Présidentielle française: Macron haut la main

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Le choix des Français






Emmanuel Macron aura finalement remporté son pari fou. Après une campagne totalement atypique, il a facilement gagné ce second tour de l’élection présidentielle française avec 66 % des voix contre 34 % pour la candidate du Front national, Marine Le Pen. À 39 ans, il devient le plus jeune président de la Ve République et même de l’histoire récente de la France.


 

Emmanuel Macron l’emporte cependant avec un taux d’abstention historique de 26 % et plus de quatre millions de votes blancs. Un record ! Au terme d’une campagne rocambolesque, cette élection que d’aucuns annonçaient comme un nouveau Brexit ou une réédition de celle de Donald Trump, annonce de toute évidence une refondation de la vie politique française.


   

« Rien n’était écrit », a dit d’entrée de jeu celui qui était pratiquement inconnu il y a cinq ans et dont le mouvement, En marche !, a été créé il y a un an à peine. Loin du triomphaliste qui lui avait été reproché après le premier tour, Emmanuel Macron a voulu mettre cette victoire sous le signe de l’humilité. « Durant les cinq années qui s’ouvrent, ma responsabilité sera d’apaiser les peurs, a-t-il déclaré. Ma responsabilité sera de rassembler toutes les femmes et tous les hommes prêts à affronter les défis gigantesques qui nous attendent. »


 

Alors que cette élection a révélé une fracture profonde à la fois géographique et sociale en France, Emmanuel Macron dit vouloir se battre de toutes ses forces « contre la division qui nous mine et nous abat. C’est ainsi que nous pourrons rendre au peuple français […] les chances que la France lui doit ».


 

Son et lumière au Louvre


 

Dans une scénographie digne de François Mitterrand marchant en 1981 vers le Panthéon, Emmanuel Macron est arrivé à pied au Carrousel du Louvre sur les notes de l’hymne européen. Devant la célèbre pyramide dessinée par Ieoh Ming Pei, il a livré un message plus personnel et fait monter sa famille sur scène comme on le fait aux États-Unis, mais traditionnellement pas en France.


 

« Oui, ce soir, la France l’a emporté, a-t-il déclaré. Ce que nous avons fait depuis tant de mois n’a ni précédent ni équivalent. » Le nouveau président a dit avoir conscience de ne pas jouir d’un « blanc-seing » de la part de ceux qui ont d’abord voté contre Marine Le Pen. Il a ensuite dit respecter ceux qui avaient voté pour la présidente du FN. « Je ferai tout durant les années qui viennent pour qu’ils n’aient plus aucune raison de voter pour les extrêmes », a-t-il conclu.


 


Photo: Patrick Kovarik Agence France-Presse
Les partisans d’Emmanuel Macron ont fêté sa victoire au coeur de Paris, dimanche. Dans la capitale, près de 90 % des électeurs ont appuyé le candidat centriste.

 

Dès 20 heures, le président François Hollande a applaudi et tweeté sa joie de voir son ancien ministre l’emporter. Un peu plus tôt, alors que les partisans d’Emmanuel Macron s’amoncelaient au Carrousel du Louvre au son du groupe Magic System, ceux de Marine Le Pen s’étaient regroupés dans un restaurant du parc de Vincennes.


 

« Par ce résultat historique et massif, les Français ont fait de l’alliance des patriotes la première force d’opposition, a-t-elle déclaré. […] Les formations politiques qui ont pris la responsabilité d’élire M. Macron se sont discréditées elles-mêmes. Ce second tour organise une recomposition politique entre patriotes et mondialistes. C’est ce grand choix qui sera soumis aux Français lors des législatives. Je serai à la tête du combat. »


 

Un nouveau FN


 

La présidente du FN, qui a plus que doublé le score de son père en 2002, annonce la formation d’un nouveau parti politique. Un projet qu’elle caressait depuis longtemps et qui lui permettrait de rompre définitivement avec le passé d’extrême droite du FN. « Je proposerai donc d’engager une transformation profonde de notre mouvement afin de constituer une nouvelle force politique que de nombreux Français appellent de leurs voeux », a-t-elle déclaré. Cet entre-deux tours aura d’ailleurs été l’occasion pour le FN d’une alliance nouvelle avec le petit parti souverainiste de Nicolas Dupont-Aignan, Debout la France !

 


Extrait de l'allocution de Marine Le Pen



 

Sur les ondes de France 2, ce dernier a affirmé que si « le nouveau président est très jeune, […] la politique qu’il va mener est très vieille ». Selon lui, si Marine Le Pen est battue, « elle n’est pas abattue » et devrait s’imposer comme le nouveau chef de l’opposition.


 

Fait inusité, le président de la France insoumise, le candidat d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon, qui n’avait pas appelé à voter pour Emmanuel Macron, a souhaité s’exprimer. « Ce soir s’achève la présidence la plus lamentable de la Ve République », a-t-il déclaré, avant de fustiger le programme du « nouveau monarque présidentiel » qui annonce, dit-il, une « guerre contre les acquis sociaux du pays ». Il a appelé les 7 millions d’électeurs qui ont voté pour La France insoumise au premier tour à ne rien lâcher.


 

Signe d’une insatisfaction profonde et d’un vote par défaut pour une grande partie de l’électorat, l’abstention (26 %) et le vote blanc (9 %) ont atteint des sommets historiques. La participation, normalement plus élevée au second tour qu’au premier, a au contraire baissé de 5 %. Elle n’avait jamais été aussi basse depuis 1969.


 

Des législatives serrées


 

« Ce second tour a été essentiellement un référendum pour ou contre Marine Le Pen, a dit le député de droite Henri Guaino. […] La situation pour lui va être extrêmement compliquée. » Fort de cette victoire, Emmanuel Macron devra en effet obtenir une majorité parlementaire aux élections législatives qui se dérouleront les 11 et 18 juin. Sans véritable organisation de base, il devra affronter les partis traditionnels implantés depuis longtemps. À commencer par Les Républicains, dirigés par François Barouin, qui ne cachent pas leur intention de vendre chèrement leur peau. Un sondage publié ce lundi par Le Figaro laisse penser à un match serré. Il accorde 24 % aux partis soutenant le nouveau président, 22 % aux Républicains et 21 % au FN.


 

Les conjectures vont bon train à Paris sur le nom du premier ministre que nommera bientôt Emmanuel Macron. Celui de l’ancien président du Modem, le centriste François Bayrou, revient le plus souvent. « Tout le monde voyait la France cafardeuse, a-t-il déclaré sur France 2. En choisissant le plus jeune président de la République, la France envoie un message d’espoir. » Le nom du maire de Lyon, Gérard Collomb, un de ses tout premiers soutiens, est aussi souvent cité.


 

La passation des pouvoirs entre François Hollande et Emmanuel Macron se fera dans une semaine, le 14 mai. Dès ce lundi matin, les deux hommes se retrouveront pour les cérémonies du 8 mai marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce sera leur première rencontre depuis que le jeune ministre a claqué la porte du gouvernement.


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