que le seul commentaire sur le spectacle était le vôtre, je me suis dit que vous avez tiré bien vite sur la gâchette. Lorsque le peuple québécois bâtit de l’espoir et démontre sa force, voulez-vous bien m’expliquer pourquoi vous vous cherchez à nous tirer vers le bas. Cette attitude dont vous n’êtes pas le seul à vous y laisser prendre est une bien plus grande problématique que les ratios dont vous nous faites mentions. Le débat sur la place de la langue peut être relancé à de multiple moment dans l’année sans aucun problème. Là je crois que les Haïtiens et les Québécois solidaires n’en ont rien à cirer de votre missive. Alors, soyons solidaires et fiers de prendre nos responsabilités face au drame d’Haïti et continuons d’assister le peuple haïtien par l’entremise de nos institutions et artistes québécois.
    Bravo à Luc Mervil, ce fier québécois né à Port-au-Prince et mille fois merci à tous les artistes!
    Nosco