Rencontre économique 2010: exit les finances publiques!

États américains - impasse budgétaire




Michel Corbeil - (Québec) Il sera question d'économie sans parler de finances publiques. De fiscalité sans discuter des tarifs. Ce ne sera pas un sommet, mais une réunion sur la «création de richesse» à long terme. Le patronat s'en réjouit. Les syndicats participent pres­que dans l'indifférence.
C'est dans ce climat que le premier ministre Jean Charest inaugure, ce soir, à Lévis, la Rencontre économique 2010. Les représentants d'une centaine de groupes seront dans la salle de congrès, dont ceux des milieux patronaux et syndicaux, partenaires obligés aux vues souvent divergentes. Les organisations patronales se montrent enthousiastes par rapport à l'exercice de concertation. La veille, des ministres du gouvernement Charest ont insisté sur le fait que les échanges ne porteront pas sur le retour à l'ère des déficits pour l'État et que le consensus entre les participants est loin d'être requis.
Les porte-parole des gens d'affaires sont bien d'accord. Malgré les divergences sur les solutions, «le gouvernement veut miser sur ce qui unit les différents groupes», commente Yves-Thomas Dorval, président du Conseil du patronat du Québec. «Est-ce de la naïveté? Je ne le crois pas», mentionne-t-il. M. Dorval fait valoir que personne ne «sait à quel point le dialogue est serein» au Conseil des partenaires.
Du côté de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), porte-voix des PME, «nous voyons l'événement d'un bon oeil», indique son vice-président pour le Québec, Richard Fahey. Ne pas discuter du déséquilibre budgétaire de la province lui apparaît normal. Comme bien d'autres, il précise que les consultations prébudgétaires du ministre Raymond Bachand (Finances) ont déjà permis à tous de s'exprimer.
De la richesse
Par contre, «il faut créer de la richesse et une rencontre comme celle-là, c'est bon. [...] Il faut diminuer la charge fiscale [qui pèse sur les PME] et il faut diminuer la paperasse administrative», poursuit-il en martelant deux thèmes au coeur de plusieurs sorties effectuées par la FCEI.
À la Fédération des chambres de commerce du Québec, le directeur des communications, Bruno-Serge Boucher, estime aussi que le forum auquel participera son organisme est sur les bonnes pistes. «Pour continuer de vivre dans une société riche» et maintenir les program­mes sociaux, il faut s'attarder à la «qualité de la main-d'oeuvre» et à «la productivité des entreprises».
Le ton est plus réservé, côté syndicats. Le président de la CSQ, Réjean Parent, est franchement désillusionné par rapport à ce qui s'annonce, un «non-événement. Je ne nourris pas d'attentes extraordinaires.» Échanger sur la main-d'oeuvre, le décrochage, la relance de Montréal, «ça ne peut être une nuisance. Mais est-ce une contribution importante? C'est pas évident de se projeter dans 20 ans. On est dans l'hypothétique pas à peu près, dans les généralités, la prospective «futurologiste».»
La FTQ n'est guère plus enthousiaste. Si elle se refuse toujours à la politique de la chaise vide, la Fédération des travailleurs ne voit pas com­ment une journée d'é­chan­­­ges à plus de 100 personnes pour­­rait amener de réelles solutions.
Le ton est plus positif chez Claudette Carbonneau. La présidente de la CSN croit important de réfléchir à la relance économique, «mais aussi de faire un exercice qui projette le Québec sur les 20 prochaines années». La chef syndicale estime elle aussi que le gouvernement a bien fait d'éviter d'amener le débat sur les finances publiques dans un forum traitant aussi bien de l'analphabétisme que de santé et de sécurité.


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