Sous pression, le candidat de Trump pour diriger le renseignement national renonce

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C'est Trump qui a demandé le retrait de sa candidature


Washington | La pression fut trop forte: critiqué pour son manque d’expérience et accusé d’avoir exagéré certains faits d’armes, l’élu républicain John Ratcliffe, choisi par Donald Trump pour occuper le poste sensible de directeur du renseignement national, a annoncé vendredi son retrait.


Le président américain, dont il est un fidèle, a dénoncé «la manière très injuste» dont M. Ratcliffe a été traité par «les grands médias bidon». 


«Plutôt que de subir des mois de calomnies, j’ai expliqué à John à quel point ce serait terrible pour lui et sa famille d’avoir affaire à ces gens-là. John a donc décidé de rester au Congrès», a tweeté M. Trump, en précisant qu’il allait révéler le nom de son nouveau candidat «sous peu». 


L’intéressé, 53 ans, a dit dans un communiqué être «très reconnaissant envers le président», mais qu’en raison du vif débat suscité par sa nomination, il avait décidé de demander «au président de nommer quelqu’un d’autre» à cette fonction qui coordonne les activités de la CIA, de la NSA et des 15 autres services de renseignement américains. 


«Je reste convaincu qu’une fois confirmé (à ce poste), j’aurais (œuvré) avec l’objectivité, l’impartialité et l’intégrité dont ont besoin et que méritent nos agences du renseignement», a-t-il affirmé. 


«Toutefois, je ne veux pas qu’un débat, même erroné, sur la sécurité nationale et le renseignement autour de ma confirmation devienne une affaire purement politique et partisane», a-t-il ajouté.  


L’annonce a aussitôt été accueillie avec soulagement par des responsables démocrates. 


«Dieu merci», a réagi le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. Le nom de John Ratcliffe «n’aurait jamais dû être envisagé (...). Le prochain directeur du renseignement national doit être quelqu’un d’impartial, qui voit le monde objectivement et tient tête au pouvoir». 


Côté républicain, Richard Burr, président de la commission du Renseignement du Sénat, a sobrement dit «respecter la décision de John Ratcliffe». 


Inquiétudes  


Le choix de John Ratcliffe, ancien maire d’une banlieue aisée de Dallas, au Texas, et procureur fédéral pendant tout juste un an, en 2007, avait été critiqué notamment par des démocrates, en raison du manque d’expérience de l’élu et de son dévouement au président. 


M. Ratcliffe est souvent apparu sur la chaîne conservatrice Fox News pour critiquer l’enquête du procureur spécial Robert Mueller et déclarer qu’il n’avait «pas vu de preuve» qu’une ingérence de la Russie dans l’élection présidentielle de 2016 ait contribué à la victoire de M. Trump. 


Son entourage au Congrès a par ailleurs affirmé que durant son mandat de procureur, il avait dirigé les poursuites dans d’importantes affaires de terrorisme, mais aucune trace de son implication dans ce genre d’affaires n’a été trouvée dans les archives judiciaires. 


Et selon le Washington Post, il a largement exagéré son rôle, mais aussi les faits eux-mêmes, en assurant avoir arrêté plus de 300 migrants clandestins en un jour au Texas. 


L’actuel directeur du renseignement national, Dan Coats, quittera ses fonctions le 15 août après deux ans à ce poste. 


Pendant ce mandat, M. Trump a fréquemment ignoré l’avis de M. Coats et l’a tenu à l’écart de certains dossiers, notamment des relations avec la Russie. 


Le rôle du directeur du renseignement national est d’établir des priorités parmi les menaces auxquelles le pays est confronté. Toutes les personnes ayant occupé ce poste jusque-là ont été d’anciens diplomates versés dans les questions de sécurité nationale, des militaires à la retraite, des anciens responsables du Pentagone ou des directeurs d’agences de renseignement. 


Le départ de M. Coats sera le dernier en date d’une longue série au plus haut niveau de l’administration Trump. 


Ont notamment quitté leurs fonctions depuis le début du mandat de M. Trump le secrétaire à la Défense Jim Mattis, la secrétaire à la Sécurité intérieure Kirstjen Nielsen, le chef de cabinet de la Maison-Blanche John Kelly et le secrétaire d’État Rex Tillerson.