Projet de loi 60

Rapprochement ou division ?

Tribune libre

« Je suis convaincue qu’avant longtemps, on citera cette charte comme exemple de ce qui aura contribué à rapprocher les Québécoises et Québécois […] de toutes les origines, comme l’a déjà fait, avant elle, la Charte de la langue française ». Pauline Marois

« Ces valeurs, comme notre langue, sont notre ciment […]. Nous avons la conviction qu’une fois adoptée, cette charte sera source d’harmonie et de cohésion pour le Québec ». Bernard Drainville
« Une attaque frontale contre les droits et libertés […], un geste qui nous divise, un geste qui fracture notre société…un projet de loi impraticable, illégal et inconstitutionnel ». Philippe Couillard
Deux positions diamétralement opposées et foncièrement irréconciliables qui nous placent devant une question fondamentale, à savoir si le projet de loi 60 contribuera à rapprocher ou à diviser les Québécois.
Un des arguments souvent invoqués par les partisans anti-charte est l’ouverture légendaire des Québécois aux différences, et la capacité d’accueil qu’ils ont toujours manifestée envers les us et coutumes des étrangers, une attitude qui, selon leur diktat, se voit brimée par le projet de loi 60.
Un second argument émane de la primauté des droits individuels invoqués dans la charte des droits et libertés de la personne sur les droits d’une société d’affirmer dans une charte les valeurs qu’elle désire défendre et promouvoir.
En ce qui a trait au second argument, j’invoquerai d’emblée que les droits individuels, comme dans tout groupe social constitué, sont légitimes dans la mesure où ils ne briment pas ceux de la majorité du groupe auxquels ils référent. Ainsi en est-il de la liberté individuelle qui s’arrête lorsqu’elle porte atteinte à celle de la collectivité.
Pour ce qui est du premier argument, nul doute qu’on ne peut remettre en question « l’ouverture légendaire » des Québécois, ce qui en soi, est plutôt une caractéristique positive. Toutefois, cette « ouverture », si positive qu’elle soit en théorie, s’est transformée, avec les siècles, en une forme de bonhomie laxiste qui a contribué à diluer considérablement les racines de l’identité québécoise dans un bouillon de cultures hétéroclites qui est en train de marginaliser les Québécois sur leur propre territoire.
Conséquemment, le projet de loi 60 m’apparaît comme un catalyseur nécessaire à la prise en charge des Québécois de leur identité propre et, en ce sens, j’ai la conviction qu’il deviendra, avec le temps, « source d’harmonie et de cohésion pour le Québec ».
Henri Marineau
Québec

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Henri Marineau2033 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • François Ricard Répondre

    8 novembre 2013

    C’est par sa culture qu’un peuple a une identité. Et c’est par les moyens qu’il se donne pour protéger cette identité qu’un peuple devient nation. Alors la charte a sa raison d'être et sera un facteur d'unité.