Sondages 2007

Si la tendance ne se maintient pas… (1)

Vigile



Qui formera le prochain gouvernement? Voilà une question particulièrement difficile à trancher par les temps qui courent. Un peu de mathématiques et d’informatique peuvent tout de même éclairer la lanterne des plus impatients gérants d’estrade. Une projection du nombre de sièges obtenus par chacune des formations politiques peut être obtenue en estimant le nombre de voix en faveur de chaque parti dans chacune des circonscriptions selon une règle de trois basée sur la proportion nationale des suffrages aux élections de 2003, d’une part, et les résultats d’un sondage récent, d’autre part. Par exemple, si en 2003, un parti a recueilli 25% des votes dans une circonscription donnée alors qu’il en obtenait 20% à l’échelle de tout le Québec, un sondage lui accordant aujourd’hui 40% au plan national permet d’estimer qu’advenant la tenue d’un scrutin, ce parti en raflerait maintenant 50% (25 x 40 / 20) dans ladite circonscription. On peut vérifier la fiabilité de cette estimation en appliquant une telle règle de trois aux résultats électoraux de chaque circonscription en 1998 sur la base des pourcentages nationaux de chaque parti aux élections du 14 avril 2003. On tombe alors pile sur le nombre de sièges que chaque parti a effectivement obtenu au terme de ce scrutin de 2003, soit 76 libéraux, 45 péquistes et 4 adéquistes. Toute imparfaite qu’elle soit, la fiabilité de cette méthode n’en est pas moins constatée.
À quelques jours du déclenchement des hostilités et pour notre bon loisir, on peut donc pondérer les résultats des plus récentes élections québécoises à l’aide du tout dernier sondage, celui rendu public par Léger Marketing le 13 février dernier. Il est évidemment trop tôt pour se fier à ce calcul de façon catégorique. Il ne s’agit que d’un cliché instantané qui reste aveugle au fait que le PQ est passé de 46% à la veille du Congrès national de juin 2005 à 31% aujourd’hui. Libéraux et adéquistes se partagent respectivement 36% et 21% de l’électorat. Le parieur téméraire trop impatient de paraphraser dès maintenant l’un des quelques journalistes n’ayant pas encore traversé la clôture pourrait donc affirmer que « si la tendance [à la baisse du PQ] ne se maintient pas »:
- De peine et de misère, le Parti Québécois d’André Boisclair reprendra le pouvoir à la faveur d’un fragile gouvernement minoritaire comptant 55 députés, soit 10 de plus qu’en 2003, mais 15 de moins que l’opposition. Les principaux gains péquistes auront lieu en Montérégie, aux dépens de cinq députés libéraux sortants. La plus belle surprise aura lieu dans Crémazie. Au terme de cet exercice démocratique, l’agenda référendaire péquiste sera forcément paralysé.
- Le Parti Libéral de Jean Charest sera le premier parti d’un gouvernemental sortant depuis 1960 à n’avoir formé le gouvernement que pour un seul mandat, se contentant de 53 députés, soit seulement deux de moins que le PQ malgré un plus grand nombre de voix. Jean Charest lui-même sera élu d’extrême justesse. Quatre députés libéraux de la région de Québec et quatre autres de Chaudière-Appalaches mordront la poussière aux mains de l’ADQ.
- L’Action démocratique du Québec de Mario Dumont obtiendra enfin le statut de parti officiel et détiendra la balance du pouvoir en faisant élire 17 députés, soit 13 de plus qu’en 2003. Chaudière-Appalaches sera sa région de prédilection avec 7 victoires sur 8 circonscriptions. Suivra celle de la Capitale nationale, avec 4 candidatures élues sur 11. Les circonscriptions de Rivière-du-Loup, Rouyn-Noranda-Témiscamingue, Arthabaska, René-Lévesque, Berthier et Saint-Maurice complèteront le tableau adéquiste.
- Québec solidaire de Françoise David fera chou blanc, offrant néanmoins des performances honorables dans les circonscriptions montréalaises de Gouin, Laurier-Dorion, Mercier, Outremont et Sainte-Marie-Saint-Jacques, au grand déplaisir du PQ. Les tiers partis, nommément Québec solidaire et le Parti Vert, joueront aussi un rôle de nuisance significatif dans de nombreuses autres circonscriptions à travers le Québec.
De telles prédictions sont évidemment passablement risquées. Le modèle mathématique utilisé ne tient pas compte des épiphénomènes régionaux et des performances locales des candidats. On peut tout de même considérer comme relativement grandes les probabilités que :
- Le prochain gouvernement du Québec sera minoritaire et la balance du pouvoir sera entre les mains de Mario Dumont.
- Le débat sur le mode de scrutin sera ravivé à la suite de ce scrutin général.
- L’urgence d’un dialogue de rapprochement entre le Parti Québécois et Québec solidaire apparaîtra clairement. D’autres prôneront la pareille entre l’ADQ et le PLQ.
Ce portrait aura assurément amplement l’occasion de changer au cours des prochaines semaines. Les Québécois étant friands de ce sport national que constitue pour eux la politique, la balle est maintenant dans le camp des millions d’autres apprentis sorciers de la scène politique québécoise. À suivre… passionnément !

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Christian Gagnon138 articles

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CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





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