Rencontre des ministres des Finances : plusieurs enjeux sur la table

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Fin prochaine de la péréquation pour le Québec et l'Ontario

Le ministre fédéral des Finances et ses homologues provinciaux sont réunis à Ottawa pour discuter d'investissements et de croissance. Petite ombre à l'horizon : le contexte économique s'est assombri depuis l'élection du Parti libéral.
Justin Trudeau a mis de l'avant en campagne électorale une plateforme ambitieuse proposant d'importants investissements en infrastructures. La somme promise de 125 milliards de dollars en 10 ans doit permettre de stimuler l'économie canadienne.
« On va parler de croissance économique, le thème de notre rendez-vous, j'espère, a dit dimanche soir le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau. Je crois qu'on va avoir un nouvel esprit de collaboration avec tous les ministres des Finances à travers le pays. »
Selon l'économiste en chef adjoint à la Banque Laurentienne, Sébastien Lavoie, les provinces profiteront de la rencontre pour faire la promotion de leurs projets d'infrastructures.
« C'est là que le jeu des provinces va avoir lieu. Certaines vont dire c'est le projet dans ma région, dans ma province, qui va apporter de plus grands gains de productivité que d'autres. Il y aura des choix à faire. La liste de projets en infrastructures est grande, il y a un manque à gagner un peu partout, donc on va y aller pour les projets les plus efficaces », prévoit Sébastien Lavoie, économiste en chef adjoint à la Banque Laurentienne.
Contexte économique difficile
Si le gouvernement a promis d'investir généreusement en infrastructures, il s'est aussi engagé à engendrer des déficits d'environ 10 milliards de dollars annuellement ces prochaines années avant un retour à l'équilibre budgétaire en 2019-2020.
Avec la chute continue du prix du pétrole, les perspectives économiques sont moins encourageantes et les déficits pourraient être plus grands que prévu. Sans tenir compte des promesses libérales, le Directeur parlementaire du budget prévoit même des manques à gagner plus importants que ce qu'entrevoit le ministère des Finances.


Dans ce contexte, l'économiste Sébastien Lavoie croit que les ministres provinciaux des Finances doivent réduire leurs attentes. « On peut en demander un peu plus au niveau de la santé, au niveau de la logistique pour les infrastructures, au niveau de mesures pour faire en sorte que le marché de l'immobilier ne se dirige pas en surchauffe. On peut demander ces choses-là, ces petites manipulations, sans en demander trop. »
Cotisation aux régimes de retraite
L'un des enjeux qui seront abordés, selon le bureau du ministre des Finances Bill Morneau, est celui des régimes de retraite.
En campagne, le Parti libéral a promis de « travailler avec les provinces et les territoires, avec les travailleurs et les employeurs, afin d'augmenter les prestations du Régime de pensions du Canada ». Une proposition qui a plu au gouvernement ontarien de Kathleen Wynne qui ne s'entendait pas avec les conservateurs de Stephen Harper sur la question des retraites.
Mais déjà, certains groupes ont fait part de leur opposition à toute hausse obligatoire des cotisations au Régime de pensions du Canada.
« Il faut rappeler que, pour les employeurs, une telle hausse aurait l'effet d'une nouvelle taxe sur la masse salariale et cela nuirait encore davantage à notre économie déjà fragilisée », a déclaré par voie de communiqué en vue de la rencontre des ministres Martine Hébert, vice-présidente de la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante.

Pétrole et péréquation
Dans un communiqué de presse publié le 8 décembre, le ministre fédéral des Finances évaluait que parmi les sujets prioritaires discutés cette semaine, en plus des infrastructures et des régimes de retraite, il y aurait entre autres l'Allocation canadienne pour les enfants. Mais d'autres thèmes économiques importants pourraient s'inviter.
Vendredi, dans une conférence téléphonique au cours de laquelle il a commenté la dévaluation de la cote de crédit de sa province par l'agence Standard & Poor's (AAA à AA+), le ministre albertain des Finances, Joe Ceci, a annoncé qu'il voulait discuter de pipelines à Ottawa. « Je veux parler de l'accès aux marchés pour les produits pétroliers albertains », a-t-il indiqué.
Avec la santé fragile de l'économie albertaine, l'enjeu de la péréquation pourrait également s'inviter dans les discussions.
« Le rebalancement de l'économie des provinces riches en ressources vers l'Ontario et le Québec fait en sorte qu'on sait déjà que d'ici deux ou trois ans, l'Ontario et le Québec pourraient avoir moins de péréquation que ce qui avait été prévu il y a à peine un an. Comment on ajuste le tir? »
— Sébastien Lavoie, économiste

Une question que pourraient également poser certains ministres des Finances, puisqu'elle pourrait éventuellement avoir un impact sur leur propre budget.
Justement, le gouvernement fédéral a rendu publics les chiffres de son soutien financier aux provinces et territoires pour 2016-2017. Le soutien total augmentera par rapport à 2015-2016, passant de 68 milliards de dollars à 70,8 milliards. Six provinces recevront des paiements de péréquation, le Manitoba, l'Ontario, le Québec, le Nouveau-Brunswick, la Nouvelle-Écosse et l'Île-du-Prince-Édouard. La chute des prix du pétrole qui touche certaines provinces comme l'Alberta et Terre-Neuve-et-Labrador n'a pas encore modifié les niveaux de péréquation.


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