Si les élections donnent un portrait du peuple

Quelques observations à bâton rompu

Le peuple est toujours plus que le portrait qui en est donné

Tribune libre


1. LES ABSTENTIONNISTES ARRIVENT EN TÊTE

Si ceux et celles qui se sont abstenus de voter avaient un candidat pour les représenter, ils seraient ceux qui formeraient le prochain gouvernement. Avec 25,39 % de l’électorat, ils sont en avance sur le PQ qui recueille 23,87 %, sur le PL qui recueille 23,12 %, ainsi que sur la coalition AQ qui n’obtient que 20,14 % des votes des 5 904 936 électeurs et électrices du Québec.
On peut toujours se consoler avec la reprise en main des principaux leviers de l’État, mais la crédibilité représentative et la marge de manœuvre pour répondre aux impératifs du bien commun ne seront pas au rendez-vous des nouvelles autorités.
2. OÙ SONT LES VOTES INDÉPENDANTISTES DU RÉFÉRENDUM DE 1995?

En 1995, les électeurs et électrices inscrites pour le référendum étaient de 5 087 009. Les 4 757 509 qui sont allés voter représentaient un taux de participation de 93,5 %. Il y a eu 86 501 votes de rejetés.
Le OUI a recueilli 2 308 360 votes et le NON 2 362 648 votes, pour un total de 54 288 votes en faveur du NON. Une différence qui aurait dû commander un recomptage et une vérification des listes électorales. Il n’en fut rien.
Saviez-vous qu’en 1998, le Conseil national du Parti québécois avait été saisi d'un dossier démontrant que plus de 100 000 électeurs inscrits sur la liste électorale lors du référendum de 1995 n'avaient pas droit de vote?
« Essentiellement, le DGE a déjà radié à ce jour (1998) de la liste électorale permanente 56 000 noms qui y figuraient au moment du référendum de 1995. Il se prépare à en faire autant avec 106 000 autres noms de présumés électeurs qui lui paraissent suspects en ce qu'ils ne figurent pas sur la liste de la RAMQ. »
Il y a lieu de lire l’article au complet.
Si ce référendum nous fut volé, c’est, sans aucun doute, avec la complicité de certains membres influents du Parti Québécois et du gouvernement d’alors. Je pense qu’il n’y a pas eu qu’un seul Claude Morin au sein des indépendantistes du Québec et qu’il y en a et en aura encore.
Quant aux indépendantistes d’aujourd’hui, il faut chercher leurs votes dans ceux du Parti Québécois, d’Option nationale et de Québec solidaire. Contrairement à ce que certains laissent croire, la grande majorité des membres de QS sont d’authentiques indépendantistes. Loin de s’en faire un ennemi, il faut plutôt y trouver ses forces complémentaires.
Toujours est-il que la somme des votes de ces trois partis est d’un peu moins de 2 millions de personnes, ce chiffre est évidemment approximatif). Par rapport au vote indépendantiste du référendum, il y a un déficit d’à peu près 500 000 électeurs, en dépit du fait que le nombre d’électeurs ait augmenté de 817 927 personnes depuis 1995. Où sont donc passés ces indépendantistes et les nouveaux venus? Il y a évidemment ceux qui sont passés à un autre monde, mais aussi ceux qui sont toujours là. Les choix ne sont pas nombreux. Il faut les chercher chez les 25,9% d'abstentionnistes et les 27%% d'Avenir Québec.
3. DES ACTIONS QUI RAPPROCHENT ET DONNENT LE TON
L’indépendance ne se fera pas sans une participation de tous les indépendantistes du Québec et de leurs alliés. Le peuple se doit d’être majoritairement présent et fermement décidé à aller de l’avant avec le projet d’un pays. Cela doit se construire avec l’esprit que l’on souhaiterait que ce nouveau pays ait : un esprit d’ouverture, de solidarité dans les priorités du Bien commun, de tolérance dans certaines divergences qui ne touchent pas l’essentiel du projet d’un pays.
Le Gouvernement de Mme Marois devra utiliser ses premiers mois pour établir des ponts avec Québec solidaire et Option nationale. Elle devra également se faire proactive dans certains dossiers, comme celui de la corruption, avec Avenir Québec. Des gestes significatifs pour le peuple et qui sont de nature à rapprocher les principaux intéressés.
Quant au reste, je pense que les suggestions de M. Richard Le Hir sont plus que pertinentes.
4. LES FÉDÉRALISTES NE NOUS FERONT AUCUN CADEAU
Ils prendront tous les moyens pour faire échouer toute tentative démocratique des Québécois et Québécoises de se donner un pays bien à eux et à leur image. Si tous les dessous de ce qui s’est véritablement passé en 1995 nous étaient révélés, nous comprendrions qu’il ne faut compter que sur nous-mêmes. Les fauteurs de troubles se retrouveront dans tous les milieux.
Ce qui vient de se passer au Métropolis nous révèle une face cachée de la haine que nous portent certains groupes. J’espère que les Québécois et Québécoises de la communauté anglophone et des autres communautés ethniques vont s’unir à tout le peuple québécois pour dénoncer pareille haine et surtout pour condamner pareils crimes.
Oscar Fortin
http://humanisme.blogspot.com
Québec, le 6 septembre 2012

Featured c993614705e847e0187b4837f6836df0

Oscar Fortin292 articles

  • 214 735

citoyen du Québec et du monde

Formation en Science Politique et en théologie. Expérience de travail en relations et coopération internationales ainsi que dans les milieux populaires. Actuellement retraité et sans cesse interpellé par tout ce qui peut rendre nos sociétés plus humaines.





Laissez un commentaire



5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    9 septembre 2012

    Lorsqu’un projet de société des forces souverainistes sera syntonisé sur nos acquis, la prospérité, la protection de tous, nos richesses naturelles, notre langue et notre culture, nous l’aurons notre pays avec sans doute des pertes « collatérales » inévitables.
    Marius MORIN

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    8 septembre 2012

    La majorité silencieuse contre les anachronismes politiques
    Le magnicide raté contre Madame Marois ne fait que révéler les contraintes collatérales de la division sociale et politique du peuple canadien-français qui, en otage permanent de politiciens opportunistes, carriéristes et démagogues, est incapable de décider de sa LIBÉRATION NATIONALE.
    En effet, la majorité silencieuse du peuple canadien-français ne veut pas un pays indépendant sous un régime politique socialo-marxiste ni être prisonnière de la tutelle fédéraliste, puisque son parcours historique a été forgé par le libéralisme politique, le libre marché et par son pragmatisme nationaliste.
    Ce sondage publié aujourd’hui montre cette réalité irréfutable : Élections: les Québécois globalement «insatisfaits»
    http://www.lapresse.ca/actualites/elections-quebec-2012/201209/08/01-4572316-elections-les-quebecois-globalement-insatisfaits.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B9_elections-quebec-2012_1965459_accueil_POS1
    JLPM

  • Archives de Vigile Répondre

    8 septembre 2012

    Les abstentionnistes sont ceux qui comprennent que leurs concitoyens votent seulement en fonction de leur situation personnelle en pensant d'abord à la défense de leur prospérité personnelle, leurs acquis et leur statut social et jamais en fonction d'un projet de société.
    En ce sens, les élections ne peuvent aboutir au bien commun en aucune façon.
    Alors que la participation a grimpé lors de cette élection, j'ai peur qu'elle chute encore plus drastiquement à l'avenir quand les gens, en particulier les plus mal pris et les plus défavorisés de la société, s'apercevront que le PQ, à peu de choses près, c'est très semblable au PLQ.
    Il nous faudrait un changement plus significatif comme celui d'une chambre citoyenne issue d'un tirage au sort pour veiller sur le bien commun.
    On pourrait aussi tendre vers une démocratie plus participative en incluant tous les citoyens dans toutes les décisions importantes du gouvernement. Un vote à tous les quatre ans est loin de remplir les conditions pour une démocratie saine et pour le bien commun, c'est à dire la prospérité de tous les citoyens sans exception.

  • Pierre Cloutier Répondre

    7 septembre 2012

    Qu'est-ce qui empêche Pauline Marois de nommer Jacques Duchesneau, François Legault et Françoise David au conseil des ministres?
    Pierre Cloutier

  • Oscar Fortin Répondre

    7 septembre 2012

    Juste avant le point 3, il faut modifier le 27% d'Avenir Québec par 20,14 %, ce dernier pourcentage correspondant au nombre d'électeurs et d'électrices sur l'ensemble des électeurs et électrices inscrites sur les listes électorales. Je m'excuse pour cette erreur de lecture.
    Je veux également préciser, pour ceux qui l'ignore, que la relation établie avec Claude Morin se réfère à sa collaboration avec la GRC. Il y a beaucoup de liens sur le sujet. Je vous suggère le plus succinct.
    http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/evenements/23362.html
    merci