Sécurité ferroviaire: rien ne va plus

Les responsables se renvoient la balle

Tribune libre

Dans la nuit du 6 juillet 2013, un train fou de 72 wagons-citernes dévale la pente de Nantes pour aller exploser en plein cœur de Lac-Mégantic, ravageant une quarantaine d’édifices dans une zone de 2 km carrés tout en tuant 47 personnes.
Depuis lors, deux ministres des transports fédéraux, Denis Lebel et Lisa Raitt, sont venus faire leur visite « de courtoisie » sur les lieux de la tragédie, et deux mois et demie plus tard, Transports Canada et le Bureau de la sécurité des transports en sont encore à s’en laver les mains sans que rien ne bouge vraiment.
Le dernier épisode de cette saga concerne le contenu et l’étiquetage des wagons qui ont explosé à Lac-Mégantic. Voici les faits. Deux semaines après la tragédie, Transports Canada annonçait en grandes pompes toute une série de mesures pour resserrer la sécurité ferroviaire : verrouiller les locomotives, surveiller les wagons transportant des marchandises dangereuses, s’assurer que les freins soient bien serrés à l’arrêt du train, etc. Toutefois, cette série de mesures était précédée d’une mise en garde à l’effet que le ministère restait « convaincu de la solidité du régime réglementaire applicable au transport ferroviaire au Canada ».

Or, le Bureau de la sécurité des transports vient de dévoiler que le pétrole transporté par la compagnie MMA avait été mal étiqueté. Ce n’était pas à un produit de groupe 3, signalant du pétrole brut, qui était dans les wagons, comme cela était écrit sur les 72 wagons-citernes, mais du groupe 2, beaucoup plus volatil et dangereux.

Toutefois, selon les « règles » établies, c’est l’importateur qui a la responsabilité de décrire son produit, alors que pour Lac-Mégantic, c’est la compagnie qui expédiait le brut, la Western Petroleum, qui aurait fait l’erreur tout en alléguant candidement que l’accident de Lac-Mégantic se serait produit quand même compte tenu des conditions de transport du produit.

Et voilà, la balle vient de passer dans l’autre camp…Récemment, Transports Canada a obligé la MMA à fermer 19 kilomètres de voies ferrées au Québec à cause de l’état lamentable des rails qu’elle exploite. Pour sa part, le Globe and Mail avançait qu’un piston défectueux aurait été à l’origine du drame de Lac-Mégantic. Enfin, l’émission J. E. révélait de son côté qu’un employé qui n’avait pas les qualifications requises avait été délégué par la MMA pour inspecter la locomotive du convoi meurtrier de Lac-Mégantic.
De plus, J. E. dévoilait le laxisme de Transports Canada quant à l’autorisation donnée depuis des années à MMA de suivre des normes moins sévères quant à l’utilisation des freins à main. Pour sa part, le ministère rétorque que son seul rôle est de vérifier si les compagnies ferroviaires suivent les mesures de sécurité…sans remettre en question leur efficacité!
Un fait demeure : le 6 juillet 2013, les 72 wagons de MMA transportaient du pétrole du groupe 2 et non pas du pétrole brut tel que le spécifiait leur étiquetage et ce, sur des rails en piteux état…Et les responsables en sont encore à se renvoyer la balle, en attendant peut-être qu’une autre catastrophe ne vienne briser la vie de dizaines de citoyens!

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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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