Quand est-ce que commence l’indépendance des peuples issue de la décolonisation ? Et qu’est-ce qui justifient vraiment les appels à la nier ? Qu’est-ce qui fait que l’on traite une intervention d’une manière et une autre différemment ? Qui est l’arbitre quand l’OTAN s’en mêle ? Si le pouvoir reste au bout du fusil, quelle démonstration les gestes militaires des grandes puissances exposent-ils à la face du monde ? Qu’elles tentent de restaurer un pouvoir perdu ? Une autre façon de traiter les anciennes colonies en pays subalternes ? Donc un maintien de l’ordre injuste du monde ?
La Chartes des Nations Unies est on ne peut plus claire. Elle autorise les peuples à la maîtrise de leur destin. Une intervention de l’OTAN en Syrie reproduirait une attitude coloniale qui date d’une époque révolue. Qui sommes-nous donc pour nous y accrocher désespérément comme s’il y allait de notre propre survie ? C’est la pérennité de leur société telle qu’ils la veulent qui est en jeu. Vous vous souvenez du « lourd fardeau de l’homme blanc » dont parlait Kipling parce qu’il se croyait un devoir de civiliser l’Inde. Cette sentence tient d’un folklore passéiste. On nous l’a recraché au visage bien des fois depuis que ces peuples ont fait connaître leur volonté de se diriger eux-mêmes.
Il est déplorable de voir tant de cruauté se manifester dans un conflit interne, mais il n’y pas de doute que l’ingérence militaire de l’OTAN, que semble appeler la désinformation sur la Syrie par nos médias-mensonges, empirerait les choses et nous rapprocherait d’une guerre encore plus globale.
Cependant, elle n’est pas décidée d’avance. Ceux qui la croient inévitable ne savent pas peser le rôle diplomatique que le Tiers-Monde joue de plus en plus dans la reconfiguration d’un monde qui pourra un jour se présenter sous son aspect multipolaire. Et les guerres de l’Occident passeront à l’histoire comme les instruments d’une réaction politique qui aura tiré le monde vers l’arrière dans de vaines tentatives pour la consolidation stérile d’un impérialisme sur le déclin. Ce qui est du domaine du possible, c’est que les anciennes colonies affirment de plus en plus leur volonté de faire par eux-mêmes ce que l’impérialisme et les transnationales occidentales leur ont empêché d’accomplir trop longtemps comme peuples souverains.
Si la volonté des grandes puissances tient à une forme de réaction à la mondialisation, alors c’est une autre raison pour la dénoncer et en montrer le caractère d’entreprise politique de domination qui se prolonge par des moyens militaires. Il n’y aurait que des inconvénients dans une Syrie occupée.
La géopolitique du monde montrerait le visage militarisé d’une petite planète qui aurait bien besoin de paix pour entreprendre le plus vite possible des initiatives en faveur d’un développement plus harmonieux entre les peuples.
Ce qui annonce cet état d’un monde « immuable », à cause des 800 bases militaires étasuniennes réparties sur la terre, pourrait bien se transformer en un lourd tribut à payer pour du vent (des F-35, par exemple) ou à justifier politiquement auprès de leurs propres peuples par les dirigeants des puissances impérialistes.