Proche-Orient : Donald Trump présente un plan de paix favorable à Israël

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La vallée du Jourdain annexée : ce n'est que la première étape vers l'annexion totale de la Cisjordanie par Israël

Le président américain a présenté, mardi 28 janvier, son plan pour résoudre le conflit israélo-palestinien, qui accorde à Israël nombre de concessions. Ce plan de 80 pages, « le plus détaillé » jamais mis au point selon lui, permettrait de « faire un grand pas vers la paix », a assuré M. Trump, qui s’exprimait depuis la Maison Blanche, en présence du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Ce dernier, qui a pris la parole après M. Trump, a salué une « journée historique ». Le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a en revanche immédiatement rejeté ce plan de paix.


Les Etats-Unis vont reconnaître les colonies dans les territoires palestiniens occupés comme faisant partie d’Israël, s’est félicité le premier ministre israélien dans sa prise de parole. Le projet de M. Trump octroierait à Israël la souveraineté sur la vallée du Jourdain, a ajouté M. Nétanyahou.


Israël, qui est prêt à négocier « pendant quatre ans » une solution à deux Etats avec les Palestiniens, pourra annexer sans délai à son territoire ses colonies en Cisjordanie, a confirmé, plus tard, l’ambassadeur des Etats-Unis à Jérusalem.


« Israël ne doit pas attendre du tout », a répondu David Friedman à un journaliste lui demandant si l’annexion serait aussi soumise au délai de quatre ans, juste après la présentation du plan de paix de Donald Trump pour le conflit israélo-palestinien.


Dans ce plan, M. Trump a évoqué une solution « réaliste à deux Etats ». « Ma vision présente une occasion gagnant-gagnant pour les deux parties, une solution réaliste à deux Etats qui résout le risque que représente un Etat palestinien pour la sécurité d’Israël », a-t-il dit.


Le « futur Etat palestinien » ne verrait le jour que sous plusieurs « conditions », dont « le rejet clair du terrorisme ». Le président américain a aussi suggéré « une capitale palestinienne à Jérusalem-Est » – partie de la ville occupée depuis 1967 par Israël puis annexée, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l’Etat auquel ils aspirent. M. Trump a cependant souligné que Jérusalem restera « la capitale indivisible d’Israël ».


Dans la foulée, le président américain a publié sur son compte Twitter une carte des deux Etats tels qu’imaginé dans son plan :


This is what a future State of Palestine can look like, with a capital in parts of East Jerusalem. https://t.co/39vw3pPrAL


Benyamin Nétanyahou s’est également dit prêt à négocier avec les Palestiniens pour leur accorder « un chemin vers un futur Etat », mais a posé comme condition qu’ils reconnaissent Israël comme un « Etat juif ».


Le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a immédiatement rejeté ce plan de paix. « Nous n’accepterons pas de substitut à Jérusalem comme la capitale de l’Etat de Palestine », a déclaré à l’Agence France-Presse Khalil al-Hayya, un haut responsable du mouvement.


Donald Trump a annoncé avoir envoyé ce mardi « une lettre » au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, estimant que son plan était « une chance historique » pour les Palestiniens d’obtenir un Etat indépendant.


« Je lui ai expliqué que le territoire prévu pour son nouvel Etat resterait ouvert et sans développement » de colonies israéliennes « pendant une période de quatre ans », a précisé le président des Etats-Unis.


Le volet palestinien est assorti de nombreuses conditions visant notamment le Hamas. Donald Trump annonce l’envoi d… https://t.co/M2qslw811b


Avant même d’être présenté, le plan de M. Trump s’est heurté au rejet des Palestiniens. Selon de hauts responsables palestiniens, M. Abbas a refusé au cours des derniers mois les offres de dialogue du président américain et juge son plan « déjà mort ».


Et le premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a appelé par avance la communauté internationale à boycotter le projet, contraire, selon lui, au droit international. « Ce n’est pas un plan de paix pour le Moyen-Orient », a-t-il affirmé, jugeant que l’initiative visait avant tout à protéger « Trump de la destitution » et « Nétanyahou de la prison ».


Le projet américain a aussi été rejeté par le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, enclave palestinienne de deux millions d’habitants séparée géographiquement de la Cisjordanie, où se limite l’autorité de Mahmoud Abbas.


Malgré son hostilité au Fatah du président palestinien, le mouvement islamiste a confirmé sa participation à une rencontre « d’urgence » mardi à Ramallah, où Mahmoud Abbas doit diriger en soirée une réunion des factions palestiniennes. Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a mis en garde contre une « nouvelle phase » de la lutte palestinienne contre l’occupation israélienne.


M. Nétanyahou doit, lui, se rendre à Moscou mercredi pour informer le président russe, Vladimir Poutine, des détails du plan de paix américain pour le Moyen-Orient.


Le président américain avait confié au printemps 2017 à son gendre et conseiller Jared Kushner, novice en politique, l’épineuse tâche de concocter une proposition susceptible d’aboutir à « l’accord ultime » entre Israéliens et Palestiniens.


Les Etats-Unis ont présenté en juin le volet économique de leur plan, qui prévoit environ 50 milliards de dollars d’investissements internationaux dans les territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans. Mais les détails concrets de ce projet restent l’objet de spéculations.