Son ex-blonde séquestrée et battue pendant 10 jours

4e3d3cd7a581d745b34dcf49453394f8

Les moeurs barbares du tiers-monde importées chez nous


 Un jeune homme de 22 ans a fait vivre une virée d’horreur à son ex en la séquestrant durant 10 jours, allant jusqu’à la droguer de force, la battre avec des outils et la menacer de lui enlever son bébé.  


 Mohammed Ibrahim Benmokrane a plaidé coupable le mois dernier au palais de justice de Saint-Jérôme à une kyrielle d’accusations en lien avec le spectaculaire enlèvement d’une jeune femme avec laquelle il a été brièvement en couple, ainsi que du bébé de celle-ci, en septembre 2016.   


 Laura (il s’agit d’un nom fictif puisqu’une ordonnance du tribunal protège son identité) se faisait régulièrement frapper, pousser ou étrangler.   


 Lors de l’enquête préliminaire de Benmokrane, en juin 2017, elle a raconté comment sa relation toxique avec l’accusé s’est terminée.   


 À la fin de l’été 2016, Laura et Benmokrane sont séparés. Ce dernier lui quémande toutefois une dernière chance. Il lui dit qu’il a changé. Mais les belles promesses s’envolent vite.   


 Rapidement, il se met à contrôler sa vie. À partir du 2 septembre, la jeune femme ne peut plus sortir de chez elle. Et pendant trois jours, il l’oblige à s’enfiler des lignes de cocaïne pour ne pas qu’elle dorme, a-t-elle témoigné. Les fois où elle résiste, il la mutile avec un couteau.   


 Ça n’arrête pas  


 Au fil des jours, la torture se poursuit. Il lui arrache des cheveux par poignées, lui donne des coups de poing à la tête. Il lui plante même un tournevis dans un pied. Si elle se débat, crie ou essaie de se sauver, des volées de coups suivent.   


 Le 11 septembre, après neuf jours à lui faire subir ces sévices, Benmokrane oblige sa victime à le conduire jusque sur la Rive-Nord. Elle le supplie de la laisser aller reconduire l’enfant chez un proche, mais il refuse.   


 «En roulant, j’ai essayé de prendre une autre sortie. Il était sur la banquette arrière, derrière moi, à côté de la coquille du bébé et il a attrapé le volant pour changer de direction. Il me donnait des coups de poing par-derrière. J’ai compris que je devais l’écouter», a-t-elle relaté.   


 Il continue de la frapper alors qu’elle conduit, l’oblige à se rendre jusqu’à Laval et la fait sortir à la hauteur du boulevard Notre-Dame. Ils s’arrêtent dans un stationnement. Peu après, deux hommes qu’elle ne connaît pas se pointent. L’un d’eux prend le bébé dans ses bras. Elle panique.   


 Elle doit abandonner sa voiture et rejoint son enfant dans la Mustang orange des inconnus. Benmokrane est pressé et il ne lui laisse même pas le temps d’installer la coquille du bébé. Elle doit garder le poupon dans ses bras pour le reste du trajet.   



C’est dans cette maison des Laurentides que la victime a été amenée puis torturée pendant deux jours.

Photo d'archives, Agence QMI

C’est dans cette maison des Laurentides que la victime a été amenée puis torturée pendant deux jours.




 Ils se rendent ensuite jusqu’à une grande maison à Sainte-Adèle, dans les Laurentides. «Il me dit qu’on va habiter là», s’est souvenue Laura.   


 Dans la résidence, des outils traînent un peu partout. Elle est apeurée, se demande ce qu’il va leur arriver. Elle entrevoit une lueur d’espoir lorsqu’elle aperçoit un cellulaire sur un comptoir. En cachette, elle s’empresse d’appeler un proche et demande de l’aide. Mais Benmokrane la surprend et interrompt l’appel. Pour la punir, il la frappe et lance une assiette dans sa direction. Mais elle se fracasse à quelques pouces de la coquille dans laquelle se trouve le bébé.   


 Du sexe pour le calmer  


 «J’ai paniqué. Il fallait qu’il se calme, je savais que ce qu’il voulait, c’était du sexe», a-t-elle dit. À contrecœur, elle s’étend sur le lit avant de s’exécuter. Pendant qu’il jouit, il la surprend en l’étranglant et en la frappant au visage.   


 Peu après, elle réussit à s’assoupir, mais se fait réveiller par les cris de Benmokrane, au petit matin.   


 «Il me dit qu’il veut qu’on appelle ma grand-mère pour qu’elle nous donne 10 000 $», a-t-elle raconté.   


 La jeune femme refuse et il s’énerve une fois de plus. Dans un excès de rage, il prend une scie mécanique qui traînait dans la maison et la poursuit, la menaçant de la découper en morceaux.   


 «Il n’était pas capable de démarrer la scie. Il m’a donc donné des coups de poing au visage», a-t-elle précisé.   


 Il lâche la scie, s’empare d’une hache et la frappe dans le dos, avec le côté métallique, mais non coupant.   


 «J’ai encore une marque», a-t-elle ajouté, en pointant le haut de son dos. 



Le véhicule dans lequel Gino St-Pierre et Gilles Dostaler sont arrivés.

Photo d'archives, Agence QMI

Le véhicule dans lequel Gino St-Pierre et Gilles Dostaler sont arrivés.




 L’escalade de violence est interrompue par l’arrivée de deux connaissances de Benmokrane, Gino St-Pierre et Gilles Dostaler. Laura a peur et serre très fort son enfant dans ses bras. L’accusé la regarde et lui dit : «C’est fini pour toi. Donne-moi l’enfant.»   


 Il lui annonce que les deux hommes vont partir avec le bébé. Affolée, elle se débat. Mais elle finit par lâcher son bébé, par peur de le blesser.   


 «Il [Benmokrane] s’est ensuite mis à me battre, à me donner des coups de pied au vagin. Les deux autres gars nous regardaient sans rien faire. Je les suppliais de m’aider», a-t-elle raconté.   


 La sonnerie du cellulaire de Benmokrane retentit et met fin à cette ruée de coups. Ce dernier et St-Pierre s’enferment dans la salle de bain pour prendre l’appel.   


 «L’autre gars tenait mon bébé. Je lui ai demandé de m’aider. Il m’a dit que je devais faire mes au revoir à mon enfant», s’est-elle souvenue.   


 La fuite  


 L’homme s’avance vers elle sans rien dire, et lui redonne son poupon. Elle l’implore de la laisser partir. Il répète qu’il ne peut pas l’aider, tout en allant ouvrir la porte d’entrée. Puis, il quitte les lieux, sans explication. La jeune femme saisit la chance qui lui a été subtilement offerte et prend la fuite.   


 «J’ai couru dans la forêt, j’ai couru, j’ai couru», a-t-elle dit.    



La jeune femme a pu se réfugier dans cette résidence voisine.

Capture d'écran TVA Nouvelle

La jeune femme a pu se réfugier dans cette résidence voisine.




 Elle se rend chez un voisin. Sans cogner, elle fait irruption dans la maison, monte à l’étage et se cache dans une garde-robe. Les propriétaires, un jeune couple, paniquent lorsqu’ils entendent quelqu’un se ruer dans leurs escaliers. Puis ils aperçoivent la femme meurtrie et son bébé.   


 «Elle était pleine d’ecchymoses partout. Son bébé tremblait et pleurait», avait décrit à l’époque à TVA Nouvelles le voisin qui a accueilli la victime.   


 Lorsque les premiers patrouilleurs arrivent sur les lieux, Benmokrane et ses deux complices arpentent les lieux, à la recherche de la fille et du bébé. Le trio est arrêté sur-le-champ.   


 Plusieurs efforts  


 En plus d’avoir plaidé coupable aux graves accusations en lien avec ce sordide événement, Mohammed Ibrahim Benmokrane a reconnu avoir harcelé à nouveau sa victime à partir de la prison en la contactant à plusieurs reprises.   


 Il a aussi plaidé coupable relativement à une autre agression sur cette victime, survenue en mars 2016. Il l’a menacée de mort et frappée parce qu’elle avait désactivé la fonction géolocalisation sur son cellulaire, ce qu’il lui interdisait de faire.   


 Il s’est aussi reconnu coupable d’avoir forcé une deuxième jeune femme à se prostituer 10 à 15 fois par jour, en plus de la frapper à de nombreuses reprises.   


 Les parties se sont entendues pour une sentence de six ans de détention. Considérant le temps déjà purgé depuis son arrestation, il lui reste 15 mois de prison. Son avocate a assuré au tribunal que son client a depuis entamé une sérieuse transformation.   








 «On ne peut pas dire qu’il n’y a plus rien à faire avec lui [...] qu’on le met dans une cellule et on jette la clé. Il a maintenant 24 ans», a plaidé Me Mia Manocchio, ajoutant que selon elle, «tous les efforts qu’il a faits dans la dernière année vont porter leurs fruits quand il va sortir [de prison]».   


 Me Caroline Lafleur, de la Couronne, a demandé à ce qu’il soit inscrit au registre des délinquants sexuels à vie. Le juge Michel Bellehumeur a pour sa part tenu à s’adresser à une des victimes, présente dans la salle d’audience.   


 «Ce ne sont pas des actes que je sentence, c’est un individu qui a commis ces gestes-là. Souvent, on voit des gens qui s’impliquent, mais c’est plus un show qu’autre chose. Dans le cas de M. Benmokrane, il semble investi», a-t-il dit.   


 – Avec la collaboration de Claudia Berthiaume et Christian Plouffe  


 ♦ Gino St-Pierre a plaidé coupable à une accusation d'avoir proféré des menaces. Il y a eu un arrêt de procédures quant aux accusations d’enlèvement pour lui et Gilles Dostaler.  


 Chronologie d’un enlèvement sordide   


 1. Benmokrane et la victime se remettent en couple à la fin août 2016.  


 2. Il emménage chez elle à Montréal.  


 3. Début septembre, la violence reprend.  


 4. Il la séquestre une dizaine de jours chez elle. 


 5. Le 11 septembre, il l’oblige à conduire jusque sur la Rive-Nord. 


 6. À Laval, ils montent dans la Mustang orange de deux inconnus. 


 7. On les reconduit jusqu’à une résidence de Sainte-Adèle. 


 8. Pendant deux jours, la victime se fait battre par Benmokrane. 


 9. Le 12 septembre, deux autres individus se pointent. 


 10. Gino St-Pierre et Gilles Dostaler s’apprêtent à partir avec son bébé. 


 11. Elle réussit à se sauver. Elle se réfugie chez un voisin. 


 12. Benmokrane est arrêté puis accusé.