Cette lettre est en réponse au texte Le temps d'agir publié dans l'édition du 30 mars de La Presse+ et rédigé par MM. Stéphane Forget et Michel Leblanc. La liste des cosignataires se trouve à la fin du texte.
Nous avons été étonnés de lire ce qui s'apparente à un texte à l'eau de rose et manquant de nuances. Nous croyons qu'il est essentiel d'y répondre afin de rappeler à tous quels sont les faits. Lorsqu'il est question d'un projet aussi important et qui amènera un impact déterminant dans l'élaboration du transport collectif dans la région pour le prochain demi-siècle, l'heure n'est pas à la poésie. Bien au contraire: comme citoyens et comme contribuables, nous nous devons de garder la tête froide et tenter de raisonner le plus factuellement possible.
Il est difficile de trouver des propos fidèles à la réalité dans ce texte, bien au contraire. La prémisse est d'affirmer que tout le monde est d'accord sur le fond, soit qu'il est «essentiel pour Montréal et le Québec que le REM voit rapidement le jour et que les rares objections qui subsistent concernent la manière». En vérité, la seule chose sur laquelle il y a consensus, c'est que Montréal a besoin d'un investissement massif et structurant en transport collectif. Ceci, afin de réduire la congestion routière, de contribuer significativement à l'atteinte des cibles de réduction de GES et d'aider à revitaliser certains secteurs ou revaloriser les trop nombreuses friches industrielles.
Dans une société civilisée, le choix du système serait basé sur une analyse coûts-bénéfices des différentes options, en toute transparence étant donné l'ampleur des fonds publics investis. L'impact sur les systèmes de transport collectifs existants serait aussi évalué et disponible pour consultation. Finalement, un portrait détaillé des répercussions financières pour les usagers du transport de la région et des contribuables serait également fourni. Toutes ces informations étaient, et sont toujours, manquantes pour le REM.
Jamais, dans notre Belle Province, nous n'avons vu de telles appréhensions quant à un projet de transport collectif!
Les auteurs, tout comme la CDPQ et le gouvernement, tentent de marginaliser les opposants et critiques du projet. Or, la grande majorité des experts en transport collectif et la majorité des urbanistes qui se sont prononcés sont contre le projet. Aussi, plusieurs partis politiques, à tous les niveaux, et plusieurs organismes environnementaux, syndicats, villes de la CMM sont très critiques et inquiets du manque de transparence et d'informations sur les impacts du projet. Même la Fédération canadienne des contribuables s'inquiète de la direction que prend le projet de réseau électrique métropolitain. Jamais, dans notre Belle Province, nous n'avons vu de telles appréhensions quant à un projet de transport collectif!
Plus de 90% des avis reçus par le BAPE en provenance des municipalités et des citoyens émettaient soit de nombreuses réserves, soit étaient tout simplement opposés au projet. Rappelons aussi qu'il s'agit de la seule instance qui a écouté les citoyens. Tout a été mis en place afin d'empêcher que cette institution respectée puisse faire son travail correctement. Aussitôt son rapport publié, le BAPE s'est vu attaqué sur sa crédibilité. Nos décideurs politiques ont alors balayé le tout du revers de la main, avec les propos les plus simples et réducteurs.
Être partisan du projet n'est pas une raison valable pour retirer aux citoyens le droit d'être pleinement consultés et entendus. Si on accepte cela maintenant, on ouvrira grand la porte à d'autres projets, que nos gouvernements tenteront de faire passer comme une lettre à la poste. Il s'agirait d'un dangereux précédent.
Rappelons-nous qu'il n'y a pourtant pas si longtemps, la commission Charbonneau a fait la démonstration que l'empressement irrationnel dont peuvent faire preuve les promoteurs d'un projet, est un des principaux ingrédients menant à la collusion, aux dépassements de coûts et aux mauvaises décisions. Aller trop vite permet d'aller de l'avant avec des projets répondant à des intérêts particuliers, politiques ou économiques, et bien souvent contraires au bien commun.
Dans leur lettre, « Le temps d'agir », les auteurs tentent de dépeindre les opposants au projet du REM comme des personnes impossibles à satisfaire et qui s'échinent sur des détails. Pourtant, la vaste majorité des citoyens et environnementalistes qui se sont montrés très critiques envers ce projet ne l'ont pas fait par intérêt particulier, mais par conviction pour le bien de l'environnement, comme pour l'ensemble des Montréalais et des Québécois. Comment des professionnels du milieu des affaires pourraient-ils accepter que l'on investisse des milliards dans un projet qui n'est pas encore pleinement défini? Agissons, oui... sur des bases solides.
Par Laurent Howe, Coalition Trainsparence, Alex Turcotte, Pour un meilleur projet de REM , Shaen Johnston, Coalition Climat Montréal, Marie-Chantal Hébert, Regroupement économique pour un Québec prospère ainsi que John Symon, Maxime Arnoldi et Alison Hackney, citoyens de la ville de Montréal.
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