Réflexion sur le vivre ensemble

Tribune libre

Vraiment, le dernier billet du journaliste français Philippe Grasset a de quoi nous pousser vers une sérieuse réflexion.
Ce texte intitulé "Chronique du 19 courant… Désamour du monde" nous montre jusqu'à quel point la société actuelle est différente de celle des années 1950 ou 1960 ou 1970. L'auteur nous dit qu'il ne se reconnaît plus dans la société de 2013.
http://www.dedefensa.org/article-chronique_du_19_courant_d_samour_du_monde_19_10_2013.html
Le compte-rendu que je pourrais en faire, je le résumerai dans cet extrait de la plume même de monsieur Grasset:
"Ce n’est plus mon époque, mon monde, c’est un objet désormais détaché de moi, une chose qui m’est imposée, et au-delà une situation qui a évolué en-dehors de moi, dans laquelle je n’ai nulle responsabilité, dont je repousse la pertinence et la légitimité. En un sens, dit abruptement mais sans la faiblesse du désengagement qui vous fait irresponsable, comme un constat brutal : “ce n’est pas mon affaire”... Si j’y suis c’est à cause de circonstances données qui échappent à mon empire et n’ont donc rien obtenu d’un quelconque consentement de ma part ;"
Pour ceux qui ont connu les années 1970 par exemple, il y avait à cette époque une espèce de confiance en l'avenir qui n'existe plus aujourd'hui.
Ce rêve d'une espèce d'âge d'or où la faim dans le monde, la pauvreté, la maladie n'existeraient plus était présent dans la société des années 1970.
Depuis, il s'est installé un climat de résignation face à tous les problèmes auxquels les humains sont confrontés.
On ne pense plus à un monde sans maladie. On dit plutôt que la santé, ça coûte cher au gouvernement.
Depuis les trente dernières années, dans presque tous les pays occidentaux, l'écart entre riches et pauvres s'est accru. Et l'on dit en général qu'on ne peut rien y faire et que c'est la vie, point à la ligne.
Au fond, ce sont les idées civilisatrices qui ne s'imposent plus comme il y a quarante ans.
Cela ne nous amène-t-il pas à conclure que la civilisation dans laquelle nous vivons est en déclin ou, comme on le disait dans le cas de la civilisation romaine, décadente?
N'est-ce pas le cas lorsqu'il n'y a plus d'élan vers un monde meilleur?


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    23 octobre 2013

    Les générations qui ont suivi celles qui avaient gagné la dernière grande guerre se sont mises à vouloir gagner la paix. Nous n’avons pas si mal réussi au Québec. Mais nos voisins américains n’ont pas eu la même fortune. Les plus progressistes parmi eux étaient confrontés à une société totalitaire et le sont encore, incapables encore de poser la question de l’égalité.
    Leur société totalitaire, riche et relativement confortable, s’est mise depuis longtemps à tout exporter : son mode de vie, le plus évident, mais aussi tous ses problèmes. Cette société est devenue et reste encore hors contrôle. Et plutôt que d’empêcher la prolifération des profiteurs, elle multiplie à profit les « occasions d’affaires ». Elle s’est mise à exporter aussi bien ses dollars que sa dette, son chômage aussi bien que ses connaissances les plus précieuses pour l’humanité. Cependant, elle n’arrive pas encore à gagner la paix. En fait, elle perd une guerre. Exactement comme l’Allemagne hitlérienne a perdu une guerre, elle toutes ses villes dévastées, à cette différence près que toutes les sociétés d’Occident perdent maintenant une guerre avec elle. Au lendemain de 1945, les Allemands aussi ne reconnaissaient plus l’Allemagne qu’ils avaient chérie. Ils ont dû reconnaître une immense faillite morale que maintenant l’Amérique n’arrive pas à reconnaître, précisément parce c’est une société totalitaire, aveugle au besoin des autres et sourde aux siens. Il ne s’agit pas en Amérique d’une « décadence ». Il y a une fin à une décadence. Nous perdons tous une guerre avec les U.S.A., voilà ce qui Nous arrive, mais nous la perdons tous à profit. Cela est inédit dans l’histoire de l’humanité. Cela va durer bien plus longtemps qu’une « décadence », et d’autant plus longtemps que cette société reste confortable, ce qu’est incapable d’assurer toujours une « décadence ». À défaut d’assurer son confort, cette société restera très longtemps capable de faire illusion.
    Vous en doutez ? Voyez plutôt le monde entier retenir son souffle, ne plus souffler du tout au bord du précipice, réclamer et même implorer littéralement Washington qu’il reporte à la hausse les seuils de son propre endettement, en même temps qu’il est prêt par ailleurs à se « serrer la ceinture » le plus drastiquement qu’il peut pour se garder un semblant de confort.
    Nous perdons une guerre avec les U.S.A. depuis longtemps, qui n’ont jamais manqué d’alliés. Ils en ont même de plus en plus.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2013

    @ M. Lachapelle,
    Vous avez un peu raison, sauf que toutes les générations qui ont passé n'ont pas toutes connu les années 2000. Je reviens à ce que monsieur Grasset dit des années 2000 dans son article:
    "on peut dire que les années 2000 furent parfaitement ce qu’elles étaient destinées à être, et l’événement du 11 septembre, par conséquent, parfaitement égal à ce qu’on en fit dans son importance “spatio-temporelle”. C’est cette idée mentionnée d’un aspect métaphysique puissant de l’événement 9/11 dont on parla sur ce site le 11 septembre 2011, avec cette citation de Justin Raimondo suggérant la démarche : «... [L]a terrible force des explosions qui abattirent les tours du World Trade Center ouvrirent un trou dans la continuité spatio-temporelle, d’une telle façon qu’un “Monde Simulacre” s’est introduit dans notre univers, pour prendre lentement le dessus.» (Je traduis l’expression de Raimondo de Bizarro World par “Monde-Simulacre”.) Si je garde en la considérant comme appropriée l’idée dynamique du “trou dans la continuité spatio-temporelle”, je penserais plutôt que le “Monde-Simulacre” n’est pas vraiment un montage qui a été imposée à ce moment à notre univers par son introduction forcée, mais qu’à cette occasion d’une brutalité inouïe le “Monde-Simulacre” soudain apparu en pleine lumière à nos yeux s’est avéré être le monde tel qu’il était devenu en vérité, sans que nous y ayons pris garde, et que cette révélation s’est installée très rapidement, sinon instantanément puisqu’il s’agit de la nouvelle réalité qui nous était encore cachée. Le montage, la transmutation usurpatrice, venaient de loin, – on connaît mon idée de l’origine, avec le “déchaînement de la Matière”, – et alors, ce que j’avais éprouvé auparavant de proximité avec le monde portait déjà les marques d’une tromperie qui rend encore plus nécessaire le raidissement que je ressens aujourd’hui avec ce malaise du “je n’aime pas le monde où je vis”. Ce que nous a révélé la terrible chose du 11 septembre 2001, c’est l’imposture du monde telle que le monde était devenu : la vérité du monde devenue une imposture, transmutation accomplie dans la subversion totalitaire. Cet événement, affreux à double titre, autant au titre de sa puissance explosive qu’au titre de sa force de subversion et de rupture de la vérité du monde, nous a révélés à nous-mêmes en nous révélant l’imposture qu’est devenu le monde, situation insupportable finalement, et également inacceptable dans le sens que la vie ne peut plus être conçue alors qu’en opposition de résistance contre cette imposture. Ce monde n’est pas né le 11 septembre 2001 mais il nous est apparu ce jour-là, dans un éclair de puissance aveuglante, dans une litanie de répétition de lui-même sur les écrans de télévision, comme une dynamique de tentative d’asservissement de la connaissance, dans les geignements sans fin d’une sorte de “Chose Immonde” qui prétendait ainsi avoir été frappée traîtreusement."

  • François A. Lachapelle Répondre

    21 octobre 2013

    Pour une sérieuse réflexion à faire sur notre monde, il le faut. Je crois que le constat fait par le journaliste Philippe Grasset est une répétition de génération en génération. Et comment situer le Québec dans notre monde tel que décrit par Monsieur Grasset ?
    Mon appréciation: contrairement au pessimisme de Philippe Grasset, québécois vivant au Québec et conscient des malheurs mondiaux qui nous tombent dessus de minute en minute, je crois que notre bonheur macroscopique, le nôtre relatif à celui des autres, surtout les autres qui n'ont pas toutes les chances que nous avons au Québec, nous identifie comme étant une société privilégiée d'une curieuse façon: nous évoluons dans une société égoïste et matérialiste enviable. Ce dernier qualificatif est provocateur...
    À preuve, tous les immigrants qui désirent s'installer au Québec, soit environ 55 000 par année actuellement. L'intégration de ces nouveaux québécois semble être un gros problème ce qui imprègne le vivre ensemble que j'ai décrit comme un égoïsme et un matérialisme enviable.
    Je crois que la proposition actuelle du Gouvernement Marois de Charte des valeurs québécoises est un outil pour SE SORTIR de cet égoïsme et matérialisme enviable à la condition de ne pas refermer le coffre à outils.