Troisième tour électoral en Israël, décisif pour Netanyahu

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Une troisième élection en un an pour rien ?


JÉRUSALEM | L'heure de vérité sonne lundi en Israël avec les troisièmes élections législatives en moins d'un an, qui pourraient mettre fin à la plus importante crise politique du pays et sceller le sort du premier ministre Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption. 


Après des élections en avril et en septembre 2019 n'ayant pas réussi à départager le Likoud (droite) de M. Netanyahu et la formation centriste Kahol Lavan («Bleu-blanc») de Benny Gantz, les citoyens de l'État hébreu sont chargés de boucler ce triathlon politique. 


Une chose a changé depuis le dernier scrutin: l'inculpation de Benjamin Netanyahu, devenu en novembre le premier chef de gouvernement israélien en fonction à être mis en examen, et de surcroît pour corruption, malversations et abus de confiance. 


Dans l'un des dossiers, la justice le soupçonne d'avoir accordé des faveurs gouvernementales qui pourraient avoir rapporté des millions de dollars au patron de la société de télécoms Bezeq, en échange d'une couverture médiatique favorable d'un média du groupe. 


L'inculpation de M. Netanyahu, qui joue son avenir politique à deux semaines du début de son procès le 17 mars, n'a pas causé de fléchissement de ses soutiens au sein du Likoud, selon les derniers sondages. Ceux-ci prévoient une nouvelle lutte serrée avec M. Gantz, qui pourrait se jouer à un ou deux sièges près. 



Plan Trump


M. Netanyahu a récemment vu ses appuis légèrement progresser pour talonner Benny Gantz, ex-chef d'état-major, dans les intentions de vote. 


Quelque 6,4 millions d'électeurs sont conviés pour ce scrutin qui a débuté à 7 h locales (minuit à Montréal) et doit s'étirer jusqu'à 22 h (15 h à Montréal). Suivront ensuite des sondages à la sortie des urnes et des résultats préliminaires. 


Ella Levy, 63 ans, de Jérusalem, a dit avoir voté pour M. Netanyahu. «Bibi Netanyahu nous a menés où nous sommes aujourd'hui, politiquement, économiquement [...] et je veux que cela continue. Et puis, il reste innocent jusqu'à preuve du contraire», dit-elle.  


Étudiante en mathématiques, Inbal a, elle, donné sa voix pour Benny Gantz afin de bloquer la voie à son rival. «Gantz ne m’impressionne pas... mais il n'y a pas d'autres options pour les gens comme moi», dit-elle.  


D'après les derniers baromètres, ni le Likoud ni «Bleu-blanc» ne peuvent espérer plus d'une trentaine de sièges sur les 120 du Parlement, d'où l'importance des résultats de leurs alliés et de formations non alignées pour ce scrutin, dont la grande inconnue demeure le taux de participation. 


M. Netanyahu compte sur l'appui des formations juives ultra-orthodoxes du Shass, cooptant une partie importante des voix séfarades (juifs orientaux), du Judaïsme unifié de la Torah, qui s'adresse principalement aux orthodoxes ashkénazes (d'Europe de l'Est), et de la liste Yamina (droite radicale) de l'actuel ministre de la Défense Naftali Bennett. 


De son côté, «Bleu-Blanc» mise sur le soutien des partis de gauche - réunis au sein d'une liste unique - et pourrait bénéficier d'un appui ponctuel de la «Liste unie» des partis arabes israéliens. 


Ces derniers avaient provoqué la surprise en septembre en gravissant la troisième marche du podium et aimeraient aller encore plus loin. 


La «Liste unie» tente de récolter les fruits de la frustration chez la minorité arabe israélienne (environ 20% de la population) face au plan américain pour un règlement du conflit israélo-palestinien, un projet applaudi par Israël et rejeté par les Palestiniens. 


Ce plan du président Donald Trump prévoit de faire de Jérusalem la capitale «indivisible» d'Israël, ainsi que de transférer le contrôle d'une dizaine de villages et villes arabes israéliens à un futur État palestinien. 


M. Netanyahu a d'ailleurs mené sa campagne sur le socle du plan Trump, en promettant l'annexion, rapide, de la vallée du Jourdain et de colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, comme prévu par le plan. 



Crainte du coronavirus


Benny Gantz, qui soutient aussi le projet américain, a fait en partie campagne sur les problèmes judiciaires du premier ministre, invitant la population à voter en faveur de la «fin de l'époque de Netanyahu», au pouvoir pendant 14 ans, dont la dernière décennie sans interruption. 


Dans ce contexte polarisé se glisse la formation Israël Beiteinou, alignée sur aucun des deux grands blocs. Son chef Avigdor Lieberman, un nationaliste laïque hostile aux partis arabes et juifs orthodoxes, pourrait faire pencher la balance en faveur de l'un ou de l'autre. 


Autre inconnue: la crainte du nouveau coronavirus. Selon un dernier bilan, dix cas ont été recensés en Israël, et des partis redoutent que la propagation de «fausses nouvelles» sur l'épidémie pousse des électeurs à éviter les bureaux de vote. 


Les autorités ont demandé à quelque 5600 Israéliens, entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans les pays touchés par l'épidémie, de voter dans des bureaux de vote qui leur sont réservés. 






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