Référendum: Claude Morin fustige Parizeau et son «erreur»

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Des solutions de broche à foin qu'on a déjà payées trop cher

(Québec) Jacques Parizeau a beau dénoncer aujourd'hui les stratégies de ses successeurs au Parti québécois, il reste que c'est lui qui a déclenché le référendum de 1995 et qui l'a perdu! C'est ce que rappelle sans ménagement son ancien collègue Claude Morin, dans un livre intitulé Je le dis comme je le pense, qui sortira mardi aux éditions du Boréal.
Un livre, signale Morin, qui n'est pas une riposte à la dernière sortie de Jacques Parizeau, dont il ignorait les intentions. Ce qui n'empêche pas son auteur d'affirmer que les souverainistes se dirigent encore une fois vers «un mur» s'ils s'engagent dans une autre aventure référendaire du même type.
C'est la démarche même de Jacques Parizeau que Claude Morin met en cause dans son retour sur le référendum de 1995, un événement qu'il qualifie «d'erreur majeure».
«Déjà, celui de 1980 avait été lancé sans la conviction raisonnable d'une victoire probable. En 1995, malgré cette première expérience aux lendemains pénibles, il y a eu récidive.»
L'auteur trouve incompréhensible que cette campagne référendaire «se soit amorcée alors que les intentions de vote favorables à la souveraineté n'atteignaient pas 40 % selon les sondages internes du PQ. Les stratèges du temps ont-ils vraiment évalué les conséquences, pour le Québec, d'une possible défaite du Oui?»
Ces conséquences, selon Morin, ont fait que «bien des gens ont conclu que le Québec ne parviendrait jamais à la maîtrise de ses propres affaires et qu'il était devenu inutile et même dangereux de se livrer à toute nouvelle confrontation constitutionnelle».
Il y a plusieurs mois que Claude Morin planche sur ce livre, dont la sortie était d'abord prévue en juin. En entrevue au Soleil, il insiste à plusieurs reprises sur le fait qu'il ne veut pas se lancer dans «une chicane» avec Jacques Parizeau. Son but, dit-il, est de proposer une nouvelle approche pour sortir le Québec du carcan dans lequel il se trouve depuis le rapatriement de la Constitution.
«Pour s'en sortir»
Dans un long chapitre sur le sujet, Claude Morin écrit qu'il faut d'abord revenir à l'objectif premier des souverainistes, soit «la sauvegarde et l'épanouissement de l'identité québécoise», au lieu de faire de la souveraineté à la fois un objectif et un moyen. Cette distinction évitera, selon lui, de paralyser le PQ lorsque la souveraineté est hors de portée, comme c'est le cas actuellement.
Mais comment briser l'impasse actuelle? Le PQ pourrait s'engager, une fois au pouvoir, à faire adopter une résolution par l'Assemblée nationale demandant la reconnaissance explicite de la nation québécoise dans la Constitution canadienne. Morin signale que l'Assemblée nationale et le Parlement fédéral ont déjà reconnu cette réalité. «Par leurs déclarations et prises de position, les élus ont témoigné de l'existence d'une réalité : la nation québécoise», fait-il valoir. À défaut de la souveraineté, il estime donc que l'enchâssement de cette réalité dans les textes constitutionnels viendrait réparer le «coup de force constitutionnel de 1982».
Anticipant un refus du gouvernement fédéral, Claude Morin propose alors la tenue d'un référendum... non pas sur la souveraineté, mais sur la résolution de l'Assemblée nationale. Il est convaincu qu'un tel référendum serait gagnant, parce que la résolution irait dans le sens des aspirations de tous les Québécois, depuis Maurice Duplessis.
Cour suprême
Dans le cas d'un blocage au niveau du gouvernement fédéral, Morin se tournerait vers la Cour suprême. Il soutient qu'en vertu de la réponse de cette institution au renvoi relatif à la sécession du Québec, la Cour suprême rappellerait au fédéral son obligation de négocier à la suite d'un référendum gagnant.
Selon lui, une modification de la Constitution deviendrait possible dans une telle situation, parce qu'elle n'aurait aucune conséquence pour les autres provinces, et n'impliquerait donc que le gouvernement fédéral et le Québec.
L'ancien ministre de René Lévesque ne se fait pas trop d'illusions sur l'accueil de sa proposition chez les élus péquistes. Mais il «met n'importe qui au défi de trouver autre chose de mieux que ça».
«À l'âge où je suis, je ne verrai pas la suite», conclut-il, faisant valoir qu'il n'a aucun intérêt personnel et ne recherche pas la notoriété en publiant ce livre.


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