Sondage CROP-Le Soleil-La Presse

Sans François Legault, Jean Charest toujours en tête

Sondages 2011



Michel Corbeil Le Soleil (Québec) - La mise sur pied d'une commission d'enquête au mandat décrié par tous n'aggrave pas l'impopularité de Jean Charest. Il se maintient en tête devant ses adversaires. C'est plutôt l'arrivée imminente de François Legault qui promet de le chasser du pouvoir.
C'est ce qui ressort de l'enquête d'opinion que la firme CROP a conduite. Une première série de questions ont été posées par Internet à 1000 citoyens, du 13 au 17 octobre. Une seconde a joint 424 personnes, du 19 octobre, journée où Jean Charest a nommé la juge France Charbonneau à la tête de la commission sur la collusion dans la construction, au 21 octobre.
Surprise! Dans une lutte avec les formations déjà présentes à l'Assemblée nationale, le Parti libéral du Québec (PLQ) conserve le premier rang, devant, dans l'ordre, le Parti québécois (PQ), l'Action démocratique du Québec (ADQ) et Québec solidaire.
Malgré le concert de critiques accueillant la création d'une commission ne pouvant forcer les témoins à comparaître, les libéraux de Jean Charest ont droit à 28 % des intentions de vote. Le coup de sonde a conservé un niveau de soutien identique avant et après l'annonce.
Toujours après répartition des voix des indécis, c'est plutôt le PQ qui perd des appuis. La formation de Pauline Marois avait 25 % des intentions, avant le 19 octobre, un niveau qui est redescendu à 22 %. L'ADQ est passée de 20 % à 19 %; les solidaires ont grimpé tout aussi légèrement, de 13 % à 14 %.
Le Parti libéral et son chef Jean Charest demeurent dans les bas-fonds de la popularité : l'insatisfaction à l'endroit du gouvernement est de 73 %, et il n'y a plus que 14 % des citoyens qui croient que M. Charest est le mieux qualifié pour occuper le fauteuil de premier ministre.
Mais Jean Charest est là encore sauvé par la mauvaise performance péquiste. À peine 10 % des Québécois voient en Pauline Marois la future chef du gouvernement. Le leader adéquiste Gérard Deltell ne fait pas mieux (6 %) et se retrouve derrière Amir Khadir, seul député de Québec solidaire.
Coalition sur l'avenir du Québec
Aucun de ces chiffres ne comptera lorsque François Legault transformera sa Coalition sur l'avenir du Québec en parti politique, révèle le coup de sonde. Pour le moment, l'opinion publique le donne facilement gagnant (pas moins de 39 % des suffrages) dans une lutte électorale à quatre, ce qui ne laisse que 22 % au PLQ, 17 % au PQ et 11 % à l'ADQ.
Une catastrophe pour le Parti québécois, dont l'éparpillement du vote à travers tout le Québec diminuera les chances de faire élire des députés. Selon CROP, dans une lutte à quatre, le PQ sera déclassé par les troupes de François Legault, même chez les francophones : ce dernier remporte l'adhésion de 43 % de cet électorat; le PQ est second, à 19 %; le PLQ, à 14 %; et l'ADQ, à 12 %.
CROP a sondé le coeur des Québécois si l'ADQ accepté d'être avalée par le nouveau parti de François Legault. Résultat : 48 % des électeurs plébisciteraient M. Legault. Jean Charest s'accrocherait à 20 % de l'électorat; Pauline Marois, à 18 %.
Le score entourant une fusion avec les adéquistes «est surréel», a convenu Youri Rivest. Mais le vice-président de CROP a fait remarquer que les résultats au sujet de la Coalition se maintiennent depuis des mois. «Ça montre un appétit pour le changement.»
M. Rivest a insisté sur le fait que le gouvernement Charest, s'il ne s'est pas davantage embourbé, a raté une occasion d'améliorer son image auprès de la population. Avant la nomination de la juge Charbonneau, le tiers des électeurs estimaient que la création d'une commission d'enquête redonnerait une meilleure opinion du gouvernement. Le mandat tel qu'accordé a plutôt mécontenté 85 % des gens. Les militants libéraux demeurent quand même remarquablement fidèles à la voie choisie par leur chef : 64 % trouvent que la commission aura un rôle éclairant, en comparaison de la moyenne nationale, 24 %.
NDP et Québec: La lune de miel se poursuit
Si des élections fédérales avaient eu lieu entre le 13 et le 17 octobre, le Nouveau parti démocratique (NPD) aurait balayé le Québec comme il l'a fait, le 2 mai. Et le Bloc québécois aurait carrément disparu du Parlement.
Un sondage CROP révèle que le NPD, maintenant sans chef depuis le décès de Jack Layton, obtient 46 % des intentions de vote. C'est trois points de pourcentage au-dessus de la proportion de suffrages déposés dans les boîtes de scrutin aux élections qui a donné 59 des 75 sièges du Québec aux néo-démocrates.
En revanche, le Bloc ne recueille plus que 15 % des appuis. Le 2 mai, il avait obtenu 23 % du soutien populaire - et quatre députés! Pour Youri Rivest, de la firme CROP, «le Bloc est vraiment devenu un tiers parti. À 15 %, tu perds de ta pertinence».
Le Parti conservateur du Canada se maintient à un niveau très bas : 22 %. C'est quand même 5 % de mieux qu'aux élections du printemps. Seul chef de parti en poste - libéraux, néo-démocrates et bloquistes sont dirigés par des «intérims» -, le premier ministre Stephen Harper se retrouve à la tête d'un gouvernement dont le travail satisfait 36 % des citoyens. C'est faible, mais bien mieux que la cote du gouvernement de Jean Charest dont le taux de satisfaction n'est que de 24 %.


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