Au sujet des déclarations de Jacques Parizeau sur la Charte des valeurs

Savoir se retirer dignement pendant qu’il est encore temps

Tribune libre

J’ai toujours été un fervent admirateur de Jacques Parizeau pour l’intégrité et la constance dont il a toujours fait preuve envers la défense et la promotion de la cause souverainiste du Québec tout au cours de sa vie politique active.
Après son retrait percutant de la scène politique en 1995, dans les circonstances que nous connaissons, plusieurs de ses interventions, dans quelques dossiers « chauds », ont eu l’heur de fouetter les ardeurs des politiciens à saveur de tiède allégeance souverainiste et ce, pour le plus grand bien de la base militante du Parti québécois.
Toutefois, sa dernière sortie sur le projet de Charte des valeurs québécoises a plutôt eu l’effet d’un éteignoir dans le débat en cours au Québec. En effet, non seulement l’ex-premier ministre péquiste montre des réticences sur certaines mesures proposées par la Charte, entre autres, sur l’interdiction au personnel de la fonction publique de porter des signes religieux ostentatoires en milieu de travail, mais, en agissant de la sorte, il se range du côté des anti-charte multiculturalistes, voire fédéralistes.
De plus, en plaidant pour une interdiction limitée aux postes d'autorité dotés d'un pouvoir coercitif comme les policiers, les juges et les procureurs, il abonde ainsi dans le sens des recommandations de la commission Bouchard-Taylor, laquelle il a vertement décrié à la parution de son rapport en 2008 en arguant qu’elle était « juste bonne à classer dans la filière 13 ! »
Mais que s’est-il donc passé depuis cinq ans pour que le Jacques Parizeau, qui monte habituellement aux barricades pour défendre ses idées, se retire tout à coup dans des tranchées à l’abri des critiques, alléguant le couvre-feu immédiat et l’arrêt des hostilités avant que la « guerre » ne s’envenime en conflit national ?…Et comme si ce n’était pas assez, il se trouve même à fournir des armes à l’ennemi…
Non vraiment, il est temps que Jacques Parizeau se retire sagement dans son refuge et cesse d’intervenir dans les débats sociaux…À mon avis, il a perdu sa verve flamboyante qui lui conférait une crédibilité et un aura qui transcendaient les propos démagogiques d’une politique bassement partisane.
Jacques Parizeau n’a jamais incarné l’homme des compromis, des demi-mesures à l’eau de rose…En agissant comme celui qui veut sauver la chèvre et le chou dans le débat actuel sur la Charte des valeurs, je perçois un « vieux sage » que je ne reconnais plus…Conséquemment, l’heure est venue pour Jacques Parizeau de savoir se retirer dignement pendant qu’il est encore temps !
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2093 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 octobre 2013

    Laissez-les afficher leurs ostentations qui évoquent et invoquent leurs croyances. Faisons de même pour toutes les nôtres et en tout lieu; comme avant.
    Serge Jean

  • Archives de Vigile Répondre

    8 octobre 2013

    @ M. Berjac,
    Vous parlez de principe d'ouverture.
    Comment se fait-il que nous ayons besoin de tant d'immigrants alors que la base industrielle du Québec a pris le chemin de l'Orient dans les 30 dernières années et que plein de Québécois ont perdu leur emploi lors de fermetures d'usine?
    Un réputé démographe, le professeur Henripin, disait que nous n'étions pas perpétués par l'immigration mais bel et bien remplacés.
    Quelqu'un quelque part aurait-il la mauvaise intention d'effectuer au Québec un remplacement des populations d'origine?
    Car au nombre d'immigrants que le Québec accueille, l'ouverture n'est pas qu'humanitaire, c'est certain. Et elle n'est plus justifiée comme il y a 40 ans par un manque de main-d'oeuvre.

  • Chrystian Lauzon Répondre

    8 octobre 2013

    Le Québec n’a jamais prétendu qu’il n’était pas innovateur? La Turquie existe, elle aussi! et bien d'autres nations... qui avancent présentement ou seront inspirées par nous.
    À découper le monde multiculturalistement, on finit pas se replier sur le mode régressif des ghettos et le nombrilisme individualiste. Nier les nations qui s'affirment ne suffit pas à bannir la libération collective qu'elles revendiquent hors de tout carcan fédéraliste, politique, vestimentaire ou religieux du moi, moi, moi d'ostentation. Un laïcisation totale!
    L’avenir n’est pas que « ce qui est ou a été » quand on veut évoluer : c’est ce qu’il peut devenir au-delà de nos limites, surtout d'apparence ou d'allégeance politico-ethnique vestimentarisées.
    ChristianP

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    7 octobre 2013

    Il faut savoir quitter la table
    Lorsque l´amour est desservi
    Sans s´accrocher l´air pitoyable
    Mais partir sans faire de bruit
    Il faut savoir cacher sa peine
    Sous le masque de tous les jours
    Et retenir les cris de haine
    Qui sont les derniers mots d´amour (Aznavourian)
    Ou bien: Wake up or Step back! (Ouhgo)

  • Archives de Vigile Répondre

    7 octobre 2013

    Jacques Parizeau est un démocrate respectueux des droits de la personne et il ne veut pas que le Québec s'affirme sur des bases d'exclusion et d'interdiction. Nul part en Occident on n'interdit les signes religieux dans la fonction publique même en France malgré ce qu'en pensent certains. Il ne faudrait quand même pas que le PQ devienne une copie du Front National pour recueillir bassement des votes dans le 450 et les régions. La souveraineté ne vaut pas le prix du reniement de principes fondamentaux de respect et d'ouverture.

  • Serge Jean Répondre

    7 octobre 2013

    Je trouve votre analyse sur le comportement de monsieur Parizeau correcte;c'est à la proue du peuple que le vaisseau pourfend les vagues, pas à la timonerie des accommodements raisonnables.
    Ça m'étonnerait que monsieur Parizeau, puisse mettre de l'eau dans son propre vin par ailleurs.
    Serge Jean