L'éditeur Michel Brûlé, des Intouchables. Photo: Ivanoh Demers, Archives La Presse
Hugo De Grandpré - (Ottawa) La publication d'un livre sur le scandale des commandites dont la sortie était prévue pour le 21 octobre - au beau milieu d'une possible campagne électorale fédérale - a été reportée en catastrophe, cette semaine, par la maison d'édition Les Intouchables.
Jusqu'à mercredi après-midi, l'entreprise de l'éditeur Michel Brûlé affichait dans la section des ouvrages «à paraître» de son site web le titre : Le rouge et le noir : les secrets du Parti libéral du Canada, écrit par l'ancien directeur de la section Québec du PLC entre 1999 et 2001, Benoît Corbeil, et le chroniqueur, auteur et polémiste Normand Lester.
Sur la jaquette du livre, brièvement affichée sur le site, on pouvait voir les photos de l'ancien premier ministre Jean Chrétien et de son ministre des travaux publics, Alfonso Gagliano, sur un fond tapissé de billets de 20 $. Un prix d'achat avait déjà été déterminé : 24,95 $. Et le livre était annoncé sur le site de la librairie Renaud-Bray, en plus d'avoir déjà un nombre de pages prévues dans la banque de données des distributeurs de livres québécois : 160.
Néanmoins, après des appels téléphoniques de La Presse mercredi après-midi, toute mention de l'ouvrage a été retirée du site. Et en entrevue à La Presse hier, Michel Brûlé a affirmé que le projet avait été retardé et qu'il pourrait même ne jamais se concrétiser.
«À cause de la situation juridique dans laquelle on se trouve, ce livre-là demeure dans le domaine des intentions», a-t-il expliqué.
Hier, Benoît Corbeil, l'un des acteurs centraux du scandale des commandites, a fait remettre au 23 octobre les plaidoiries sur sa peine dans sa cause criminelle. Il fait face à des accusations de fraude et de trafic d'influence pour avoir demandé à un entrepreneur de verser 100 000 $ au Parti libéral, en échange de son aide pour acheter un terrain.
Michel Brûlé a précisé qu'en raison de ces délais, le projet, s'il voit le jour, ne se concrétisera pas avant mars 2010.
Il a cependant ajouté que s'il finit par être publié, le livre de MM. Lester et Corbeil contiendra sa part de révélations sur un épisode pourtant fort médiatisé de l'histoire politique canadienne.
«C'est beaucoup plus large que le scandale des commandites, a-t-il confié. Lui, il était directeur du Parti libéral au Québec, donc c'est beaucoup plus large que ça. Il fait des révélations sur son expérience comme directeur général du Parti libéral fédéral.»
Il a été impossible d'en savoir plus, M. Brûlé soutenant que le manuscrit était encore à un stade embryonnaire.
Du côté des auteurs, M. Corbeil s'est refusé à tout commentaire. Quant à Normand Lester, il a pris ses distances face au contenu publié sur le site web des Intouchables. «À la fois l'image et le titre ne correspondent à rien de ce sur quoi je travaille et je trouve cela surprenant que ça se soit retrouvé là», a-t-il tranché.
Michel Brûlé a confirmé l'explication. Il a soutenu que le titre et l'image n'étaient en fait qu'une ébauche publiée par erreur par un webmestre. Il a également affirmé n'avoir reçu aucune menace ou pression juridique de qui que ce soit.
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Avec la collaboration de William Leclerc et Joël-Denis Bellavance.
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L'ex-DG du Parti libéral plaide vraiment coupable
Benoît Corbeil, un ancien directeur général du Parti libéral du Canada (PLC) qui a été impliqué dans le scandale des commandites. Photo: André Tremblay, La Presse
Christiane Desjardins - Même s'il s'est décrit comme un simple «pion» dans cette histoire, Benoît Corbeil, ex-directeur général du Parti libéral du Canada, a maintenu son plaidoyer de culpabilité à des accusations de fraude et trafic d'influence, hier, devant la juge Suzanne Coupal.
«Je m'attendais à un retrait de plaidoyer», a fait valoir la procureure de la Couronne Josée Fontaine, lors de cette audience au cours de laquelle devaient se tenir les plaidoiries sur la peine de Corbeil. L'avocate faisait alors allusion au fait que Corbeil, qui a plaidé coupable en juin dernier aux accusations citées plus haut, avait ensuite nié et minimisé ses gestes, dans le cadre d'une rencontre avec un agent de probation, chargé de réaliser un rapport avant sentence à son sujet. Corbeil avait alors indiqué qu'il avait plaidé coupable par « manque de fonds «, et en raison de son épuisement après son passage à la commission Gomery.Au sujet des crimes qu'on lui imputait, il a dit qu'il n'avait été qu'un «pion», et qu'il avait «obéi comme un bon soldat». Son avocat, Me Michel Grenier, a rectifié les propos de son client, hier, devant la juge. Ce qu'il avait voulu dire, c'est que, «dans le feu de l'action, il ne voyait pas l'aspect frauduleux» et qu'en résumé, ça marchait de cette façon dans ce temps-là.
Oreille attentive
En 1997, alors qu'il était coordonnateur régional du Parti libéral, Corbeil avait demandé 100 000 $ à un homme d'affaires de Saint-Jean-sur-Richelieu qui voulait acheter un terrain appartenant au gouvernement canadien pour agrandir sa carrière. Ce «don» devait lui assurer une «oreille attentive à Ottawa», avait fait valoir Corbeil.
Réal Ouimet, propriétaire de la carrière en question, a finalement versé 50 000 $ en argent comptant. Pour rien, manifestement, puisqu'il n'y a jamais eu de suite.
Plus tard, entre 1999 et 2000, alors qu'il était directeur général du Parti libéral, Corbeil a fait de fausses factures pour un total de 117 000 $ à son parti. Au bout du compte, l'argent aurait abouti chez Buffet Trio, entreprise appartenant à Giuseppe Morselli, ancien militant du Parti libéral au Québec. Selon la Couronne, il s'agit de financement illégal de parti.
Me Grenier, assure que son client, qui a été banni du Parti libéral, ne s'est pas enrichi personnellement. Il le démontrera au cours des plaidoiries sur la peine qui ont été reportées au 23 octobre, à la demande des deux parties.
Quoi qu'il en soit, le ministère public entend demander un dédommagement en argent, et une peine de prison ferme. «M. Corbeil a un doctorat. Il savait ce qu'il faisait», a signalé Me Fontaine. Rappelons que la mise au jour de cette affaire est survenue dans le sillage de l'enquête sur les commandites, mais n'y est pas liée directement.
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